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 [Prologue] Flammes vengeresses

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Scylla

Scylla


Messages : 7
Date d'inscription : 06/05/2023

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MessageSujet: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeMar 9 Mai - 17:30

Il fut un temps où chaque matin, je me levais de bonne heure car mon emploi du temps était chargé. Après tout, mes responsabilités étaient infinies. Mes fonctions ? Représenter la lumière inextinguible de la justice. Celle que le royaume de Valm se devait de représenter, sans faillir, sans faiblir. Des sept nations qui constituent le continent de Granvall, Valm est le centre des regards, des espoirs. Ce qui est normal, il s'agit de l'armée la plus redoutable que Granvall a connu jusqu'à présent. De plus, les autres nations n'ont pas ce qu'il faut pour inspirer la lumière, le succès, la bienveillance. Alfheim est également un pays qui travaille sans relâche pour la sécurité des citoyens, mais ils sont trop pacifiques pour construire une armée solide en cas d'assaut ennemi. Brodia est un pays de conquérant, Agustria est... un club de vacances à ce stade et la porte ouverte idéale pour les débauchés. Khadein est sans arrêt en conflit avec Brodia afin de savoir qui a la lame la plus longue, Izumo est une nation uniquement constituée de clans d'assassins. Il ne reste plus que Bern, dont la puissance de feu n'a rien à envier à Valm, sauf que ce pays est trop discret, trop distant du reste de Granvall. Et cette distance provoque méfiance et inquiétude chez les six autres souverains, notamment depuis que des bruits courent que Bern est devenue une planque à dragons.

Pour ma part, je faisais partie des cinq chevaliers personnels de Sa Majesté, l'empereur Heimler. Avec mes quatre compagnons, c'est nous qui étions en charge de toutes les missions particulières qui nécessitaient des mesures radicales afin de rétablir l'ordre à travers Granvall. Ce n'est pas la célebrité qui nous faisait défaut. Personellement, cela me gavait. Je n'ai jamais trop aimé que tous les regards soient posés sur moi, ce qui peut paraître paradoxal quand on représente l'espoir chez les nécessiteux. Nous avions chacun une division de soldats qui nous suivait à la baguette. Mais un jour, avec deux de mes compagnons, notre excés de bonté s'est retourné contre nous. Et maintenant, je suis devenue une fugitive, qui se planque dans une région isolée de Brodia. Le succès, la gloire, la richesse, c'était terminé.

Maintenant, j'ai monté une guilde de mercenaires. Je rends service aux faibles à ma manière, dans l'ombre. Cela ne me dérange pas au fond. Avec Sarena, l'une de mes collègues, et un autre ami originaire de Valm nommé Lambert, nous avons engagé pas mal de fugitifs et nous faisons le ménage là où Brodia en a besoin, puisque le roi actuel de ce pays est trop occupé à s'embrouiller avec Khadein pour se charger de la vermine lui-même. Décevant, surtout quand on sait qu'il est plutôt beau gosse. Dans tous les cas, Sa Majesté ne réalise pas que la peste continue de se propager, même dans les petites contrées reculées et rurales de Brodia. Justement, c'est même le lieu idéal pour les brigands qui chassent le blé à leur manière, en découpant des têtes et en brûlant des villages, un par un. Et c'est là que je me retrouve mêlée à une saloperie de fête entre bourges, qui en réalité, sont des brigands qui ont fait fortune récemment et ont élu domicile dans une ville tout à fait banale, qui n'avait rien demandé à personne. Mon espionne personnelle était très claire avec moi, cette cité a été siégée par Ludr, un barbare de la pire espèce dont l'un de mes clients pourrait me vendre sa maison et sa femme si je lui ramenais la tête de ce péquenot dans un sac. Baron de la drogue, il aurait, soi-disant, mis au point une substance qui lui permettrait d'avoir les habitants à ses pieds, et mon Intel m'a informé que ces salopards auraient tué tous les hommes de la ville, drogué les femmes, séquestré chacune d'entre elles et se donneraient à cœur joie avec elle. Répugnant. Cela est encore récent de ce que j'ai appris, mais suffisamment ancien pour que le pot-au-rose aurait était découvert, dénoncé, et que les forces royales du roi s'en charge. Mais si appel il y'a eu, cela a du être ignoré, comme d'habitude. Le simple fait que les brigands aient pris la place des habitants et que personne ne soit intervenu m'échappe. Mais bon, il s'agit d'une petite ville d'une centaine d'habitants qui ne rapporte rien à nos têtes couronnées. Pourquoi s'en occuper ?

En tout cas, cette affaire, cela nous rapportera du fric, alors j'ai fais appel à mes principaux alliés, Sarena, un ancien brigand du nom de Raven, et une as de la lame nommée Haruka. Ce soir, Ludr, qui s'improvise maire de la ville, a réuni ses contacts pour une petite festivité qui va sûrement finir en orgie. Cela se déroulera dans son manoir. Le fait qu'il ait fait fortune lui a permis de se faire des amis dans le pays. Du coup, il reçoit la visite d'autres pompes à fric, et les accepte parmi les invités, pas uniquement si ces invités sont blindés de piécettes, mais si leurs attributs sont au goût de Monsieur. Et la plus chanceuse d'entre elles finit souvent dans les quartiers personnels de Ludr, et je vais pas m'amuser à narrer le reste du récit. En parlant de chance, la nature m'a bénie et en plus de mes atouts d'assassin, cela représente un plus si je veux mettre un terme à l'existence de ce type de cible, celle qui aime la "chaire fraîche" autant que l'or. Alors, malgré que Raven et Haruka me charrient souvent sur mon manque de féminité, j'ai du enfiler ma plus belle robe et je me suis présenté au manoir de Ludr pour m'incruster au milieu de cette petite sauterie. Et évidemment, je suis parvenue à m'approcher de la cible pour entamer la conversation, pas avant d'avoir, bien sûr, incrusté dans le baril d'alcool qui sert à abreuver ces porcs une petite poudre concoctée par mon ami Lambert que j'avais caché dans une de mes bagues. Pour un baron de la drogue, il va s'apercevoir ce que c'est, une vraie substance illicite. Quelle ironie. Surtout que je peux, pour éviter d'éveiller les soupçons, ingurgiter l'alcool servi lors de cette fête. Comme tout chevalier de l'ordre royal de Valm, j'ai bouffé suffisamment de cachetons pour être immunisé contre le poison. Quoiqu'il en soit, comme le plan le voulait, j'ai pu finir dans les appartements de Ludr, en tête à tête avec lui. C'était facile. Cela me permettra de m'assurer que ce voyou ingurgite le bon alcool que j'ai empoisonné. Et aussi, pour soutenir les informations que j'ai besoin tout en le faisant chanter. A savoir, l'emplacement des otages.


Spoiler:

- Donc... Qu'est ce qu'une charmante poupée de votre envergure fiche ici, sur les terres arides de Brodia ? Z'êtes pas au courant que c'est le royaume de la guerre et du sang ? Même pas peur d'être pris en embuscade par des brigands malhonnêtes lorsque vous avez décidé de vous aventurer ici ?

- Je suis originaire d'Agustria, et d'une famille noble et aisée. J'ai décidé de partir en croisière, pour découvrir les lieux les plus chics et rencontrer les hommes les plus fortunés. Quand j'ai su qu'un homme aussi puissant que vous organisait une petite sauterie et que l'entrée était libre, j'ai aussitôt mis ma plus belle robe pour pouvoir faire la fête jusqu'au bout de la nuit. Après tout, j'ai vidé ma bourse d'études que ma offert mon richissime papa pour me payer cette croisière, alors je tiens à en profiter au maximum, hihi !

