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 [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification

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Haruka

Haruka


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MessageSujet: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification Icon_minitimeVen 26 Jan - 13:11

A force de vivre dans la montagne, j'avais oublié à quel point l'air frais de la forêt était vivifiant. Les arbres, les fleurs, la nature quoi. Si je pouvais plus souvent être envoyé en mission dans un pays aussi relaxant, je ne dirais pas non. Cela faisait plusieurs heures que nous avions traversé la frontière entre Brodia et Alfheim, et mon esprit était en paix. Notamment parce que les routes campagnardes ou forestières étaient calmes, silencieuses. A part quelques bestioles par ci et par là, moi et Sarena n'avions croisé pratiquement personne. De temps en temps, des passants nous confirmaient que nous étions sur la bonne route. Pour finir, bien que marcher pendant des heures était bon pour la santé, nous conduisions une simple charrette, tiré par deux canassons. D'une part, parce que nous n'avions pas le choix pour transporter Scylla, qui se reposait, allongée, et qui malheureusement ne montrait pas le moindre signe de vie. Et de deux, parce que la route était longue et que je me voyais mal porter un sac avec autant de provisions pour tenir le coup pendant la route. En effet, j'étais un véritable estomac sur patte. Le ballot que j'avais préparé contenait de quoi nourrir dix personnes. Et j'avais presque tout englouti. Malheur, mon ventre grouillait toujours. Quand je suis affamée, il y'a deux choses qui me permettent d'oublier que j'ai la dalle. Faire une bonne sieste, ou dégainer mes katana pour trancher quelque chose que j'ai envie de voir saigner. Hélas, j'ai déjà dormi il y'a une heure pendant une trentaine de minutes, laissant Sarena conduire la charrette. Je n'y pouvais rien, le calme atmosphérique de ce pays était trop reposant. Beaucoup trop reposant.

- Purée, je m'ennuie. J'admets que ce pays est magnifique et tout et tout, et que la route se passe sans encombre. Mans ça manque d'action, de combat. Au moins, à Brodia, on aurait croisé un sacré paquet de brigands. Ici, que dalle...

Depuis le début de la route, ce fut la première fois que je devais casser les oreilles de Sarena. J'étais du genre blagueuse et toujours souriante. Bref, de bonne compagnie. Mais là, je pense que j'avais vraiment besoin de faire quelque chose pour m'occuper l'esprit. J'étais insouciante de nature également. Mais là, je devais reconnaître que si je n'étais pas occupée à bouffer, rire ou trancher, j'étais perdu dans des pensées assez inquiétantes. C'était à propos de Scylla. Certes, je ne doutais pas qu'Ignir voyait juste et que les elfes, ces spécialistes en soin et en sortilèges contre les malédictions en tout genre, trouveront une solution pour que notre leader décide d'arrêter de pioncer. Ils ont, après tout, un putain d'arbre géant alimenté par une source d'énergie purificatrice. Les meilleurs potions sont conçues directement depuis la source miraculeuse de cet arbre. D'ailleurs, qu'est ce que je rêverai de me baigner dans une source alimentée par cet éther médical. Néanmoins, mon problème était plutôt que je parvenais pas à comprendre la raison de ce coma. Scylla était une humaine comme moi et Sarena. M'enfin, Sarena était un peu spéciale, certes. Alors pourquoi Azelia aurait jeté un tel sortilège sur elle ? Qu'avait elle de différente par rapport au reste des membres de Black Fang ? Ou plutôt, par rapport au reste de Granvall ? Bon, j'allais peut-être choquer Sarena car j'ouvrais toujours ma bouche pour détendre l'atmosphère, en règle générale. Mais je voulais avoir son avis. Elle a passé bien plus de temps avec cette femme que moi.

- Dis-moi, l'amie. J'ai jamais vraiment osé te poser la question, car votre passé à toi et Scylla ne m'intéresse pas vraiment. Mais qu'est ce que tu sais réellement de Scylla ? Ne trouves-tu pas cela étrange que nous nous en sommes sortis avec Raven sans la moindre égratignure, et du côté de Scylla, on doit se taper tout le trajet pour rencontrer l'une des élites de Granvall ? Je veux dire, pour avoir besoin de passer par la crème de la crème en matière de sortilèges de purification, c'est que c'est du sérieux qui doit être en train de frapper notre amie. Néanmoins, je me demande pourquoi Azelia, qui ne se montre jamais en personne, nous aurait fait l'honneur de sa présence, juste pour s'attaquer à notre commandante ? Elle ne t'a jamais parlé de son passé, d'éventuelles relations avec Bern ou Azelia, ou quoi que ce soit qui serait en mesure d'expliquer cet événement, alors que nous nous apprêtons à être envahis par une horde de dragons ?

De base, Valm a toujours su établir une relation de confiance avec Bern. Avoir un passif avec Bern n'est pas quelque chose qui peut empêcher toute possibilité de rejoindre les rangs de l'armée impériale de Valm. Du coup, quand on sait qu'avant cette déclaration de guerre de la part d'Azelia, son royaume était respecté et en parfaite collaboration avec le reste du continent de Granvall, il n'y avait aucune raison réelle de cacher qu'on appartenait à l'empire nordique de Bern. Et puis, dans un sens, cela encourageait l'idée que Valm était une terre d'accueil pour n'importe quel habitant de Granvall et que la discrimination n'était plus un problème. Enfin, plus un problème. Cela n'a pas empêché l'extermination des Fafnir, qui pourrait justifier aujourd'hui pourquoi les dragons hurlent vengeance aujourd'hui. Nous allons vivre de bien tristes heures, je le crains.

