Chapitre 1 : Kiana Kaslana

J'ai toujours été studieuse et férue de lecture, mais là, si j'ouvre encore ne serait-ce qu'un bouquin, je crois que je vais faire une terrible indigestion. Cela fait plusieurs jours que je crèche à Nagazora, dans un hôtel sympa. Quelle tuile de devoir passer mon examen en dehors d'Arcadia. Depuis que je me suis installé ici à l'occasion de mon examen pour devenir une valkyrie, je me suis retrouvée éloignée de mes amies. Et bien que j'avais besoin de calme pour pouvoir me plonger dans les révisions, et que j'ai longtemps été une solitaire dans l'âme, la compagnie de mes deux amies, Kiana et Senya, commençait légèrement à me manquer. Mes journées étaient monotones à en crever, mais c'est un sacrifice que j'ai accepté. Et ma dernière nuit a été une véritable torture. Une migraine de psychopathe m'a empêché de dormir. Du coup, je venais de me réveiller d'une longue grasse mat'. Ce qui me sortit de mes habituels cauchemars, ce fut mon phone qui vibra soudainement. La tête dans le brouillard, je tentais de m'en emparer sur ma table de chevet, mais après trois essais foirés, je le fis tomber par terre.

- Et.... merde....

Voyons le bon côté des choses, cela m'obligea à sortir mes jambes de la couette pour le ramasser. Mes yeux piquaient alors que je regardais l'heure. Et effectivement, j'ai sauté pratiquement toute la matinée aujourd'hui. Heureusement que mes épreuves de sélection ont lieu demain. Sinon, je pense que je peux me tailler les veines, si Seria ne m'aurait déjà pas puni pour mon insubordination. Avant de lire le message que j'ai reçu, je me dirigea vers la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Puis, je vérifia qui m'avait indirectement sorti de mon sommeil absolument pas réparateur. C'était Kiana. A défaut que ma nuit était horrible, ma journée allait peut-être être plus sympathique, puisque mes deux amies étaient actuellement à Nagazora. Cette brave Kiana, dont la bonne humeur se voyait directement depuis son message, était venue me rendre une petite visite pour m'aider à décompresser. Je dois reconnaître que Kiana a toujours été d'une aide précieuse pendant mes études. Je n'ai jamais été la plus fêtarde des jeunes femmes de l'académie. On m'a souvent considéré comme une femme glauque, anti-sociale. Alors qu'en réalité, je suis avant tout anti-stupidité. A l'époque, je souriais difficilement, et mon look transpire la déprime. Je fus souvent taxée de gothique, ou d'émo dépressive. Il est vrai que j'ai tendance à ne porter que du noir en terme de vêtements. Mais c'est ainsi, cela n'a rien à voir avec ma mentalité et ma personnalité. La musique m'a souvent aidé à décompresser, et le métal est le style qui me convient le mieux. Je trouve une certaine poésie dans les paroles de mes groupes préférés. Une harmonie littéraire que je ne retrouve guère dans les autres styles musicaux. Mon rêve était de monter mon propre groupe mais les études m'ont ramenés à la réalité. Quoi qu'il en soit, j'avais très peu d'amies jusqu'à présent. J'ai toujours été différente des idiotes de mon académie. Quel intérêt trouverais-je à discuter avec des filles superficielles qui me parlent de la couleur de leurs sous-vêtements et qui n'arrêtent pas de me demander quand est-ce que je me déciderai à me trouver un mec ? Toutes clichées et superficielles. Au moins, Kiana a son humour bien à elle, et m'a aidé à trouver de nouvelles passions. Et surtout, elle ne m'a jamais jugé sur mon look et sur ma personnalité quelque peu différente. De toute manière, qu'on le veuille ou non, j'ai toujours été à part. Je suis bien plus intelligente que la moyenne, mes conversations sont plus élaborées, et mon esprit était plus ouvert que la plupart de mes camarades. Je pense que je viens vraiment d'un autre monde ou d'une autre singularité parfois. Après tout, je n'ai aucun souvenir de mes origines.