- Vraiment ? Elle est bien bonne celle-là ! Ma popularité semble attirer les p'tites bourgeoises d'Agustria maintenant ! Hahahaha ! Ravissante en plus d'être rebelle, j'aime ça ! Bien que faut faire gaffe, mamzelle ! Se balader avec une tenue pareille, dans les environs, cela peut être vu comme une manière de provoquer le regard des pires forbans du coin ! On sait pas sur qui on peut tomber, hahahaha !

Et voilà, je l'ai déjà dans ma poche. Il a complètement baissé sa garde. Avec ce type de brigand, il suffit d'être mignonne, d'avoir de l'argent, d'être naïve, et c'est bon, il croit déjà que je suis à sa merci. Le scénario classique avec ce type d'individu, c'est qu'il va me séduire, s'arranger pour que je ne quitte pas cette pièce, puis va faire appel à ses compagnons pour me séquestrer. Mais il ne se doute pas que c'est lui qui est pris au piège. Et il est tellement obsédé par mon apparence qu'il n'a pas prêté attention au bruit de fond qui s'étouffe progressivement. Le barde qui jouait ses morceaux pour faire danser la galerie est devenu silencieux. L'équipage de ce gros porc est déjà en train de tomber comme des petites mouches.

- Dites-moi, j'ignore tout de vous. Comment avez vous construit votre fortune ?

- Je suis devenu le principal fournisseur de Son Altesse, le roi... euh... machin chose.... bref, le roi de Brodia quoi !

Ok, là, on est tombé sur un champion. Même pas fichu de préparer son mensonge pour frimer devant moi...

- Le roi Mylès, c'est ça ?

- Ouais, Mylès, c'est ça ! Ca vous la coupe, hein ? Si Mylès et l'empire de Brodia sont en train de conquérir progressivement Khadein, c'est grâce à mon attirail. Des armes d'exception forgés par les plus grands maîtres forgerons !

- Avez vous un exemplaire de votre plus précieuse arme ? Je suis moi-même passionnée par les armes de guerre qui ont servis aux différents empires de Granvall. Il faut dire qu'Agustria n'a plus connu de guerre depuis des siècles. Alors voir une véritable petite merveille employée par Mylès en personne, cela me ferait le plus grand plaisir, cher Ludr !

- Harr Harr Harr ! Je vous amène cela tout de suite !

Le temps que cet abruti s'absente, je remets un petit coup de ricine dans la carafe de vin qu'on nous a apporté, histoire d'être bien certaine, au cas où il ne s'agit pas du même vin qui a réduit au silence le reste du manoir. Il me restait un tout petit peu de poudre, mais quelques grammes suffisent pour tuer un troupeau de pirates si ils ne sont pas immunisés. D'habitude, je préfère régler le compte de mes cibles avec mon épée, et Dieu sait à quel point je rêve d'égorger ce bouffon, mais je dois faire les choses discrètement. Bien que je suis confiante envers mon talent de combattante, ca grouille de brigands ici. Et j'ai refusé d'embarquer mes compagnons dans la partie la plus risquée du programme. Bref, le revoilà avec une grosse hache entre les mains.

- Regardez moi ce titan d'argent ! Manche ergonomique en tactiprène ! Poids idéal autant pour la lancer que pour fracasser des crânes en une seule frappe. Et puis, c'est du solide ! La lame est en acier inoxydable pour une durabilité parfaite !

Non, ça, c'est une hache en fer. Un modèle surtout utilisé par des brigands, là où les soldats brodiens optent surtout pour des modèles en acier ou en argent. J'ai l'oeil pour reconnaître ce type de bibelot. Je suis limite née avec une arme à la main. Bref, je vais continuer à me la jouer naïve, applaudir comme une cruche puis en finir avec lui. C'est officiel, il mérite pas de vivre. On n'insulte pas ce type de sujet devant moi.

- Magnifique ! Excellent ! Vous êtes un homme formidable pour pouvoir vous procurer ce type de rareté ! Allez, que diriez vous qu'on se partage un toast ?

- Avec plaisir, ravissante rouquine !

Nous nous partageons donc le vin que son serviteur nous a déposé au tout début de notre moment intime. Nous avons bavardé encore pendant une quinzaine de minutes, car la ricine n'allait pas agir tout de suite. Je devais gagner du temps. Seulement, au bout d'un moment, je voyais ce brigand transpirer à fortes gouttes. L'effet de l'alcool, quand à lui, ne l'aidait pas à réaliser ce qui se passait. Sa tête tournait comme toute personne qui se fait une bonne cuite. Moi, je tiens plutôt bien l'alcool. Diriger une guilde de mercenaires m'oblige à picoler fréquemment avec mes compagnons d'armes. Mais alors que ce brigand se frottait le front et s'approchait de plus en plus de moi, c'est là que j'ai compris que je n'allais pas discuter éternellement de la faune et la flore avec lui. Alors j'ai décidé qu'il était grand temps de l'achever. Son odeur pestilentielle commençait à retourner mes boyaux.

- Dites-moi, cher Ludr, si nous continuions cette entrevue de manière plus intime ? Seulement, je crève de chaud, j'ai besoin de me rafraîchir, et la nuit risque d'être longue pour moi. Avez vous une salle de bain ? J'en ai pas pour longtemps. Soyez sage et je suis à vous.

- Hahaha ! Toi, t'es une femme qui sait ce qu'elle veut ! Tu me plais. Deuxième porte à droite ! Prends ton temps, héhé !

- Merci, mon beau.

Je me dirigeais donc vers la salle de bain. Selon les calculs de Lambert, j'en ai encore pour une vingtaine de minutes avant que ce porc commence à pourrir sur le sol, bien qu'il pourrait mettre un à deux jours pour décéder. Mais personne ne viendra le secourir de toute manière. Ma manière d'agir est peut-être lâche et quelque peu provocatrice. Mais je suis un assassin. Mon passé en tant que chevalier royal est derrière moi. Je tue la pourriture, peu importe les méthodes. Ce monde oblige de passer par des méthodes peu orthodoxes de toute manière. Comme enfiler une tenue trop féminine pour mon style. Une tenue que je m'empressais de retirer, surtout ces talons hauts à la con ! Je peux supporter des blessures liées au batailles, mais mes talons ne vont pas me remercier demain matin. Bref, à Granvall, il y'a une petite merveille qu'on appelle des cristaux de transportations. J'en ai sorti un, qui se défragmenta comme par magie. Une petite lumière m'éblouissait, et soudainement, une tenue de rechange tomba sur le sol. Mon infiltration étant terminée, je pouvais enfiler des vêtements qui me correspondaient mieux. Là, je suis dans mon élément.

Spoiler:

Je me dirigeais vers la chambre du "cadavre à en devenir". Et les calculs de Lambert étaient au poil. Il était écroulé sur son tapis, tentant de s'agripper au drap de son lit. Discrètement, je m'approchais de lui, puis je le piétinais, afin d'être dans une position parfaite pour l'observer agoniser, et surtout pour voir sa surprise en constatant que je suis la "poupée" d'avant.

- Toi... Tu es...