- Je pose également ces questions, notamment car tu es la seule personne parmi tous les membres de Black Fang chez qui Scylla s'ouvre quand elle a besoin de parler. Moi, j'ai l'avantage de pouvoir lire le cœur des gens en échangeant quelques coups de lames avec eux. J'ai suffisamment défié Scylla en duel pour comprendre ce qui se cache dans son esprit. Un vieux truc chez les Nakatomi, haha. Et honnêtement, j'ai rarement vu une telle brutalité chez n'importe quel soldat de Valm, en ce qui concerne sa manière de combattre. Ses attaques, sa vitesse, sa garde, l'intensité de ses flammes. Absolument tout reflète dans les techniques de Scylla une volonté de détruire l'adversaire, de lui faire connaître l'enfer. Ce qui est étrange, quand on sait que les soldats de Granvall sont formés à être efficace sur le terrain sans avoir besoin d'éliminer les ennemis de la justice. Car on privilège de nos jours la capture et non l'élimination, ceci afin de rappeler aux citoyens de Granvall que nous ne sommes plus en temps de guerre. Mais quand j'échange avec Scylla, je ressens la rage d'une bête, et le besoin de s'abreuver du sang des malheureux qui finiront éradiqués par sa force surnaturelle. Oui, je suis en face d'un animal en cage qui souhaite se libérer de ses chaines quand j'affronte Scylla. C'est absolument terrifiant. Et Lambert semble penser la même chose que moi, puisque ce type pense que Scylla s'en sortira, malgré qu'elle a des putains de parasites qui ronge son éther actuellement.

Il était clair que mes paroles pouvaient paraître ambiguës concernant mon opinion envers Scylla. Après tout, je suis une samurai solitaire. Une nomade en quête de proie. Je fus longtemps également enchaînée par les codes de ma famille. Maintenant, je peux laisser libre coup a ma propre brutalité, mon propre désir de voir la vie de mes adversaires voler en éclat. Scylla était la raison de mon choix de rejoindre Black Fang. Nous étions toutes les deux des combattantes aguerries qui chassent ceux qui méritent d'être chassés, afin de voir leurs cœurs encore battants déchiquetés par nos soins. Black Fang ne privilégiait pas les missions qui requièrent de capturer une cible. Black Fang accepte surtout de mettre un terme aux existences néfastes qui polluent Granvall. Notre société ne se retrouverait elle pas à devenir plus propre et plus saine, si nous brulions les ordures au lieu de les empiler derrière les barreaux, comme le font les sept nations de Granvall ? Quoiqu'il en soit, entre Ignir et Azelia, Scylla semblait provoquer de l'intérêt chez les rares dragons qui ont longtemps vécu pour témoigner de la précédente guerre entre humains et dragons.

- Haha, désolée, partenaire. Je semble époustouflée par Scylla, mais tu es aussi une épéiste redoutable, Sarena. Et puis, je ne vous ai pas rejoins uniquement parce que vous n'hésitez pas à botter des culs quand l'occasion se présente ! On tient à la liberté de vivre comme on l'entend. On tue qui on veut, on sort où on veut, on boit quand on veut et où on veut, on drague les beaux mecs. La vraie vie quoi ! C'est important de vivre notre vie comme on l'entend, et hélas, être citoyen d'une des sept nations de Granvall oblige à se retrouver prisonniers de principes, de règles et de devoirs que nous ne défendons pas toujours, au final. Malheureusement, nous allons être en guerre. Cela va être difficile de passer du bon temps, désormais. Ahlala, quel dommage que toutes les bonnes choses sont également les plus courtes.

Alors que je soupirais, à l'idée que notre vie à toutes les trois allait être chamboulée pour de bon, je pouvais entendre à ma droite des bruits très distincts provenant de buissons. Ca semblait se remuer non loin d'ici. Un animal ? Un humain ? Finalement, c'était tout ce que je rêvais. Un énorme sanglier, qui faisait bien deux fois notre taille rien qu'en restant à quatre pattes, se montra soudainement, et nous barra la route. Les chevaux commençaient à s'affoler, et l'animal féroce semblait prêt à charger notre véhicule à tout moment. Enfin, de l'occupation !

- Hoho, voilà notre repas du soir. On atteindra Ashalian, la capitale d'Alfheim, que demain à l'aube. Sarena, occupons nous de ce mastodonte de malheur ! Quand nos esprits sont envahis par l'inquiétude et le doute, il n'y a rien de mieux qu'un bon défouloir pour extérioriser le stress !

Je dégainais mes deux katanas. J'avais enfin trouvé un bon exutoire pour ne plus penser à toutes ces pensées néfastes concernant Scylla et notre avenir. Savoir que j'allais pouvoir me défouler sur cette monstruosité et que j'allais passer un bon repas ce soir devant un feu de camp était un bon réconfort alors que je me questionnais grandement sur les péripéties qui nous attendaient.
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Sarena

Sarena


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MessageSujet: Re: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification Icon_minitimeMer 14 Fév - 15:19

J'ai toujours été une femme du désert. Cela ne m'empêche pas d'apprécier une belle forêt comme celle que nous traversions, mais si je dois choisir, je choisis le sable chaud d'une contrée baignée par un soleil brûlant. Je n'étais pas contre cette petite excursion forestière au sein du territoire des grandes-oreilles, mais si j'en avais été dispensée, cela ne m'aurait pas dérangée. Savoir que je vais passer mes prochains jours, voire semaines avec un peu de malchance, dans ce décor me déprime un peu. Le seul avantage que j'y voyais, c'était les alcools de qualité que j'allais pouvoir m'enfiler pendant ces vacances. On dit que le savoir-faire des elfes en termes de breuvage est inégalable. J'espère simplement qu'ils ne sont pas tous végétariens, je me vois mal bouffer de la salade tous les jours, ce serait mauvais pour mon humeur et mon teint. Bon, cliché mis à part, j'espère surtout qu'ils seront capables de ramener la belle au bois dormant parmi nous. Les humeurs de Scylla commencent déjà à me manquer. Même si je n'ai pas à me plaindre de ma partenaire de voyage. Bien qu'aussi atteinte à sa manière que la belle endormie à l'arrière. Maintenant que j'y pense, c'est toute notre famille qui est atteinte. C'est presque un prérequis pour en faire partie à ce stade. Mais je dois dire qu'entendre ma partenaire espérer tomber sur des brigands pour en faire du saucisson dépasse de loin les folies de Scylla. C'était d'un tout autre niveau.

- Tu es consciente que les gens normaux ne demandent pas à tomber sur des brigands, hein ? Fais donc comme moi, profite du calme avec une bonne boisson. Bien sûr, je n'aurais pas dit non d'accompagner ma boisson avec une petite collation, si seulement quelqu'un avec un gouffre en guise d'estomac n'avait pas déjà tout englouti.