Spoiler:

Je m'empressa de prendre une douche à la vitesse de l'éclair et de prendre un rapide déjeuner. Puis, j'enfila ma tenue afin de sortir. Une fois à l'extérieur, je fus satisfaite de voir que le beau temps était au rendez-vous et que le soleil me transperçait la rétine. Et je pouvais surtout m'estimer heureuse que ma migraine s'était enfin calmée. Parce qu'avec un soleil pareil, mon mal de tête aurait cogné sévère. En tout cas, le ciel était aussi clair que la couleur de ma peau. Un autre détail qui faisait fuir les fermés d'esprit. J'ai toujours été très pâle, au point que j'inquiétais les médecins de l'académie. Et mes yeux faisaient peur également. Mais bon, tant que je ne crame pas en plein jour, j'ai la confirmation que je ne suis pas une foutue vampire. Je vérifia une dernière fois mon téléphone, car Kiana avait activé l'option qui me permettait de la localiser. Je parvenais à situer son emplacement exact, elle m'attendait sur une place où l'on pouvait admirer une imposante et radieuse fontaine. Bien que je redoutais qu'en attendant ma venue, Kiana s'était amusée à balancer ses économies dedans. Après tout, c'est le genre à croire que ca va lui permettre d'obtenir le mécha qu'elle souhaite sur Arahito World. Bref, alors que je suivais la direction que m'indiquait mon téléphone, j'arriva à destination. Kiana m'attendait tranquillement. J'étais très étonnée qu'elle n'était pas en train de jouer sur son mobile. Je lui fis signe tout en décochant un léger sourire. Cela faisait bien un mois que je n'avais plus vue mon amie, alors nous n'avons pas pu nous empêcher d'échanger une courte étreinte amicale pour rattraper le temps perdu.

- Félicitations, ma belle. Tu peux être fière de toi ! Bien que je n'ai aucun doute que Seria a du te secouer pour que tu te motives à étudier. Perso, je ne vois pas trop en quoi est-ce une torture de passer autant de temps avec elle.

Je respectais beaucoup Seria, notre instructrice à l'académie. Elle peut paraître stricte et impitoyable, mais je sais qu'elle agit ainsi pour notre bien, car elle souhaite notre succès. Autre détail qui me séparait du reste des aspirantes de l'académie. En règle général, les instructeurs sont toujours mal vus et peu respectés par les étudiants, mais j'attends de voir si les mauvaises langues de l'académie finiront un jour valkyries de rang S. Seria a du trimer pour obtenir un tel titre, il n'y a pas de secret, il faut souffrir pour réussir. Rien ne s'obtient d'un claquement de doigts dans la vie, et Seria a fait subir cette philosophie à cette pauvre Kiana pendant un mois entier.

- Je ne me fais aucun souci pour mon examen, je te rassure. Quand tu as cherché à me contacter, j'étais encore écroulée sur mon lit, tellement j'ai bossé toute la nuit. L'aspirine que j'ai pris est la preuve que j'ai dégusté autant de bouquins que toi. Si tu as réussis, aucune raison que je me foire, non ? Bref, ta venue est grandement souhaitée. J'avais besoin de respirer, et c'est pas mon genre de mettre le nez dehors seule. Néanmoins, je sais qu'à quelques pas d'ici, il y'a un fast-food sympa. Allons manger un burger. Après cela, il y'a une salle d'arcade que je n'ai jamais testé. J'ai entendu dire qu'ils ont un simulateur moto assez fun. Ouais, j'ai l'air d'une enfant, je sais, à vouloir jouer à un jeu ridicule pour gamins, mais en attendant d'avoir une vraie bécane, ça devrait faire l'affaire.

J'ai toujours rêvé d'avoir ma propre moto. Je ne saurais expliquer pourquoi je désire autant conduire un deux roues, peut-être parce que mon héroïne préférée quand j'étais légèrement plus jeune et naïve était une espionne complètement stylée qui conduisait une bécane noire, tout en flinguant les "méchants". C'était vraiment cool. Mais ce n'est pas parce que je voulais devenir une héroïne à mon tour que j'ai combattu pour devenir une valkyrie. En réalité, mes choix ont toujours été impulsifs, ou instinctifs. Aies-je vraiment une véritable motivation dans la vie, au fond ? A part mieux comprendre pourquoi j'ai l'impression de ne pas appartenir à ce monde... Une impression qui refusait de me quitter et qui me rongeait. Mais maintenant, à l'heure actuelle, ce n'était guère le moment de se questionner inutilement. On se dirigea vers le fast-food que j'avais choisi. Je commanda un burger au bacon avec un grand cola. Menu classique, à quoi s'attendre d'un fast-food après tout ? Seulement, tant que je conservais ma ligne, pourquoi se priver ? Je dirais même que je paraissais assez chétive pour une future combattante qui partira en mission. Du coup, après que nous nous sommes installés, et que je voyais déjà Kiana s'empiffrer avant même que je déballe mon burger, une question me taraudait.