- Tout juste. Tu n'as jamais entendu parler des "Black Fang" ? Une guilde d'assassins qui se régale du sang des têtes les plus recherchées de Brodia ? Comme le pirate classique que tu es, tu pensais que ta notoriété allait te rapporter succès et compagnons d'armes ? Mais tes crimes t'ont surtout permis de te faire cibler par les plus grands chasseurs de têtes de la région. Ton coeur rapporte gros. Je suis venue chercher ma récompense.

- Bl... Black Fang ? Mais.... On.... raconte que vous... êtes les ennemis publics... numéro un... pour l'empire de Valm... Vous devriez vous... allier avec les crapules de la région... et non les buter !

- Et qu'est ce que tu apporterais pour nos "crocs noirs" ? Nous n'avons pas besoin d'un piètre comédien qui confond l'argent et le fer ! Tu es une belle merde, tu sais ça ? Bref, j'ai pitié du mastodonte sous la semelle de ma botte. J'ai une proposition à te faire.

Je sortis de mon décolleté une petite fiole verte. Il s'agit d'un antidote contre la ricine. Je l'ai apporté à la fois pour bluffer, mais aussi au cas où je surestimais les traitements Valmiens que j'ai pris pendant tout mon parcours militaire. Je le tendis au dessus du regard de Ludr. Je le remuais de manière hypnotique. Je vais lui donner le coup de grâce.

- Tu vois ça ? C'est ton dernier espoir si tu veux éviter de mourir comme le porc que tu es ! Je suis prête à te sauver, voire même à te trouver un poste dans notre guilde de mercenaires comme, je sais pas, homme de ménage. Pour commencer, c'est plutôt pas mal. Mes seconds s'amusaient à nettoyer la gerbe de mes alliés les plus fragiles avant de devenir des assassins hors pair. Bref, avec les "Black Fang", tu connaîtras une véritable notoriété et tu empocheras primes sur primes si tu sais te rendre utile. La première chose que je vais te demander: dis-moi où se trouve les otages que ta troupe garde enfermé depuis plusieurs semaines.

- Oui ! Au sous-sol de l'église de la ville ! Maintenant, pouvez vous me secourir ? Mon estomac va éclater en mille morceaux !

- C'est tout ce que je voulais savoir !

Afin de l'humilier pour de bon, je balança la fiole par la fenêtre. Evidemment, ce porc se mit à couiner de rage en voyant que je m'étais foutue de sa gueule. Quelle vue délectable. Mais je n'étais pas ici pour prendre plaisir à voir une crapule vociférer. Je devais faire abattre mon châtiment. Le châtiment des Black Fang.

- SALOPE ! POUR QUI TU TE PRENDS ????

- C'est de ta faute si tu songeais que notre guilde est celle des assassins. Nous ne sommes pas des meurtriers, nous ne sommes pas des sauvages. Notre popularité ? On s'en moque. Agir dans l'ombre nous convient bien plus. Nous sommes la justice. Et justice doit s'abattre sur le truand.

- Pitié, non ! Je vous donnerais tout mon or ! NON !

Il était temps de mettre un terme à sa pitoyable existence. J'abattais ma lame en plein milieu de son coeur. Une ordure de plus venait de mordre la poussière par nos services. Mais la mission n'était guère finie. J'avais l'information que je souhaitais. Je déambulais jusqu'à la sortie du manoir. J'empiétais sur une série de brigands et de prostituées qui vont bientôt rejoindre les anges. Car une fois sortie de la baraque de Ludr, mon épée était enflammée. Ni une, ni deux, le manoir commença également à être enveloppée par la flamme purificatrice de ma justice. Nous sommes les Black Fang, nous ne cherchons pas à être remercié, à être aimé. Nous nettoyons Granvall de son cancer. Et le pire des cancer actuellement, c'était Heimler. Je te promets que je viendrais te chercher, fumier. Pour ce que tu as fais à Sigurd...
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Haruka

Haruka


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MessageSujet: Re: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeMar 16 Mai - 12:31

J'ai appris toute jeune à manier un katana. A me sentir en harmonie avec ma lame. A être persuadé que je pourrais trancher même le plus solide des diamants. Du moins, je me suis laissé bercer par des illusions infantiles, montées de toutes pièces par mes parents. Pour moi, un katana ne devrait pas être un outil dans le but de protéger ceux qui ne le méritent pas. Il s'agit d'une arme exceptionnelle, qui devrait être employé à des fins exceptionnels. Mes parents étaient au service du Daimyo d'Izumo. Et il s'agissait d'un adolescent puérile, égocentrique et capricieux. Quand je pense que je plaisais à cet enfant gâté, au point que mes parents nourrissaient l'espoir que je l'épouse un jour. Mais à force que la paix sur Izumo régnait et que les lames de mes parents s'émoussaient et se rouillaient à force de ne pas être employées, tout s'est effondré pour nous. Le clan Nakatomi, dont je faisais partie, a fini en cendres. Une simple bataille avait suffit pour nous éradiquer de la surface de Granvall. Le clan Akaikumo, un clan de shinobis perfide et sanguinaire, décida que nous n'avions plus le droit de respirer l'air frais d'Izumo. Nous avons été assailli, et nous avons perdu. Mon père, un samurai sans égal, fut tranché net par une simple membre des Akaikumo, à peine âgée de 19 ans, si j'analysais bien son apparence. Je n'oublierais jamais son regard démoniaque, son sourire satisfait en offrant à mes proches un bain de sang mémorable. Mais en dehors du fait que cette kunoichi des enfers avait une apparence de psychopathe en puissance, j'étais surtout obnubilée, voire obsédée par sa lame. En quoi sa lame était plus aiguisée, plus efficace que celle de mon défunt père ? La réponse m'est parue aussi claire que de l'eau de roche. Elle s'était abreuvée de tellement de sang. Elle avait tranchée une montagne de têtes, c'était évident. Les éclairs rouges qui étincelaient sur la lame représentaient les âmes des innombrables victimes que cette jeune femme avait trucidé. C'est là que j'ai compris. Dans ce monde, une lame est faite pour trancher, non pour protéger.

Alors on pourrait croire que je suis devenue une jeune femme errante en quête de vengeance ? A retrouver la coupable pour lui faire payer son affront ? Que je pleure chaque soir la mort de mes géniteurs, et que je me rappelle chaque nuit leurs dernières paroles qui disaient à quel point j'étais devenue une belle femme et qu'ils étaient fiers de moi ? Absolument pas ! Aujourd'hui, je suis libre comme l'air. Je recherche des ennemis suffisamment forts pour que ma lame puisse également s'abreuver de leurs sangs. Je trouve de l'excitation dans cette liberté de combattre qui je veux, quand je veux. Voir la mort en face à chaque échange, puis une fois avoir décimé mon adversaire, se laisser aller aux petits plaisirs de la vie, il n'y a rien de mieux pour se sentir exister. Chaque pays appartenant à Granvall m'offre la possibilité d'effectuer de nouvelles découvertes, de profiter de nouveaux plaisirs. Bien manger, boire jusqu'à être complètement saoul, draguer de jolis mecs. C'est ça, la vraie vie !