Là où j'ai grandi, on avait des vers de sable comme voisins. Ces saletés, en plus d'être d'une laideur indescriptible, sont de véritables estomacs sur pattes. Mais je crois que cette fille n'a pas à rougir de la comparaison. Elle a mangé pour dix personnes et j'entends encore son estomac grouiller. Heureusement que le voyage n'est plus très long, je commencerais à m'inquiéter pour ma sécurité et celle de Scylla sinon. Pour un peu que, sous l'effet de la faim, elle me confonde avec un animal comestible. J'ai failli me faire bouffer une fois par un de ces putains de vers, ça laisse des traces. Au moins, je dois reconnaître qu'en forêt, on a peu de chance de croiser une telle horreur. Même si je ne doute pas qu'une forêt doit avoir ses propres horreurs de la nature à partager.

- Ce que je sais réellement sur Scylla ? Si je devais te répondre de façon simple, je dirais que j'en connais autant que j'en ignore. J'ai un long passé avec Scylla, mais elle a ses propres mystères aussi, tout comme j'ai les miens. Mais les siens sont bien plus mystérieux. Mais je peux te raconter quelques trucs sur notre passé, si tu veux en savoir plus sur cette dernière. Je doute que ça réponde à tes questions, mais ça devrait tout de même te fournir satisfaction. Et au moins te faire oublier la bouffe un moment.

Le sujet Scylla était vaste et plutôt intrigant. J'avais beau connaître ma partenaire depuis longtemps à présent, certaines choses m'échappaient toujours. C'est presque incroyable qu'aujourd'hui nous soyons devenues si proches, vu comment nous étions opposées à l'époque. Je mentirais si je disais que je n'avais pas eu du mal avec cette femme au début. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était aux petits soins, ni pourquoi tout lui était offert sur un plateau d'argent. Puis le destin nous a fait nous rapprocher, bien que Sigurd a été un pont plutôt efficace entre nous deux pour forcer le destin. Une fois que j'ai appris à connaître Scylla, je la voyais différemment, comprenant bien plus facilement les choses qui me dérangeaient. Autant dans sa personnalité que dans son traitement de faveur.

- Voyons, par où pourrais-je bien commencer ? Peut-être déjà sur son enfance ? De ce qu'elle m'a raconté, elle a passé toute son enfance chez le vieux. Oui, tu as bien entendu. Ignir est bien plus précieux pour Scylla que ce que tu imagines. Il n'est pas si aimable avec nous et notre « famille » juste par altruisme. Quelque chose me dit que si Scylla ne faisait pas partie de notre famille, on n'aurait pas un tel abri comme lieu de vie. Même si du coup, tu comprends pourquoi Scylla est parfois barbante. Quand tu grandis avec un ermite vieillard, ça laisse des séquelles.

Je riais de bon cœur à ma dernière phrase, tout en buvant une gorgée de ma boisson.

- Mais plus sérieusement, elle a surtout été la disciple de cet ermite qui a vécu la guerre. On parle quand même d'un putain de vieillard millénaire. Le vieux n'est pas n'importe qui. Il a quand même pris Scylla sous son aile. C'est forcément qu'elle doit être spéciale, tu ne crois pas ? C'est peut-être pour cette même raison mystérieuse qu'une personnalité comme Azelia s'intéresse à notre amie. Cela reste un mystère dans tous les cas, mais mon expérience et mon intuition me crient que ça ne sent vraiment pas bon tout ça. Crois-moi, Haruka, dans la vie, quand ta personne suscite autant d'intérêt, ce n'est jamais une bonne chose.

Pendant longtemps, je n'avais aucune confiance en l'humanité. Encore aujourd'hui, je ne peux facilement me confier ou me rapprocher de n'importe qui. Je suis toujours méfiante, sur mes gardes. Il faut dire que je n'ai pas grandi dans une atmosphère qui m'a aidé à sociabiliser. Entre les pilleurs, les assassins, l'enlèvement et le trafic d'enfants, et ces putains de vers de sable, la vie n'était pas facile tous les jours dans mon village. Le désert a ses propres règles, c'est comme ça. Je n'ai commencé à me sociabiliser qu'une fois arrivée chez les chevaliers de Valm. Ce n'est pas mon passé en tant que mercenaire qui allait remédier à cela. Ce n'est pas plus mal parfois que Crinière Ardente n'existe plus. Même si la fin de l'histoire laisse à désirer, je ne regrette pas mon passage à Valm. Ça a fait de moi une bien meilleure personne. Même si le mérite revient surtout à Sigurd pour ce fait d'arme. Il a toujours été attentif à mon intégration et à mon souci avec la confiance en autrui. Je n'ai jamais eu le temps de le remercier pour avoir fait de moi une meilleure personne. Quel destin déchirant pour un tel homme. Il ne méritait pas une telle fin...

- Sinon, en ce qui concerne ma relation avec Scylla. Sache que nous n'avons pas toujours été si confidentes l'une envers l'autre. Je dirais même qu'au début, rien ne nous destinait à devenir aussi proches qu'aujourd'hui. Au risque de t'étonner, j'étais assez solitaire et renfermée lors de mon arrivée à Valm. Tu vois le tableau ? Comment deux personnes aussi peu sociables ont-elles pu devenir amies ? Eh bien, ça, c'est une autre histoire, pour une autre fois. Sache simplement que je n'appréciais pas Scylla au début. La raison à cela est simple : alors que moi, comme tous les chevaliers d'élite de Valm, nous avons dû passer par de lourdes épreuves pour mériter notre place. Voilà que cette rouquine débarque du jour au lendemain dans notre unité comme un cheveu sur la soupe. Et je ne parlerais pas de tout ce qui lui était offert sur un plateau ou de l'attention de notre roi qui, d'un coup, n'avait plus d'yeux que pour cette femme.