- Dis-moi, Kiana, quelle est la véritable raison qui te pousse à t'engager dans l'ordre des valkyries ? Tu rabâches sans arrêt que tu veux devenir la plus forte de toutes les valkyries. Mais tu dois bien avoir une source de motivation bien moins naïve que ça, non ? Après tout, tu as beau ne pas être très assidue, au point d'obliger Seria à te séquestrer pour que tu te bouges les fesses, ta persévérance m'épate. Peu d'étudiantes se relèvent après avoir échoué à cet examen. Pourtant, tu as retenté ta chance, et tu sembles persuadée que tu dépasseras Seria dans un futur proche. Il y'a bien une véritable raison qui te tient à coeur pour que tu sembles croire en toi à ce point, non ?

Je venais enfin d'entamer ma première bouchée. Pourtant, malgré le goût plutôt exquis de ce burger au bacon, je l'observais, la tête dans les nuages.

- Peut-être que c'est la véritable raison de ton succès à cet examen. Le simple fait que tu te sens capable de rejoindre l'élite un jour ou l'autre. Pour ma part, je me fiche d'être populaire ou d'être une héroïne. Je ne sais même pas vraiment quelle est ma motivation dans la vie. Rendre justice ? Représenter l'espoir pour les citoyens ? Très peu pour moi. J'ai simplement le pressentiment que devenir une valkyrie me rapprochera de la vérité sur mes origines. Je t'en ai déjà parlé, mais il m'arrive de me demander si je suis vraiment d'ici. L'univers est si vaste après tout. L'avantage de nos études, c'est qu'elles nous ont permis de nous documenter sur l'histoire des différentes singularités astrales. Alors peut-être que mon objectif est de me rapprocher d'une certaine vérité, va savoir. En tout cas, j'espère que mon manque de conviction pour ces valeurs tels que la justice et l'espoir ne me trahira pas lors de l'examen. Bon nombres d'aspirantes ont échoués malgré leurs assiduités ou qu'elles étaient premières de la classe avant le jour fatidique où la réalité les a rattrapé.

Au fond, il y'a une part de moi qui doutait légèrement de mon succès. Il était vrai que je me mettais beaucoup la pression. Je voulais vraiment devenir une valkyrie, mais non pour frimer ou pour devenir une héroïne, ou pour protéger les faibles et les nécessiteux. J'étais en quête de vérité, tout simplement. Je ne me souviens vraiment pas de mon enfance. La seule trace que ce passé inexistant m'a laissé, c'est un nom, Misteln. Mais j'ignorais tout du reste. Et naïvement, je songeais que devenir une valkyrie allait m'aider à remettre en place les pièces du puzzle qui constituent mon passé...

Je n'ai pas pu m'empêcher de questionner Kiana sur ses motivations. Puisqu'au fond, je cherchais moi-même une véritable source de motivation pour mon avenir. J'avais beau trouver ses raisons d'évoluer assez naïves, au moins, il y'avait du sens. Suite à son enfance où Kiana a subi moqueries et réprimandes incessantes de la part de sa mère, elle voulait se prouver à elle et aux autres qu'elle n'était pas n'importe qui. Il est vrai que les valkyries les plus populaires sont tellement respectées qu'elle symbolisent la perfection. Et forcément, on évite de s'attaquer à ce qui est considéré comme l'idéal dans ce monde. Au fond, Kiana semblait vouloir s'auto-considérer avant tout. Personnellement, je n'avais guère besoin de devenir populaire pour me prouver ce que je valais. J'en avais pleinement conscience. Même si il m'arrive de douter parfois, car après tout, ce n'est pas toujours facile de croire en soi quand on ignore réellement sa propre nature.