Mais cette liberté ne pouvait durer éternellement. Alors que j'étais seule à errer partout à travers Granvall en quête de puissants adversaires, je me suis fais remarquer. On peut décidément pas s'éclater en paix sans que sa gueule finisse sur un avis de recherche à 100 000 pièces d'or, ma parole. Mais le fait de devenir une cible a ses avantages. Puisque j'ai pu effectuer l'échange le plus épique que j'ai jamais effectué de toute ma chienne de vie ! Cette rouquine des cinq chevaliers royaux de Valm. Notre échange était légendaire. Impossible de déterminer qui était la gagnante et la perdante. Mais on s'en fichait. Je n'ai jamais vu une lame plus solide et plus impénétrable que la sienne. Et alors que la vie me réserve souvent de sacrées surprises, cette même lame de la justice est devenue du jour au lendemain la lame d'une fugitive, comme moi. Et que cette même représentante de la justice décida de me recruter en me promettant que mon art sera employé pour de bonnes raisons. Moi qui était solitaire et infidèle, je fus pour la seconde fois de ma vie obsédée par une autre épéiste. Cette Scylla m'épatait. Elle représentait la quintessence du maniement du sabre. Et pas seulement. Les "Black Fang" avait regroupé de nombreux as de la lame. Comme cette Sarena de Khadein également, qui était un sacré morceau. Voir autant de combattants d'élites regroupés sous la même bannière et qui prônaient la même liberté de vivre que moi, cela m'excitait. Alors j'ai fais une croix à mon errance sans comprendre pourquoi. Je suis une "Black Fang". Et bien que je partage pas forcément les idéaux justiciers de ma nouvelle patronne, je combats à ses côtés car elle satisfait la soif de sang de mes sabres. Et quand mes katanas seront rassasiés, je la retrouverais, cette kunoichi démoniaque, et je me confronterais à elle, afin de valider ma philosophie...

Ce soir, j'étais assise au bord d'une colline, à attendre un signal de ma patronne depuis une ville reculée de Brodia qui est devenue le sanctuaire d'un troupeau de truands. Je n'étais pas seule. J'étais avec Sarena et Raven, deux de mes collègues. Nous patientions tranquillement, ce qui me laissait suffisamment de temps pour boire une gourde de saké que j'avais embarqué avec moi. Ce n'est pas parce que je suis en mission que je dois rester droite comme un piqué à observer les étoiles jusqu'à ce qu'un éventuel feu d'artifice éclate. Autant se faire plaisir, ce saké pourrait être le dernier après tout. J'ai appris à ne jamais sous-estimer mes adversaires, qu'ils soient samurai, ninjas, chevaliers ou simples brigands. Donc jusqu'au bout, je garde le sourire, la banane et ma précieuse gourde qui m'accompagne toutes les nuits. Je la tendais en direction de Sarena. J'ai quand même été suffisamment bien éduquée pour savoir partager.

Spoiler:

- Une petite gorgée, mon amie ?

- Toujours en train de boire en pleine mission. Si Scylla avait connaissance de ton attitude désinvolte pendant qu'elle se démerde pour faire taire ce baron de la drogue, elle t'arracherait les oreilles.

- Scylla est probablement en train de trinquer dans le cadre de son infiltration, alors chut ! Puis je trouve ça marrant, ce type de réflexion venant d'un pirate.

- La piraterie est derrière moi. Cette vie de débauche ne me convient plus.

- Tu dis ça pour bien te faire voir devant Sarena, hein ?

- Ouais, un peu. Ne le prends pas mal, Sarena, mais travailler aux côtés de deux grands chevaliers de Valm, ça me fout le trac. Mets ça sur le compte d'anciennes expériences traumatisantes du temps où j'étais un voleur. Pas un jour sans que je doive prendre la poudre d'escampette devant un chevalier de Valm, haha.

- Le principe de notre guilde, c'est la liberté. On s'en fiche de ton passé, idiot. A notre retour, montre que t'en as dans le froc et trinque avec Scylla et Sarena d'égaux à égaux ! Tu sais que les filles de mon genre aiment les garçons qui se lâchent et aiment faire la fête ?

- Sauf que les mecs de mon genre n'aiment pas trimbaler ton beau cul jusqu'à ta chambre parce que tu comates au bout du 15ème verre.

Raven était un ancien pirate, donc sur le papier, il ne vaudrait pas mieux que les gaillards que nous cherchons à faire taire ce soir. Mais ce qui lui a permis de gagner les faveurs d'anciennes justicières comme Scylla et Sarena, c'est le fait qu'il se prenait pour un personnage de fiction pour enfants. Le genre "Robin des bois", quoi. En effet, il vidait les caisses des bourges pour les redistribuer au pauvre, puis disparaissait comme le vent avec sa troupe de flibustiers. Seulement, bien qu'il cherche à se la jouer cool et charmant devant moi, ou d'autres membres de la guilde comme Yuna, il a l'air d'un petit chiot apeuré devant nos alliées originaires de Valm. J'admets qu'elles peuvent faire peur, mais elles ont un grand coeur au fond. Quand à Raven, il est beau garçon, mais il ne me prends jamais au sérieux. Dommage.

- Et donc ? On attend quoi exactement ? Parce qu'à ce rythme, tu ne seras plus opérationnelle pour la mission, Haruka. Tu sais ce que c'est, faire une pause entre chaque gorgée ?

- T'as encore séché les cours ou quoi ? Mauvais garçon ! Scylla nous a expliqué qu'elle s'occupe d'infiltrer le manoir de Ludr, de l'assassiner avec la ricine de Lambert, puis, elle attirera l'attention d'un maximum de brigands pour qu'on puisse, de notre côté, agir tranquillement afin de libérer les otages.

- J'ai compris, ça ! Je parle du signal qui nous permettra d'agir et de rejoindre Scylla ! Elle nous a pas précisé ce que c'est, ce fameux signal !

- Elle a pas besoin de préciser. Tu connais pas notre patronne ? Oh, j'ai une idée croustillante. Et si nous faisions un petit pari ? Je parie qu'elle va provoquer un magnifique océan de flammes chez Ludr, afin d'attirer notre attention et celle des ennemis.

- Nan, Scylla cherche toujours des méthodes différentes pour se faire remarquer. Elle n'aime pas être originale. Bref, quels sont les enjeux ? Si tu t'es planté, je t'ordonne d'arrêter de picoler pendant un mois complet !

- Si j'ai raison, tu sera forcé de nous inviter, Scylla, moi et Sarena au meilleur restaurant grill de la région. Donc en somme, je parie 5 brochettes de bison, 10 fingers de travers de porc caramélisés, 4 steak de bœuf mariné grillé aux 3 poivres, et 5 filets de poulet cajun. Oh, oublions pas les accompagnements. Je veux une méga portion de frites au cheddar avec morceaux de bacon, et un grand cocktail à base de vodka et de liqueur de pêche. Ton compte en banque va flamber comme jamais, mon pauvre ! Sarena, tu me rejoins sur ce coup ?

- Jamais de la vie, idiote ! C'est bien trop risqué comme manoeuvre ! C'est pas juste les gardes du corps de Ludr qu'elle va attirer vers sa position, mais tout l'équipage à ce stade ! Scylla a passé l'âge de...

Soudain, un imposant torrent de flammes était visible depuis notre position. Inutile de se questionner davantage, ça, c'était signé Scylla. Et il s'agissait également de son fameux signal pour nous demander d'intervenir.

- Et merde...

- Yay ! Saucisses grillés aux herbes, me voilà !

- Ce n'était pas inclus dans le menu que tu as parié, imbécile !!!!