Maintenant que j'y repense, ce n'était pas réellement de la jalousie que je ressentais à l'époque, mais plus un sentiment d'injustice. Pourquoi elle avait toute l'attention, alors que nous autres, chevaliers, avions déjà prouvé notre mérite comparé à cette dernière ? Qu'avait-elle de plus que moi et mes autres collègues ? Je n'étais pas la seule à la regarder d'un mauvais œil au début chez les chevaliers. Sigurd fut une fois de plus le premier à l'approcher. Et vu que j'étais proche de Sigurd, de fil en aiguille, forcément la rencontre était inévitable.

- Mais une fois que nous nous sommes finalement rapprochées et que j'ai pris connaissance de son passé, de son éducation, et de son ignorance quant à l'intérêt qu'on lui porte, mon avis a changé. Je dirais même que je la plaignais. Scylla était en quête de découverte, d'évolution après avoir passé toute sa vie chez Ignir. Motivée par Lambert, elle a voyagé pour découvrir le vrai monde. À peine arrivée, la voilà déjà protagoniste d'une pièce dont elle ignore le synopsis. Ce n'est pas facile à vivre pour Scylla cette situation.

Je buvais une dernière gorgée de ma boisson, constatant avec dépit que je voyais à présent le fond. J'espérais que cette goinfre n'avait pas en plus dévalisé les boissons, sinon, c'est moi qui allais la bouffer avant notre arrivée.

- Effectivement, en tant que chevalier, tuer de sang-froid est un crime envers notre promesse. Nous servons pour protéger et rassurer. Ce qui était en effet un véritable supplice pour Scylla de se plier à cette règle. Je n'étais pas non plus très à l'aise avec ce précepte chevaleresque en arrivant à Valm. Après tout, il ne faut pas attendre d'une mercenaire sanguinaire qui a grandi dans le sang et la mort qu'elle oublie sa soif de sang. Bon, par contre, si je veux bien mettre mon ardeur de côté, l'armure éclatante, c'était hors de question. Puis ce serait vraiment dommage de cacher un tel corps sous une armure lourde, tu ne crois pas ? Haha.

En vérité, j'avais déjà essayé de porter une armure lorsque j'étais chez Valm. Au bout de la première journée, j'ai enlevé le plastron. Le deuxième jour, j'ai enlevé les jambières. Le troisième jour, j'ai enlevé les épaulières. Au final, le quatrième jour, il ne restait plus rien à enlever. Alors j'ai abandonné l'idée et je suis retournée à mon style original. J'aime sentir le vent sur ma peau, les rayons du soleil se refléter sur mon teint. Et aussi parce que j'aime mon corps et être sexy. J'aime provoquer l'envie chez les hommes. Une envie et des fantasmes qu'ils ne pourront jamais réaliser, au risque de s'y brûler. Tout comme ceux qui ont cru que j'étais une esclave bien docile à l'époque...

- Enfin, c'est à peu près tout ce que je peux te raconter sur Scylla. Le reste n'est pas réellement intéressant. Je ne pense pas que tu as envie de savoir nos petits secrets de filles. Et crois-moi, j'en ai beaucoup des secrets et des anecdotes sur Scylla. Mais pour redevenir sérieuse deux minutes, je ne m'inquiète pas non plus pour notre rouquine. Comme tu l'as dit, ce n'est pas une petite nature, et je te le confirme. J'ai beau être d'une race dite bestiale, Scylla n'a pas besoin de ce trait racial pour prouver sa férocité. Nous avons toutes les deux le même regard quand nous levons notre arme. Le regard de la mort, du sang.

J'ai beau être assez bestiale dans ma façon de combattre, due à mes instincts naturels liés à ma race, je dois dire que Scylla m'a surprise la première fois que je l'ai vue à l'œuvre. Je ne peux qu'être d'accord avec ma partenaire sur l'envie de destruction de ma camarade. Si moi j'agis par instinct, je ne dirais pas que j'aime cela pour autant. Il y a une différence entre la facilité de prendre une vie et prendre une vie par plaisir. Je peux au moins dire que je n'ai jamais fait partie de la deuxième catégorie. Mais bien que Scylla ne soit pas gratuite, son envie de tuer dépasse de loin mes instincts. Comme l'a si bien dit Haruka, sa brutalité dépasse de loin ce que j'ai pu observer chez n'importe lequel de mes adversaires dans ma vie. La différence, c'est que moi je sais d'où vient mon instinct. Pour Scylla, j'ai craint que la réalité, si elle l'apprend un jour, soit cruelle. Je n'ai pas besoin d'avoir toutes les pièces du puzzle pour deviner que ma camarade n'est pas n'importe qui...

- Hum, souriais-je, je ne te pensais pas aussi pessimiste. Par le passé, j'arrivais à passer du bon temps et me détendre même dans un bain de sang. Alors ce n'est pas une guerre de plus ou de moins qui va m'empêcher d'être libre, de boire, et de profiter de la vie. J'ai une devise de l'époque où j'étais mercenaire. Cette devise, c'est de vivre libre pour mourir libre. Ce que ça veut dire, c'est que même si je claque dans cette guerre, je n'aurai aucun regret, car j'aurai vécu ma vie comme je l'entends et que je serai donc morte libre.

Je levai ma boisson par réflexe pour trinquer, me rappelant soudainement que le fond était toujours sec. Je soupirai de dépit en constatant la sécheresse qui commençait à envahir ma gorge. J'espérais vraiment qu'il reste de quoi s'envoyer un bon coup dans le nez à l'arrière de notre carrosse. Au moins, le repas du soir ne serait pas un souci. Voilà que la nourriture vienne dans notre assiette d'elle-même de nos jours. J'ignore si c'était de la chance, ou si cet estomac sur pattes attirait réellement la bouffe.