- Je vois. Je suis navrée d'avoir légèrement jugé tes motivations. Tu souhaites donc te prouver que tu n'es pas ce que ta mère considérait. Depuis le début, je croyais aussi que tu voulais juste frimer devant les idiotes de l'académie, alors je te répétais sans cesse de ne pas prêter attention à leurs brimades. Mais cela ne semble pas s'arrêter à quelque chose d'aussi futile. Il y'a bien plus de sens et de profondeur à tes croyances...

Néanmoins, Kiana semblait aussi vouloir attirer l'estime de Seria. Il est vrai que mon amie ici présente était très proche de notre prof. Là où mon estime s'arrêtait simplement au respect que peut éprouver une étudiante envers sa tutrice, dans le cas de Kiana, je ressentais dans sa voix de l'admiration pour une sorte de seconde mère. Car c'est probablement ainsi que Kiana voit Seria, comme une mère adoptive. En même temps, c'est elle qui a éduqué Kiana dans un sens jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se démerder toute seule. Donc forcément, c'était tout naturel qu'elle fasse des efforts pour remercier la personne qui croyait le plus en elle.

- J'admets que Seria est une femme formidable avec toi. Même si elle paraissait stricte, je pense qu'elle le faisait pour ton bien. Et je ne doute pas que tu lui apportais tout autant qu'elle-même. Elle paraissait si maternelle avec toi pendant tes études. J'en serais presque jalouse de votre lien qui vous unit. D'ailleurs, en parlant de "mère", tu ne trouves pas cela curieux que Seria est toujours célibataire ? Une telle femme devrait avoir tous les hommes à ses pieds, non ? J'imagine qu'elle est également très sélective avec ses prétendants, en vue de sa personnalité droite et stricte.

Pour finir, Kiana cherchait, sans surprise, à me réconforter concernant mes doutes. Elle m'encourageait au moins à suivre mes convictions et objectifs. Là où de nombreuses personnes jugeraient ma raison de devenir valkyrie car elle n'est pas assez héroïque et tout le blabla qui s'ensuit, mon amie semblait respecter mon choix de devenir valkyrie car j'étais persuadée que partir en mission pourrait me mener vers la vérité que je cherche. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire, de ne pas me prendre la tête avec cette ambition. Car j'étais obsédée par ma quête de vérité. Ou plutôt, torturée par cette même quête. En effet, j'en arrivais à faire des cauchemars par moments. Des cauchemars incessants qui, je le suis persuadée, sont reliés à ma vraie nature. Très souvent, je rêve d'une nuit tantôt glaciale, tantôt étouffante. Parfois, je vagabondais sur un terrain enneigé, et une autre fois, tout près d'un volcan en éruption. Et à chaque fois, il y'avait cette foutue éclipse au dessus de ma tête qui me brûlait la rétine. Dès que cette éclipse était totale, un véritable raz de marée de dragons survolait le ciel. Et il y'en avait toujours un qui se ruait vers moi et tentait de me dévorer. J'ai tenté de faire des recherches sur une éventuelle singularité abritant des dragons, et qui serait enveloppé par quelque chose s'apparentant à une éclipse. Mais mes recherches ne donnent rien de concrets. Je me demande si l'on n'aurait pas effacé l'existence de certaines singularités de l'histoire. Bref, par respect pour Kiana qui cherchait à me rebooster, je me contentait de laisser échapper mon plus beau sourire, c'est-à-dire un sourire timide, voire effrayant.

- Je me souviendrai de tes précieux conseils demain lors de l'épreuve...