Sous l'excitation et devant la tronche dépitée de Raven, je démarra une petite danse provocatrice face à lui tout en chantonnant. Mais cette danse n'allait pas durer bien longtemps. D'une, parce que je sentais dans le regard de Raven une envie irrésistible de m'étrangler. De plus, Sarena allait probablement nous ordonner d'agir, maintenant que Scylla semble avoir réussi à foutre le bordel dans la ville. Alors avant qu'on entende la meilleure amie de notre patronne nous aboyer dessus, nous nous apprêtions à quitter cette jolie colline où j'avais posé mon postérieur pour rejoindre les ruelles de la cité. Une fois passés les remparts de la ville, nous avons pu constaté que Scylla avait fait mouche. Maintenant que la propriété de Ludr est en train de flamber, tous les brigands qui ont élus domicile ici accouraient vers cette même propriété qui sera bientôt un tas de cendres. Même si il était naturel pour nous de nous faufiler de ruelles en ruelles afin de ne pas se faire attraper, nos ennemis ne réalisaient même pas notre existence. Ils étaient trop focalisés à courir vers le lieu de l'incendie pour vérifier si nous étions du coin ou non. On pouvait presque se balader tranquillement au milieu d'une foule en panique. Le seul bémol, c'est que nous ne savions pas où nous diriger. Où se trouvaient les otages ? Si Scylla a mis le feu à la baraque de Ludr, c'est qu'ils sont probablement enfermés ailleurs. Mais où ? Cependant, la question n'allait pas me tarauder éternellement. Puisqu'en observant le ciel, je pus remarquer une salve enflammée qui venait de rejoindre les étoiles avant d'éclater puis disparaître. Nous avons conclus aisément que Scylla nous donnait les coordonnées de sa position. Nous nous dépêchions de nous diriger vers le lieu de ce nouveau signal, tandis qu'on partait dans le sens opposé de la plupart des brigands. Et c'est là que nous nous retrouvions devant une énorme église situé au beau milieu d'une imposante place.

- Hey ! Par ici !

Notre patronne était cachée dans un buisson près de l'entrée de l'église. Ravie de la revoir saine et sauve, bien que je n'ai jamais douté d'elle, j'accourais vers elle, suivie par mes deux compagnons.

- Vous voilà. La première phase de notre mission est un succès.

- Désolé d'avoir douté de toi, patronne.

- De quoi est-ce que tu parles, Raven ?

- Longue histoire. Attends toi juste à profiter d'un festin pour rois à notre retour, offert par notre cher Raven ici présent !

- Encore une histoire de pari, je présume ? Ravie de voir que l'attente n'était pas trop longue. Bref, c'est à vous de jouer. Je suis restée dans l'ombre quelques minutes en attendant votre arrivée. J'ai pu voir qu'une bonne quinzaine de brigands sont sortis de cette église pour se ruer vers le manoir. Ces porcs n'ont aucune discipline, aucun self-control, ils se ruent en masse vers ma diversion. Mais je ne pense pas que cette même diversion fonctionnera éternellement. Il nous faut donc se dépêcher. Les otages se situent dans le sous-sol de cette église selon notre cible, éteinte en ce soir. Tous les trois, je veux que vous vous chargez de la libération des otages. Je ne promets pas que tous les brigands en charge de la surveillance des prisonniers sont allés prendre l'air. Mais vous savez évidemment ce que vous devez faire dans ce type de situations.

- Et toi, patronne ?

- Je reste ici pour sécuriser l'entrée. Vous êtes doués au combat, mais il est toujours inapproprié de se battre si vous devez escorter un groupe d'innocents, faibles et fragiles. Surtout en intérieur. Cela représenterait un fort inconvénient si une meute de brigands faisait preuve d'intelligence et déciderait de revenir ici après avoir compris que le meurtre de Ludr a surtout servi à faire diversion. Je m'occuperais de les retenir pendant que vous tenterez de vous évader avec les prisonniers.

- Bien reçu.

Avec Raven et Sarena, je pénétra donc dans l'église, sans être légèrement amère encore une fois. Scylla a beau être une merveilleuse leader, et une amie hors pair, elle a un énorme défaut. Un défaut qui, je le redoute, pourrait se retourner contre elle. Elle se la jouait trop perso par moment. Elle refusait souvent de se battre à nos côtés, quitte à prendre des risques évidents pour que nous n'ayons pas besoin de nous y confronter. Car souvent, c'est elle qui gérait le plus gros des opérations. Était-elle inquiète pour nous ? Ou trop sûre d'elle ? Je ne pense pas qu'elle était imbue de sa personne. La première option me semble la plus plausible quand on connait le passif de cette ex-militaire au service de Valm. Bref, quoi qu'il en soit, nous nous contentions, sans discuter, de respecter les ordres de notre commandante. Au rez-de-chaussée, nous n'avions guère besoin de nous inquiéter de la présence de potentiels ennemis, car il n'y avait personne. Alors nous continuions notre excursion au sein de ce bâtiment, pour enfin trouver le sous-sol que nous recherchions. Et une fois au sous-sol, nous avions plus l'illusion d'être dans une véritable prison que dans la cave d'un lieu sacré. Etrange. Ceux qui ont fondés cette ville étaient de très mauvais goût pour construire des cellules sous un lieu de recueil. On se croirait dans une secte à ce stade. Au fond, on ne connaissait pas grand chose des habitants de cette ville avant qu'ils ne soient remplacés par une troupe de brigands. Souvent, ce sont les lieux les plus discrets qui préparent les pires coups. Cependant, l'heure n'était pas au questionnement. Nous marchions sans trop faire de bruit, jusqu'à tomber, au fond d'un couloir, sur une porte en bois où nous pouvions entendre des voix retentir. Evidemment, quelques brigands étaient restés ici pour monter la garde malgré l'alerte causée par Scylla. Cependant, en analysant ce qu'on pouvait écouter derrière la porte, ils n'étaient pas plus que six ou huit à tout casser. Sarena, Raven et moi, nous nous faisions signe de pénétrer dans cette salle. Alors je mis au point une petite entrée surprise bien à moi. Je trancha avec mes sabres la porte, ce qui obligea ces brigands en train de becter de se lever de leurs chaises. Mais ils n'eurent même pas le temps de s'emparer de leurs haches que nous étions déjà en train de les trancher vivants. On a pris soin d'en garder un en vie pour l'obliger à nous conduire jusqu'aux prisonniers. Mais ce courageux mais peu téméraire brigand sortit un sifflet de sa poche et sonna l'alerte.

- Merde ! Fumier !

Sous l'impulsion, je planta l'un de mes sabres dans le crâne du malheureux qui n'avait qu'à se tenir tranquille. Et les renforts se sont vite précipités. De nouveaux brigands provenaient du couloir que nous avions empruntés. Et histoire de rajouter du délire au combat, le mur à notre droite se fracassa. Une sorte de géant, avec une grande hache qui faisait environ notre taille, apparut depuis le mur fracassé, et pour couronner le tout, il était équipé d'une grande armure qui semblait loin d'être facile à briser. J'imagine qu'il s'agit du gardien principal de la prison.

- Sarena, il est pour toi celui-là. On couvre tes arrières. Donc tu peux prendre le temps de t'amuser sans être dérangée !