- Tu sais, un jour, je te présenterai à mes amis des sables. Je suis certaine que vous vous entendrez à merveille. Je pense que ce serait un adversaire idéal pour toi, et que ça donnerait un duel légendaire. Et vas-y doucement avec ce gibier, j'ai envie de manger un bon steak grillé ce soir, pas des saucisses avec sauce aux boyaux !
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Haruka

Haruka


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MessageSujet: Re: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 3: Le royaume de la purification Icon_minitimeMar 12 Mar - 23:58

Le récit de Sarena était intéressant. Scylla était considérée comme une fille adoptive pour notre bienfaiteur actuel qui nous a offert un toit pour notre guilde. Limite, cela me rassurait que la relation entre ce vieux sage et Scylla soit uniquement une relation père-fille. Parce que des fois, je trouvais Scylla réellement proche de ce vieil homme, au point que je me faisais de mauvais films. Finalement, rien de bien salace, tant mieux. Néanmoins, une partie de ce récit me confortait à l'idée que Scylla pourrait être dangereuse pour notre guilde. Je ne considère pas cette femme en question être le danger, j'ai appris à lui offrir ma confiance malgré mon côté solitaire. A partir du moment où un chevalier est capable de tendre la main à une samurai aussi meurtrière que moi, qui ne vit que pour le combat et la mort, c'est qu'il est prêt à suivre la voie du meurtre. Les chevaliers sont des gardiens, des défenseurs, et pas des assaillants. Et cette femme, comme je l'ai précisé à Sarena, est un véritable démon. Un démon qui attire l'intérêt de figures millénaires comme Ignir et Azelia. C'est cela que je trouve dangereux chez Scylla. Ignir et Azelia viennent d'une autre époque, où la guerre était monnaie courante et les génocides une formalité. Des chevaliers de l'envergure de Scylla ou Sarena ne devraient même pas représenter quoi que ce soit pour ces figures légendaires. Et pourtant, entre Ignir qui s'en est occupé pendant toute son enfance, et Azelia qui semble avoir posé sa propre marque dans l'organisme de notre patronne, il y'avait quelque chose de pas net dans cette foutue histoire. Et en parlant de détails pas nets, je me posais une question tout à fait banale. Qu'est ce qu'Ignir a bien pu apprendre à Scylla pour que cette dernière soit aussi violente et sauvage lorsqu'elle est sur un champ de bataille ? En règle générale, quand tu es un vieux sage et que tu as un disciple sous ton aile, tu es censé laisser ton disciple partir en toute autonomie une fois qu'il a tout appris. Si Scylla était indisciplinée du temps de ses faits d'armes pour Valm, quelle type d'éducation a t'elle reçue ? Enfin, je pense tout simplement que je me pose trop de questions. J'ai reçu moi-même une excellente éducation. Mes parents m'ont enseigné l'âme du katana pour protéger, ne faire qu'un avec mon esprit, atteindre la sérénité absolue, et j'en passe et des meilleurs. J'ai trouvé ça tellement con que je suis devenue une vraie petite rebelle, et j'admets ne pas être plus saine d'esprit que mes partenaires actuelles. Mais on s'en fout, selon Ignir, du moment que l'on combat pour une cause juste, on a le droit d'être légèrement timbrées et rebelles. Au fond, je crois que le vieux aime les femmes fatales. Si on avait pas quelques membres masculins comme Lambert ou Raven, je jurerai qu'il a envie d'avoir son petit harem personnel.

Quoiqu'il en soit, je dois admettre que je ressens légèrement de la peine pour cette femme. Ne pas savoir qui elle est, recevoir tout types de traitements de faveurs de la part d'êtres qui peuvent tenir le monde sur la paume de la main, sans la moindre explication, je ne voudrais pas être dans sa tête. Les personnes les plus favorisées dans le monde sont en règle générale, soit issues d'une famille royale, soit des héros de guerre ayant effectué une tâche ou une action qui seraient considérées comme légendaires ou décisives pour l'avenir d'une nation ou d'un royaume. Pour que Scylla rejoigne les chevaliers impériaux comme si elle était allé se chercher de la bouffe dans une auberge, sans recevoir la moindre formation, ou effectuer la moindre mission qui permette de prouver sa valeur, elle aurait du, par le passé, permettre à un royaume de remporter une guerre ou une bataille qui aurait sauvé un nombre conséquent de vies. Sauf que Scylla a vécu toute son enfance chez Ignir, donc n'a pas participé à la moindre guerre, et puis, ce n'est pas comme si nous étions en temps de paix. Enfin bref, il manque encore beaucoup d'éléments qui puissent expliquer pourquoi Scylla mène une vie aussi insolite et étrange, et qu'elle soit être en train de faire un gros dodo. Mais peut-être qu'Ulyana pourrait nous aiguiller. Car si Ignir semble si confiant que la reine d'Alfheim nous ouvrira bien gentiment ses portes alors que nous sommes des fugitives, c'est peut-être parce qu'ils se connaissent. En effet, les elfes d'Alfheim ont également vécu plus d'un millénaire pour les plus anciens. Donc je n'ai aucun doute qu'une personnalité comme Ulyana aurait pu voir de ses propres yeux la première guerre entre les humains et les dragons. Si elle accepte de nous offrir son temps et son énergie pour le salut de Scylla, on devrait peut-être l'interroger sur ce qu'elle sait sur Azelia, Ignir ou Valm. Pour l'instant, ça suffit avec les questions. Je me ruais avec Sarena sur notre repas du soir. Quelques attaques suffirent pour que la bête féroce se retrouve six pieds sous terre. Bien entendu, j'avais retenu mes coups, je ne voulais pas, comme Sarena, bouffer de la bouillie de sanglier ce soir. Surtout que je comptais bien me faire un dernier petit festin avant d'arriver à Ashalian. On a beau m'avoir vanté la cuisine elfique, j'ai déjà entendu des récits assez louches sur les habitudes culinaires des elfes. Ces drôles d'individus bouffent après tout du sanglier bouilli à la sauce à la menthe avec de la cervoise tiède. Pouah !