Histoire de briser cette ambiance morose que j'étais en train d'installer involontairement, nous nous sommes dirigés vers la salle d'arcade que j'avais cité avant le fast-food. La technologie employée était juste terrible. C'était tellement réaliste qu'on pouvait se croire sur un véritable circuit. Mais même si ce type de jeux vidéos était idéal pour passer le temps entre deux sessions de révisions, cela n'effacera en rien mon rêve d'avoir une véritable bécane. Le virtuel, c'est bien beau, mais le réel, c'est encore mieux pour ce genre de sensations. Ce que je pouvais admettre, néanmoins, c'est que ce type de bornes d'arcade constituent un bon entraînement par le réalisme qu'elles dégagent. Si je deviens une valkyrie, je serai probablement amenée à conduire des véhicules deux roues ou utiliser des armes à feu. Du coup, c'était une bonne chose que Kiana et moi, nous gérions ce type de simulations. Sinon, je pense qu'on devrait raccrocher les gants concernant notre ambitions d'être de véritables valkyries. Néanmoins, malgré notre talent et nos réflexes, nous étions inférieures à une certaine Silver Wolf. Bon, pas grave. Ce n'est qu'un jeu. Néanmoins, Kiana semblait tellement déçue qu'elle se rua vers un autre jeu vidéo. Un jeu de versus, cette fois. Ce type de jeu ne m'apporterait rien pour mon futur poste. Ce n'est pas en remuant un stick et en appuyant sur quatre à six boutons que j'allais devenir une valkyrie efficace. Pourtant, j'aimais bien ce type de jeu. Je parvenais à enchaîner les combos à base de quarts de cercle, demi cercles et compagnie, malgré l'intelligence artificielle qui lisait mes mouvements comme le gros tricheur qu'il était. Et malgré que je suis parvenue comme Kiana à maîtriser le mode arcade sans perdre un seul combat, nous n'étions toujours pas les plus douées, car Silver Wolf cassa notre fierté personnelle une nouvelle fois. Ok, là, c'est plus marrant. J'avais envie de m'arrêter là avant que Kiana commence à être prise par une envie folle de passer la nuit ici. Mais c'était trop tard, mon amie avait comme ambition de détrôner ce Silver Wolf. Surtout depuis que le proprio de la salle motiva mon amie avec un prix de pacotille qui ne m'intéressait peu. Je claqua la paume de ma main sur le visage, car ce type venait d'éveiller la bête qui sommeille chez Kiana, et je savais que j'allais pas pouvoir la raisonner. Alors nous avons donc passé, malgré moi, trois foutues heures à enchaîner les bornes, jusqu'à ce que nos cartes finissent bloquées, tellement nous l'avions sexuellement abusés dans cette salle d'arcade. C'était le signe qui fallait hisser le drapeau blanc face à Silver Wolf, et pour ma part, je savais reconnaître ma défaite, j'étais bonne sportive comparé à une certaine personne de mon entourage.

- Ecoute, tu peux pas être la numéro un dans tout. Admettons notre défaite. Je suis essoufflée, mes économies aussi... Deviens la numéro un des valkyries, ce sera déjà pas mal.

Dans un sens, je suis en partie responsable si nous passions une grosse partie de la journée dans la salle d'arcade. Connaissant Kiana, j'aurais du me retenir de proposer une telle activité. Du coup, nous approchions de la soirée et nous n'avions toujours pas vu Senya. Nous avions encore comme option de retrouver cette dernière dans l'exposition d'Endfield. C'était dingue cette fixation sur les jeux vidéos chez Kiana. Endfield Industries ne s'arrêtait pas uniquement à ce type de loisirs, ou des trucs aussi fantaisistes que les mechas. Même si des fois, les inventions de cette société faisaient peur. Ce sera quoi la prochaine invention ? Une tasse porte-téléphone ? Un grille-pain à selfie ? Ou encore, un rotateur de cônes de glace ? Perso, j'attends surtout le jour où ils inventeront des lunettes qui détectent les gens stupides. Mais bon, vu que que nous avions passé un peu trop de temps à tenter de vaincre un pseudonyme, nous sommes arrivées trop tard. Senya avait déjà fini sa représentation. De plus, cette dernière était avec Seria. Je haussais des épaules à la question de Kiana. Je n'avais aucune idée ce dont avait besoin Seria de la part de notre amie. Ce n'était pas le genre à demander de l'aide après tout. Du coup, nous profitions du temps restant pour visiter l'exposition où je me suis retrouvée malgré moi. Ce n'était pas comme si Kiana m'avait littéralement tiré par le bras pour venir ici. Décidément, la technologie, ce n'était pas trop mon truc. J'aimais vivre une vie simple, avec des objets simples et ennuyeux comme moi. Pourquoi acheter un micro-onde qui pouvait aussi servir de bombe atomique ou de téléviseur quand on pouvait posséder un frigo qui... je sais pas... possède la fonction la plus basique au monde et qu'on appelle conserver aux frais des aliments ? C'est bien aussi, ça. C'est simple, et surtout, c'est efficace et pas cher comme mon assurance. Du coup, avec de tels accessoires que l'on trouvait dans cette exposition, mes économies vont pouvoir respirer encore un peu. Cela, jusqu'à ce que Kiana me rappelle que Seria aura bientôt son anniversaire. Vu que les révisions m'ont obligés à vivre dans une grotte, j'avais oublié ce détail qui avait son importance. Sauf que je ne savais pas comment satisfaire notre prof, à part avec... des sous-vêtements sexy ?