Bien que je n'avais aucun doute que je pouvais trancher l'acier de l'armure de ce géant, je préférais passer mon tour à ma collègue. Pour la simple raison que Raven et moi sommes les plus rapides. On peut gérer un groupe de faibles ennemis en un temps record, et malgré que nous nous chamaillons fréquemment, notre alchimie sur le terrain est au poil. Sarena, néanmoins, possède la force de frappe la plus élevée de notre trio. Il m'arrive même de douter laquelle est la plus destructrice entre Scylla et Sarena. Mais dans les deux cas, la force des chevaliers d'élite au service de Heimler était terrifiante. Ce géant allait s'en mordre les doigts.
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Sarena

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MessageSujet: Re: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeDim 21 Mai - 12:39

La lune est magnifique ce soir. Bien que je sois une femme du soleil, j'apprécie la douceur d'un clair de lune. Comparé au soleil, brûlant, éclatant, faisant brûler les passions, la lune est douce, apaisante, revigorante pour l'esprit. Ces deux astres se complètent parfaitement. Il fut une époque où je n'aurais jamais songé à une telle pensée. Une époque où la lune n'était qu'une nuisance pour mon esprit. Une rivale à l'astre solaire que mon clan vénérait. Une adoration que je partageais avec eux. Nous pensions que le soleil était la source de notre force et courage. Si je détestais la lune, c'était car elle annonçait la nuit. Une nuit que je craignais, car je voyais mes forces et mon courage s'enfuir. Quelle stupidité. J'imagine que je peux mettre ça sur le dos de la jeunesse et de l'influence de mon clan. Mais il faut croire que vénérer un astre ne garantit pas la prospérité. La nuit n'a pas été nécessaire pour que mon clan se fasse décimer par un groupe d'occultiste dirigé par un cinglé fanatique qui voulait faire régner la foi. Ma famille se trouvait simplement sur leur chemin. Rien de plus, rien de moins. Cette bande n'était rien de plus qu'une secte, comme tout groupe de bandits. Dans ce genre de groupuscules, on ne se souci peu des dommages collatéraux. J'imagine que le fait d'être une magnifique jeune femme m'a sauvé la vie ce jour-là. Au lieu de me trancher la tête, ils ont préféré me garder comme trophée. J'ai été privé de la lumière du soleil pendant bien longtemps. Je me demandais sans cesse où il était ? Pourquoi il ne venait pas à mon secours ? Pourquoi il me laissait dans cet enfer ? Quand j'y repense, voilà une thérapie bien brutale pour sevrer une personne d'une croyance stupide. Il m'en a fallu du temps pour arrêter de prier une fausse divinité et de m'en remettre à moi-même pour me sauver. Heureusement, il m'a fallu bien moins de temps pour faire brûler la foi de ces fanatiques. Au sens propre du terme. Une seule nuit, un clair de lune, c'est tout ce dont j'ai eu besoin.

La vengeance n'a cependant pas été mon moteur ce jour-là. Si mon clan a été éradiqué, c'est uniquement leur faute. Exactement comme ce groupe d'occultiste, qui a lui-même ramené l'arme de sa propre destruction chez lui. Au moins, cette mésaventure m'a permis de réaliser que ma force ne dépendait que de ma volonté. Une fois que j'ai revu le soleil, je ne voyais plus une divinité, mais un simple astre qui permet à ma peau de garder un éclat impeccable. Au final, c'est la nuit qui m'a indirectement sauvé. Quelle ironie. Néanmoins, le soleil reste quand même mon préféré. Il met en valeur ma beauté, ma peau et les reflets blonds de ma chevelure. Que ce soit mon indépendance en tant que mercenaire ou chevalier de Valm, j'ai toujours pour ambition de maintenir une apparence parfaite. Pour certains, c'est vaniteux, pour d'autres prétentieux, alors qu'en réalité, c'est juste parce que je trouve la guerre et les champs de bataille laids. À l'époque où j'étais mercenaire, je n'étais entourée que de pochtrons qui prenaient certainement la douche pour une légende. Au milieu de cette débauche humiliante et répugnante, je voulais sortir de l'ordinaire du cliché. Rien de plus. Mais si les autres aiment penser que je suis vaniteuse ou juste prétentieuse, grand bien leur fasse. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à faire de leur avis. Je vis ma vie comme je l'entends et le décide. Et j'ai décidé qu'avoir du style et une beauté ardente sur un champ de bataille était important pour trancher la tête d'un ennemi. J'ai d'ailleurs rapidement hérité d'un titre lorsque j'étais mercenaire : Crinière Ardente. Un titre qui me suit toujours aujourd'hui, même après toutes mes aventures, que ce soit en tant que mercenaire, chevalier de l'empereur, ou actuellement, membre des Black Fang.
Spoiler:

Je pense enfin avoir trouvé ma place au sein de ce groupe. Peut-être parce qu'avec Scylla et Lambert, nous faisons partie des pionner ? Aucune idée. Il y a sûrement un peu de ça, mais à mon avis, c'est surtout ce sentiment de liberté que je ressens depuis que je mène cette vie au sein de ce groupe. Bon, mes dépenses en vêtements et autres joies du shopping ont dû être revues à la baisse, comparée à l'époque où j'étais chevalier. Mais il faut bien faire des sacrifices dans la vie. Ma vie de justicière me paraît si loin. Ce clair de lune m'apaise finalement un peu trop. Il ne faudrait pas que je me ramollisse, car bientôt, la lune va virer au rouge. Le rouge du sang.

- Volontiers, répondis-je, en me saisissant de la gourde, buvant une bonne gorgée, pas mal. Tu as toujours un excellent goût pour dénicher du bon alcool, Haruka.

J'apprécie cette jeune femme. Elle est dynamique et efficace. Une personne digne de confiance sur un champ de bataille. Haruka est le genre de personne que j'aime avoir à mes côtés autant sur le terrain que dans une taverne. Surtout, dans une taverne. Bien qu'elle a tendance à emmener la taverne avec elle parfois en mission. Mais je lui fais assez confiance pour savoir où se trouve la limite.

- Si tu y tiens vraiment, Raven, je peux te donner une raison de prendre la poudre d'escampette, répondis-je, en lançant un clin d’œil à Haruka, je commence à languir sur cette colline.

Cet ancien pirate est un bon bougre. Lorsque nous l'avons recruté, il se prenait pour un justicier avec son équipage. Franchement, voler aux riches pour redistribuer aux pauvres, quelle idée. Il n'y a que dans la fiction où il n'y a aucune retombée. Mais derrière son côté justicier de conte de fées, il m'est vraiment sympathique. Il me fait rire avec son attitude de prince charmant. Mais en comparaison avec Haruka, je ne lui confierais pas ma vie sur un champs de bataille. Il manque encore trop de confiance en lui. Le jour où il sera capable de me voir, Scylla et moi, comme des amies, à ce moment-là, je pourrais considérer à lui confier ma vie. Mais pour l'instant, c'est plutôt à la crinière ardente, de veiller à ce que son petit cul de Robin des bois file le bon chemin.

- Si c'est Robin des bois qui invite, avec plaisir, je vais suivre. Je rajouterais également l'obligation de trinquer avec moi et Scylla au restaurant.

Quelques secondes après ce pari qui va coûter cher à notre pauvre robin des bois, des flammes s'élevèrent jusqu'au ciel, parfaitement visible de notre position. Pauvre Raven, il a vraiment sous-estimé notre Scylla nationale. Mais il aura bien le temps de se morfondre, lorsque nous serons au restaurant. Pour l'instant, cet océan de flammes était le signal. Il était temps que la lune devienne rouge.

- Allez, fini la danse et l'alcool, c'est l'heure de se rendre à la fête.