***

Après une dernière nuit à camper en forêt devant un bon feu de bois qui crépite et après avoir festoyé en dévorant un délicieux sanglier rôti, nous avons repris la route pour Ashalian à l'aube. Finalement, avec l'aide de quelques villageois qui nous confirmèrent la route, nous arrivèrent dans l'après-midi pour la capitale d'Alfheim. Pour une célébrité comme ma binôme, ce type de ville gigantesque devait être courant. Mais moi qui suis une vagabonde du premier âge, qui évite les grandes métropoles et la foule, mes yeux brillaient de milles feux. Surtout que les récits qui vantaient la beauté de cette capitale elfique ne sont pas exagérés. Ashalian était réputé pour être une cité au beau milieu des bois. Mais là, on s'était pas retrouvé entouré par des arbres classiques qu'on peut observer dans n'importe quel forêt classique. Si je devais lever la tête pour observer les feuilles de ces arbres, je choperais un torticolis de malheur. Parce que c'est impossible depuis la terre ferme de voir le sommet de ces arbres. Ils étaient absolument colossaux. Nous étions en train de déambuler au beau milieu d'arbres qui étaient aussi gigantesque que les tour célestes d'Icarius. J'avais également entendu que plus de 75% des habitations ou commerces se trouvaient en hauteur, et que par conséquent, la plupart des elfes vivaient directement à l'intérieur du tronc. Idem pour les commerces ou autres établissements professionnels qui étaient implantés directement à l'intérieur des arbres. Et bien, les bruits couraient que les elfes aimaient la nature au point d'essayer de ne faire qu'un avec elle. Ce n'étaient pas des ragots, faut croire. De là où l'on se situait avec Sarena, c'est à dire au niveau le plus inférieur de la capitale, on était au beau milieu de la foule, mais les seules attractions ou installations que l'on pouvait apercevoir étaient des stands commerciaux car nous étions au beau milieu d'un marché itinérant. L'ambiance était conviviale et agréable, tout comme l'atmosphère, le climat et les parfums envoûtants de cette zone forestière. Néanmoins, le marché et ses bons produits régionaux, ça attendra que Scylla se réveille de son long sommeil qui était réparateur, j'espère. Notre objectif restait le même, ce n'était pas le moment pour nous d'être diverties par ce lieu tout à fait égayant. Il nous fallait rencontre Ulyana coûte que coûte.

Nous nous sommes renseignés auprès des "longues-oreilles" qui vivaient ici sur l'emplacement du palais royal. Et évidemment, quelle grande surprise, le château de la reine d'Alfheim se situait au niveau le plus élevé de la capitale. Mais comment s'y rendre ? Il nous fallait emprunter un dispositif élévateur pouvant accueillir plus d'une centaine de personnes ou même quelques véhicules comme le nôtre. Cet espèce d'ascenseur ressemblait à un immense radeau accroché à un treuil à bras et qui était par conséquent tiré vers les niveaux supérieurs de la ville. Néanmoins, il nous fallut en emprunter plusieurs pour enfin arriver à destination. L'occasion pour nous de constater qu'effectivement, de nombreuses habitations étaient implantés à l'intérieur des troncs de ces arbres pouvant atteindre plus de 300 mètres de hauteurs. Et que ces mêmes tours conçues naturellement étaient reliés par de nombreux ponts en bois suffisamment solides pour accueillir un sacré paquet de passants. Bien sûr, il ne fallait pas avoir le vertige. Mais ce n'était clairement pas mon cas. Izumo est un pays montagnard. L'altitude, c'était mon terrain de prédilection quand j'étais petite. En tout cas, j'appréciais cette ville forestière, quand je voyais le paquet de restaurants ou tavernes dans les parages. T'en fais pas, Scylla, bientôt, on pourra trinquer toutes ensemble une fois qu'on t'aura sorti de ce cauchemar.

Après avoir continué notre trajet à travers cette ville en altitude et avoir constaté que l'on pouvait trouver un peu de toutes les races parmi les passants, nous sommes enfin arrivées devant le palais royal. Il s'agissait d'un château tout à fait classique, mais cela ne l'empêchait pas d'être immense. Je n'ai jamais observé un château fort appartenant à l'un des dirigeants de Granvall de si près, j'étais comme une gamine devant un bâtiment aussi imposant. Mais il fallait que je garde mon sérieux et mon sang-froid, parce que nous allions devoir traiter avec une figure hyper importante afin de voir notre Scylla nationale retrouver tous ses sens. Nous étions de simples citoyennes après tout, alors il fallait également passer la première étape, pouvoir pénétrer à l'intérieur du château. Bien entendu, à l'entrée du palais, deux gardes restaient stationnés et bloquaient le passage au pont-levis, fermé évidemment. Selon Lambert et Ignir, montrer ce parchemin devrait suffire pour que nous puissions avancer sans se faire jeter comme des sales mendiantes. Et puis, je me dis que Sarena est une célébrité et qu'Ulyana a toujours respecté les chevaliers impériaux de Valm. Alors nous devrions pouvoir passer sans encombre.


- Bonjours, braves elfes. Nous vous sollicitons le droit de pouvoir rencontrer Dame Ulyana. Nous avons une blessée, plongée dans un terrible coma par une malédiction que nous ne pouvons briser. Nous espérons que vous pourriez nous dépanner et nous laisser rencontrer votre reine. La vie de notre amie dépend de votre générosité.

- Circulez ! Il y'a un hôpital situé au quatrième niveau de la capitale. Ici, il s'agit du palais royal d'Alfheim. Seuls les invités prestigieux de notre reine sont autorisés à franchir ce pont-levis.

- Je m'en doutais que vous alliez nous barrer la route. Vous faites votre travail après tout. Cependant, la personne qui nous a quémandé pour rencontrer votre brave reine est persuadé qu'elle est la seule et unique personne qui puisse conjurer le mauvais sort qui ronge notre amie. C'est un spécialiste en magie blanche et en médecine qui a étudié au sein de l'académie d'Ashalian, et qui était proche de votre reine. Voici son message. S'il vous plait, faites venir un de vos guérisseurs qu'il puisse constater par lui-même que sans la famille royale d'Alfheim, nous ne pouvons la sortir de son coma. Je vous en prie, soyez sympa. Notre leader nous a assuré que votre dirigeante ne laisserait jamais tomber une âme en détresse, nous venons de loin exprès pour la rencontrer.

Je tendis la missive de Lambert à ces gardes. J'espère que le nom Lambert sonnera familier pour eux, ou qu'ils appelleront au moins quelqu'un qui puisse nous aider. Parce que sinon, il va falloir que je dégaine mes sabres pour endormir ces gardes. Je ne suis pas une barbare, je n'ôterais pas la vie de ces simples soldats qui ne font qu'obéir aux ordres. Mais je suis prête à démarrer une guerre si c'est pour le salut de mon amie. Et je n'ai aucun doute que Sarena ne m'en empêchera pas. Chez Black Fang, la camaraderie passe avant le reste. Hélas, là où j'espérais que ces gardes entendent raison et que nous n'ayons guère besoin de passer par la méthode qui dérange, ces gardes sortirent leurs épées les premiers. Ouhlà, ça va chauffer.