- Continuons de faire le tour de l'expo. On trouvera peut-être quelque chose qui pourrait lui faire plaisir.

Ainsi, notre visite se poursuivit, en quête maintenant de trouver un cadeau d'anniversaire pour Seria. Mais nous ne trouvions rien de bien spectaculaire. Kiana, néanmoins, se mit à saliver devant une figurine. Je pense qu'il faudrait peut-être que je la réveille avant qu'elle ne claque une fortune pour ce genre de goodies.

- Kiana, sans vouloir t'offenser, notre priorité est de trouver un cadeau sympathique à notre prof. Et je ne suis pas convaincue qu'elle accrocherait à ce genre de bibelot. En revanche, si tu cessais de baver devant ce truc hors de prix, tu remarquerais ce pendentif en forme de lance juste à côté qui, je le pense, conviendrait bien mieux à ses goûts actuels.

J'ai réussi à raisonner Kiana, et donc, par conséquent, elle décida de se tourner vers le bijou en question pour, ainsi donc, l'acheter et l'offrir à Seria. Aucun doute que cela allait lui plaire. Après cela, il se faisait tard et j'étais d'accord sur le fait de mettre un terme à notre journée, car je songeais à me poser une dernière fois avant de me coucher tôt. Demain était un jour fatidique pour ma belle pomme. Mais malgré que Kiana semblait heureuse de cette journée ensemble, je savais qu'au fond d'elle, elle était purement dégoûtée de n'avoir pu s'acheter cette figurine dont je ne comprenais pas trop la valeur. Soudainement, je fus pris d'un léger soupir, puis je me dirigeais vers le stand en question.

- Bonjour, un exemplaire de cette figurine Aegis killer machin chouette... Ouais, celle-là quoi...

Mes économies viennent encore de prendre un coup dans les parties. Purée, j'aime ma vie. Je tendis cette figurine vers Kiana avec un air tellement pas solennel et motivé.

- Voilà, ma belle... Encore félicitations pour ton succès aux examens. Au pire, t'as qu'à considérer ça comme ma contribution au cadeau de Seria. Cette figurine coûte à peu près la moitié du prix du pendentif. Je compte évidemment sur toi pour dire à notre prof qu'on a payé ensemble le bijou, hum ?

Je fixais mon amie péter la joie alors que je venais de lui offrir cette figurine qui venait tellement de la faire saliver. De toute manière, si nous considérons que je devienne une valkyrie prochainement, j'aurais bientôt plus de soucis pécuniers. Bref, sur cette belle note, la journée s'acheva. Kiana m'adressa des paroles d'encouragements, tout en me réconfortant que j'allais trouver mes réponses un jour et qu'elle allait m'aider dans ma quête. Je laissa échapper un léger sourire. Décidément, il n'y avait que Kiana pour libérer mon visage fermé habituellement.

- Oui, c'était sympathique. J'avais vraiment besoin de décompresser, tu sais. Mes migraines incessantes m'empêchent de plus en plus de me détendre ou de me donner à des activités de la vie quotidienne. Il faudrait qu'on refasse cela plus souvent. Le stress accumulé ne doit pas prendre le dessus sur mes futures fonctions. Personne n'a besoin d'une valkyrie épuisée et migraineuse, j'imagine. Sur ce, je ne manquerai pas de t'informer lorsque j'aurai connaissance des résultats.

Je ne doutais pas que j'allais réussir l'examen. Néanmoins, pour mon questionnement interminable, c'était plus facile à dire qu'à faire. Je n'acceptais clairement pas de ne pouvoir mettre d'explications sur mon apparence inhabituelle, mes cauchemars, mes migraines ou même les points positifs comme mes capacités physiques et intellectuelles bien supérieures que la normale. Il me fallait une explication sur le fait que j'étais si à part. Qui suis-je réellement ? Pourquoi aies-je autant l'impression d'être si spéciale ? Seule l'avenir pourra me le dire, je présume...