Nous arrivâmes rapidement dans la ville, après avoir descendu la colline. La diversion de Scylla était efficace, tous les brigands se ruaient vers la demeure de leur chef. De véritables chiots apeurés. On pourrait presque se balader une arme à la main qu'il ne nous remarquerait même pas, tellement c'était le désordre dans leur tête. Néanmoins, si les brigands n'étaient pas un souci, les otages qu'on avait pour mission de libérer en étaient un gros de souci. Car nous n'avions aucune idée où ils pouvaient bien se trouver. Au moins, on pouvait rayer de la liste, la demeure de l'ancien chef de meute. Par chance, nous n'allions pas devoir fouiller chaque recoin de la ville, car Scylla nous faisait le plaisir d'indiquer sa position. J'imagine qu'elle a certainement une idée d'où se trouve les otages.

- Heureusement que nos amis les brigands sont trop paniqué pour remarquer ce feu d'artifice. Il faudrait que je dise à Scylla de revoir un jour sa définition du mot discrétion...

Nous arrivions finalement au lieu du signal. Une imposante église au milieu d'une grande place nous servait de décor. Quant à Scylla, elle s'était cachée dans un buisson adjacent à l'église. Un buisson que rejoignit Haruka d'une vitesse impressionnante. Elle n'a quand même pas eu peur pour Scylla ? L'enfer lui-même ne voudrait pas de cette femme.

- Sympa le feu d'artifice, Scylla.

Nos retrouvailles allaient être de courtes durées, car Scylla avait réussi à obtenir du chef de meute, la localisation des otages. Ils se situaient au sous-sol de cette église. Et ça allait être à nous trois de descendre, ma chère amie agissant comme souvent, seule, à garder l'entrée. C'était une stratégie logique, mais n'importe qui d'entre-nous aurait pu accomplir cette tâche. Bien que je sache la raison à cette attitude, il faudra que je lui en retouche deux mots à l'occasion. J'aimerais éviter qu'un jour, ça lui porte préjudice. Mais à l'instant, ce n'était pas le moment d'en discuter. Je pénétrais donc, avec mes deux comparses, à l'intérieur de l'église. Une fois à l'intérieur, c'était étrangement calme. Atteindre le sous-sol ne nous a pris que quelques secondes. Bien que sur le coup, ça ressemblait plus à une prison qu'à un lieu de culte. C'était étrange. Pourquoi construire une église avec une prison en guise de sous-sol ? J'avais un mauvais pressentiment, et malheureusement, je fais partie d'une race qui a un très bon sixième sens pour sentir le danger. Dans tous les cas, peu importe les architectes qui ont construit cet endroit, ils n'avaient pas de bonnes intentions. Mais le moment était mal choisi pour se poser des questions à ce sujet. Je pouvais entendre des voix retentir de derrière cette porte en bois. C'était prévisible, que quelques chiots gardent le sanctuaire. Mais à examiner la situation et les voix audibles, ils ne devaient pas être plus de six ou sept. D'un signe de la tête, j'invitais mes compagnons à pénétrer dans cette salle.

- Après toi, Haruka.

Ni une ni deux, Haruka fit le choix d'ouvrir la porte de la façon la plus tranchante qui soit. Je m'inquiète pour l'état de santé mentale de cette fille parfois. Ces pauvres chiots étaient aussi surpris que cette défunte porte. Ils finirent d'ailleurs de la même manière. On en garda juste un vivant, pour l'interroger sur la position des otages et de nous y conduire. Nous n'avions juste pas anticipé qu'il avait un sifflet dans sa poche et qu'il allait être si courageux. Car il savait que s'il sortait ce sifflet, il allait mourir. Et c'est exactement ce qu'il lui arriva. Mais c'était trop tard, les renforts arrivaient. J'étais impressionnée par le nombre qui débarquait suite au coup de sifflet. Je commence à penser que ce sont réellement des chiots. Néanmoins, une espèce de gorille fracassa le mur à notre droite. La hache qu'il lui servait d'arme faisait bien ma taille. Il était équipé d'une armure assez solide à vue d'œil. Mais rien d'insurmontable. Ce devait être le gardien de la prison. Un gardien qui allait être pour moi, visiblement.

- Ça tombe bien, je commençais à m'ennuyer avec les amuse-gueule.

Ce gorille est vraiment énorme. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans la soupe que sa mère lui faisait boire, mais ça devait être balèze. Dans tous les cas, je n'ai pas envie d'imaginer les parents. La hache de ce gorille s'approcha soudainement de ma position. J'esquivais sans peine ce coup qui s'écrasa sur le sol avec violence. Mais je devais reconnaître qu'il était tout de même vif, pour un gorille de cette taille. Ce coup était plutôt rapide vu l'engin qu'il trimballe. Visiblement, ça ne lui a pas plu que j'évite son coup. Il hurla un bon coup et commença à charger comme un sanglier enragé. Si je l'évite, il va certainement exploser un mur et je n'ai pas réellement envie que le sous-sol s'effondre. Je vais devoir lui montrer que la taille ne fait pas tout. Je positionnai ma lame en garde, prête à encaisser la charge. Une charge surpuissante qui se fracassa sur ma lame. Je reculais de quelques centimètres, mais je restais solide sur mes appuis, jusqu'à ce qu'il s'arrête complètement. À ce moment, je le repoussais d'un vif mouvement de lame. Il revint à la charge assez rapidement, à balancer sa hache dans tous les sens, espérant me toucher avec de la chance. Ce gorille était le cliché typique du gros balourd qui mise tout sur la force, mais qui n'a rien dans la tête. Je pourrais me débarrasser d'un tel déchet en une contre-attaque avec ma lame, tellement il avait d'ouverture, mais parfois, il faut savoir profiter des bonnes choses. J'esquivais un dernier coup et me positionnai à une distance de sécurité, le temps de planter ma lame dans le sol et de frapper mon poing dans ma main. Ce type, j'allais me le faire à l'ancienne, au bon vieux corps-à-corps.

- Allez, approche l'ahuri, je vais t'enseigner une leçon.

Je ne sais pas s'il me comprend, mais me voir le provoquer a l'air de l'énerver. Tant mieux. Ça veut dire qu'il est assez intelligent pour réaliser ce qu'il va se passer sous ses yeux. Il me fonça de nouveau dessus avec sa hache armée, prête à s'écraser avec fracas sur mon magnifique corps. Sauf que cette fois, je n'avais pas esquivé. À la place, j'avais arrêté la hache avec mes deux mains, à quelques centimètres de ma tête. Il avait de la force ce gorille, c'était indéniable. Mais pas assez. Je repoussais sa hache avec force, puis profitant de son déséquilibre, j'enflammais mon poing et l'envoyai droit dans son abdomen. L'armure qui le protégeait à ce niveau explosa en morceau, faisant tituber le gorille. Je n'attendis pas pour enchaîner et lançais à mon tour la charge. J'arrivais rapidement à sa position, bien trop vite pour son temps de réaction inexistant. Je lui envoyai un nouveau coup de poing au niveau de l'armure brisée. Cette fois, le sang commençait à couler. J'enchaînais avec plusieurs coups de poings enflammés dans son gros bide. C'était excellent. J'avais l'impression de frapper un punching-ball. Après ce déchaînement, je lui envoyais un uppercut dans la mâchoire. Cette fois, c'était au sol que je l'avais envoyé avec fracas, sa mâchoire ensanglantée et brûlée.