- Nous comprenons maintenant qui vous êtes. Le médecin qui vous a envoyé ici est complètement stupide. Il a été accusé de haute trahison par l'ordre impérial de Valm, et qui sont nos alliés. Je suppose que cette femme bronzée à vos côtés est Sarena des chevaliers impériaux, et cette rouquine allongée sur votre charrette est Scylla. Nous vous laissons dix secondes pour déguerpir. Nous ne sommes pas tenus de vous capturer, notre généreuse reine refuse de se mêler des histoires du roi Heimler. Votre tête n'est pas mise à prix ici. Néanmoins, si vos belles paroles ne sont qu'un infâme stratagème pour atteindre notre reine pour l'assassiner, nous appellerons des renforts et n'hésiterons pas à vous passer les chaînes. Maintenant, allez-vous en, sauf si vous souhaitez faire d'Alfheim votre ennemi.

Et merde, Sarena, Lambert et Scylla ont été reconnus par ces foutus gardes, mais par pour leurs actes héroïques du temps de Valm. C'était à prévoir, nous sommes des mercenaires dont la tête est mise à prix dans tout Granvall. Tout ce qui nous empêche de recevoir une visite de soldats impériaux est la protection d'Ignir, et le fait que Scylla a payé notre caution pour que nous bénéficions du droit d'asile sur Brodia. Donc nous vivons légalement sur les terres arides de Brodia. Mais une fois les frontières traversées, nous redevenons des ennemis de la société, et nous serons traités comme des brigands. J'imagine que Lambert avait confiance en la générosité d'Ulyana, mais hélas, il vit encore dans un monde tout rose, le pauvre. Bon, plan B, il semblerait. Je commençais à dégainer mes sabres. J'imagine que Lambert et Ignir savaient qu'on trouverait une solution pour rencontrer Ulyana. Hélas, je ne voyais pas d'autres options.

- Bien, vous m'en voyez navré, les longues oreilles, mais vous allez rejoindre le royaume des songes. Rien ne nous empêchera de sauver Scylla.

Evidemment, cela ne traîna pas, l'un des deux gardes sortit un cor dans le but de sonner l'alarme. Ca va saigner. Enfin, un peu d'action.

- Un instant !

Néanmoins, à mon grand étonnement, ces soldats rangèrent vite fait bien fait leurs foutus bibelots dans le but de faire venir la cavalerie. Il avait suffit d'une voix féminine provenant de l'autre côté pour que ces soldats marchèrent au pas. Finalement, je rangea mes deux sabres, car j'avais compris, sans me retourner, que cette voix était probablement celle de leurs commandante. Finalement, je tourna les talons pour voir qui venait de calmer ces types. Il s'agissait d'une femme, évidemment une elfe, aux cheveux roses et à la tenue écarlate. J'aimais bien son style, elle paraissait importante et en plus de démontrer une certaine assurance dans son regard. Le regard d'une combattante. Pour un peuple pacifiste, j'étais étonnée de voir une personne comme cette femme qui dégageait la même aura guerrière que chez Scylla ou Sarena. L'ennui, c'est que ce type d'individu est du genre, tout comme moi, à dégainer son arme avant de parler ou discuter. Donc j'imagine que les négociations vont être difficile avec elle.

Spoiler:

- Je peux savoir pourquoi vous vous apprêtiez à sonner l'alerte ?

- Oh, capitaine Am'lyn. Ces étrangers souhaitent pénétrer dans le palais royal, prétextant vouloir rencontrer notre reine. Cependant, nous ne sommes pas dupes, nous reconnaissons les chevaliers de Valm qui ont trahis leur souverain. Il s'agit probablement d'un piège.

- Les chevaliers impériaux de Valm, dis-tu ?

- Oui, capitaine.

- Toi, celui qui n'est pas fichu de suivre une consigne claire de la part de Son Altesse, montre moi ce que tu as en main.

- Cette missive ?

- Dépêche-toi un peu !

- O... Oui, capitaine.

Ah ouais, j'aime vraiment son style. Décidément, on est loin des bouffeurs de salade ou fumeurs d'herbes que j'imaginais. La manière dont elle fait preuve d'autorité avec ces simples laquais me plaît bien. De plus, nous avons peut-être une chance de rentrer en passant par la méthode douce qui conviendra tout le monde. Cette elfe nommée Am'lyn s'empara de la lettre que Lambert avait rédigé pour la reine. Elle nous fixa d'abord avec un regard sévère. Je restais néanmoins sur mes gardes. Cependant, très vite, elle s'adoucit progressivement.

- Bon, toi, tu préviens immédiatement Sa Majesté que l'un des chevaliers impériaux de Valm souhaite s'entretenir avec elle. Quand à toi, va chercher une civière pour transporter la blessée. Elle est belle et bien atteinte d'une malédiction qui requiert la bénédiction de Gaïa, notre arbre millénaire. Au pas de course, allez !

- B... Bien !

Cette elfe soupira. J'imagine que ses soldats ne devaient pas être des cadeaux tout les jours. En tout cas, je pouvais lui être reconnaissante. J'ai beau prendre plaisir à trancher tout ce qui nécessite d'être tranché, je sais reconnaître les situations qui requièrent de garder sa lame bien rangée dans son fourreau. Scylla nous aurait cassé la gueule si on s'était fait du peuple d'Alfheim nos ennemis. Mais visiblement, Lambert avait raison. Sa missive semblait avoir eu l'effet escompté.

- Merci beaucoup pour votre aide et d'avoir écarté ces gardes de notre chemin. Nous ne voulions vraiment pas nous attirer des ennuis avec le peuple d'Alfheim, néanmoins, la survie de notre commandante nous tient à cœur. Pourquoi, cependant, nous accorder notre souhait ? Cela ne change pas la réalité que nous sommes recherchées par les forces d'élites de Granvall. Vous ne pensez pas que nous pourrions chercher à vous piéger ?

- Votre message... il a été signé avec le sceau de la famille Velthomer. Uniquement les membres de cette lignée peuvent poser cette signature sur leurs écrits afin de confirmer qu'ils sont les auteurs de leurs messages. Bien sûr, il existera toujours des imposteurs qui tenteront de se faire passer pour l'héritier d'une des douze maisons de Granvall. Sauf que je suis moi-même une membre de la lignée Velthomer, donc je suis capable de reconnaître un sceau magique provenant d'un membre de cette lignée, d'une pâle imitation rédigée vulgairement à la plume.

- Velthomer ?

Alors ça, c'était un coup de bol. Visiblement, Lambert s'attendait à ce que l'on passe par cette elfe pour rencontre Ulyana. Il devait donc la connaître personnellement. Néanmoins, j'ignorais que Lambert fasse partie d'une des lignées les plus prestigieuses de Granvall. Difficile d'imaginer qu'une élite comme lui puisse côtoyer des mercenaires de bas étages comme nous, et encore moins se mettre à dos les hautes autorités de Granvall.

- Bien, si j'ai répondu à votre question, je vais donc commencer par le commencement. Je me nomme Am'Lyn, je suis capitaine de la garde royale de Sa Majesté. Je vous souhaite la bienvenue à Ashalian. Comment va Lambert ?

- Vous vous connaissez ?

- Sa famille m'a recueilli alors que j'étais une esclave. On a essayé de me vendre au marché noir, à un prix exorbitant. Après tout, les elfes représentent un véritable fantasme pour les différents nobles de Granvall. Je redoutais d'être racheté par un gros porc puant plein aux as qui m'aurait maltraité et abusé de moi. Mais fort heureusement, la famille Velthomer a pris soin de moi et s'est chargé de mon éducation. Le Duc de Velthomer, de son vivant, était comme un père pour moi. Et de fil en aiguille, j'ai appris les arts médicaux et scientifiques de cette lignée. C'est là que j'ai rencontré Lambert. Nous étions professeurs à l'académie d'Ashalian tous les deux, et nous étions très bons amis. Cela, jusqu'à ce que cet homme mystérieux décide de quitter l'académie pour devenir soigneur pour le compte de Valm. J'ai décidé de suivre son exemple et de rejoindre la garde rapprochée de Son Altesse.

- Vous devez être déçue de savoir que votre ami est aujourd'hui recherché par Heimler.

- Au début, j'étais emplie de rage et de déception. Mais ma très chère reine m'a conseillé de garder foi, et de ne pas en vouloir aux chevaliers de Valm qui ont tenté de détrôner l'empereur. Etrangement, elle est persuadée que les rebelles qui ont essayé de faire tomber le gouvernement ne sont pas les véritables fautifs et que je ne dois pas les blâmer. Elle nous a également donné cette consigne: Si l'un des chevaliers déchus de Valm souhaite demander soutien de sa part, nous devons les accueillir comme les héros qu'ils sont. Bien sûr, ma reine a beau être une sainte, elle n'est pas dupe ou naïve. Je pense qu'elle a ses propres raisons de songer que vous êtes innocents. Si vous souhaitez davantage de précisions, vous n'aurez qu'à le lui demander directement.

- Et bien, nous ne manquerons pas de lui demander.

- Bref, je vous demande d'excuser les gardes du palais. Ce serait vous mentir si je vous disais que nous ne sommes pas légèrement sur les nerfs. Malgré la consigne de Sa Majesté de ne pas vous fermer la porte, certains soldats, voire habitants d'Ashalian, restent sceptiques de la confiance de notre reine à votre égard. Votre coup d'état, dame Sarena, a provoqué la confusion parmi nos troupes et nos citoyens. Après tout, vous représentiez la justice suprême de Granvall, peut-on leur en vouloir ? Si cette justice est bafouée, forcément, le doute s'installera parmi vos croyants. Avec la prolifération des brigands, et les rumeurs qu'une guerre est en marche entre Brodia et Khadein, le peuple de Granvall a besoin de héros en qui croire, vous comprenez.

- La prolifération des brigands ?

- Oui, je n'appellerai pas cela forcément un effet de chaîne, mais après les incidents récents, incluant le génocide des Fafnir qui a également bouleversé le petit peuple, il semblerait que les mécréants qui polluent notre continent profitent de la tumulte pour se remplir les poches et attaquer les différents villages aux alentours. Evidemment, le commerce d'esclaves a également repris de plus belle. Nous sommes un peu débordés, bien plus que d'habitude. Mais nous ferons notre possible pour qu'Alfheim reste une terre d'accueil, où nous pouvons vivre en toute sérénité. Nous ne faillirons pas.

Je peux comprendre pourquoi le chaos s'est installé. Les gardiens de la paix comme les chevaliers impériaux, et pas uniquement sur Valm, inspirent la terreur pour la plupart des voyous qui vivent à Granvall. Rien que par nos interventions, la délinquance et le crime ont baissés d'une quinzaine de pourcents sur Brodia. Mais même nos interventions doivent semer le doute pour les citoyens de Granvall. Après tout, le scandale que l'on provoque indirectement sans le vouloir. Imaginez un monde où les truands se font nettoyer les uns après les autres par d'autres truands pendant que l'armée et le gouvernement provoque davantage de destruction par leurs satanées guerres ? Encore une raison de perdre la foi. D'ailleurs, je suis suffisamment informé grâce à Ignir ou Lambert, pour savoir que les Fafnir rétablissaient l'ordre également dans les autres nations, comme Alfheim justement. Cela devait être un motif suffisant qui pourrait justifier la venue de brigands sur les frontières elfiques. Décidément, le bordel que Granvall connaît. Je regrette presque les guerres entre les clans d'Izumo que j'ai vécu enfant. Sur ce, je pus apercevoir les elfes d'avant venir avec une civière comme ordonné par Am'Lyn. Scylla fut emporté devant nous.

- Bien, suivez moi je vous prie. Je vous offre l'occasion de vous faire entendre par Sa Majesté.

Nous y voilà, grâce à Am'Lyn, nous allons rencontrer l'une des dirigeants de Granvall. Quel honneur, surtout pour une vagabond comme moi. Je me demande si son apparence sera aussi majestueuse que je l'imagine.
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