- J'ai tapé trop fort ? Excuse-moi, je pensais que tu étais un mannequin d'entraînement. Quoi que, j'ai déjà tapé sur des mannequins d'entraînement plus solide que toi.

Ce gorille me fit tout de même l'honneur de se relever, toujours plus enragé. Je dirais même que cette fois, il était totalement hors de contrôle. Ça pouvait devenir dangereux pour mes alliés et surtout le sous-sol, s'il commence à foncer partout avec sa hache et à tout fracasser. Il est temps que je l'envoie rejoindre son chef. Je n'allais pas lui laisser le temps de faire plus de dégâts. J'invoquais une nouvelle fois des flammes dans mon poing droit. Mais cette fois plus intense. Plus ardent. Quand j'étais fin prête, je fonçais avec une grande vitesse, telle une flamme, droit sur le gorille. J'écrasais mon poing sur son abdomen à peine une seconde plus tard, et déployant dans la seconde suivante toute l'ardeur accumulée dans mon poing. L'instant suivant, son dos éclata comme un ballon, avec une énorme gerbe de flammes qui venait de le transpercer. J'aurais pu lui faire éclater l'abdomen, mais je ne voulais pas être recouverte de sang. Donc, pour éviter ça, on fait éclater ses organes internes et on envoie une impulsion ardente pour le faire imploser sous la pression de la chaleur.

- Il fallait boire moins de soupe et boire plus de lait, mon gros.

Finalement, lorsque je me reculai, le gorille s'écroula comme une pierre, dans un fracas des plus satisfaisant. Plus c'est gros, plus ça fait mal. Je prendrais bien sa hache comme trophée, mais je n'ai aucune idée où je pourrais bien foutre ça une fois à la maison. Dans tous les cas, je me reculais davantage, maintenant qu'une mare de sang commençait à s'étendre. Je pouvais voir quelques organes baignés dans ce lac. Dégoûtant.

- Fichtre, j'ai du sang sur mes bottes...

Je secouais ma jambe droite pour faire partir le sang de ma botte, puis je ramassai ma lame. Heureusement que le restaurant ce n'est pas pour ce soir, car je crois que j'ai certainement coupé l'appétit de mes camarades sur ce coup. Je crois que j'ai un peu trop pris au mot mon titre de Crinière Ardente. Navré.
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Scylla

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MessageSujet: Re: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeVen 2 Juin - 12:42

Comme d'habitude, nous n'avions rencontré aucune difficulté à faire le ménage. Bien que nous avions laissé de sacrées traces de notre passage sur le coup. Entre Sarena qui s'était tellement fait plaisir que les organes du chef ennemi reposaient sur le sol, et moi qui avait démembré tout ce qui était sur mon chemin, Raven devait probablement se demander qui était la plus timbrée de nous deux. Bien que Scylla battait tous les records quand elle était motivée. J'avais laissé quelques morceaux à mon ami, mais ce dernier se contentait d'assassiner ses ennemis sans trop faire couler le sang. Finalement, les pirates ne sont plus ce qu'ils étaient.

- Erk... Bon appétit bien sûr !

- Envie de prendre tes jambes à ton cou, beau gosse ?

- Vu que Scylla me poursuivrai jusqu'au bout du monde si j'ai le malheur de déserter, non, je passe.

Assez déconné. D'un coup sec, je remuais mon katana vers le bas. Les traces de sang de mes victimes giclèrent jusqu'au mur à ma droite. Il faudrait peut-être qu'on trouve une autre issue pour évacuer les otages, car j'imagine déjà ces derniers être traumatisés par les mauvais traitements que Ludr leur a fait subir. Inutile de les traumatiser davantage, cela va de soi. Mais avant tout, il fallait les retrouver. Hélas, les ennemis se sont trouvés très peu coopératifs. Alors il fallait qu'on la joue classique. On allait devoir fouiller chaque couloir de ce sous-sol. Cela nous a bien pris dix minutes à explorer le donjon en question. Nous n'avions pas croisé d'ennemis entre temps, il fallait croire qu'on avait vraiment totalement fait le ménage. En revanche, nous n'avions pas prévu que le sous-sol serait aussi large. C'était vraiment une prison qui était construite sous l'église. Cela n'avait aucun sens. Bref, cela m'inquiétait. Bien que nous n'étions pas en danger à proprement parlé, dix minutes, c'est long et c'est toujours un temps où Scylla doit se débrouiller sans nous. Mais finalement, la libération arriva enfin car nous entendions des hurlements au loin. Nos bruits de pas ont du être entendus par les otages car enfin, nous sommes parvenus à les retrouver. Tout le long d'un couloir, plusieurs cellules étaient aménagées à gauche comme à droite. Et en observant ces cellules, le constat était assez dramatique. Si tous les otages se situaient ici, ils étaient peu nombreux. Cette ville comportait plusieurs centaines d'habitants selon les informations de Lambert. Et là, nous n'avions retrouvé qu'une vingtaine d'otages. Toutes des femmes et des enfants, souillés de la tête aux pieds. Cela pouvait paraître bête d'avoir risqué nos vies alors que la situation de cette ville est pratiquement réglée. Pourtant, si on pouvait permettre un avenir à ces personnes, aussi peu nombreux soient-elles, notre combat en valait la chandelle. Moi qui en ai eu toujours rien à foutre de la vie des autres, je remercie quand même le ciel de m'avoir permis de survivre à la chute du clan Nakatomi. Peut-être aussi que traîner avec deux justicières m'a légèrement changé. Quoi qu'il en soit, je remédiais au léger souci qu'aucun des gardes ne possédait la clé des cellules. Je tranchais les barreaux qui retenaient prisonniers ces pauvres gens. Bien vite, nous furent encerclés par les otages qui semblaient nous offrir leur reconnaissance éternelle. Certaines femmes semblaient même prier dans une langue complètement étrangère. Malgré que je suis une combattante solitaire et que lorsque mes deux katanas sont rangés, je passe le plus gros de mon temps à boire et fêter, je reste une jeune femme qui a été instruite à l'histoire d'Atrium et à ses différentes cultures. Je connais beaucoup de langues étrangères. Mais celle-ci, je ne l'ai jamais entendu de toute ma chienne de vie. Quelque chose ne tournait pas rond, décidément, avec cette mission. Mais pour l'heure, je balança la seule réponse qui me vint à l'esprit, aux prières indéchiffrables de ces otages.

- Venez ! Si vous voulez rester en vie, restez avec nous.

***

Dix, vingt, trente. Les renforts continuaient de pointer leur nez. Je n'avais aucun mal à les gérer seule. Mais je commençais à me questionner sur l'avancement de la mission concernant mes trois collègues. J'ai une foi inébranlable envers eux. Mais il s'agit d'un simple sous-sol pourtant, ils devraient déjà être revenus, avec ou sans les otages. Donc vu le temps qu'ils mettaient à remonter, j'en déduis que quelque chose ne coïncidait pas avec ma logique. J'avais enfin un semblant de paix avec ces brigands. Vu le nombre de types que j'ai buté à l'instant, plus ceux qui ont finis incinérés dans le manoir de Ludr, je suppose qu'il ne devrait plus rester grand monde à abattre. Alors je décida qu'il était grand temps d'en avoir le coeur net. J'ouvris les portes de l'église qui grincèrent légèrement. Cet endroit sombre et lugubre ne m'inspirait pas confiance. Je n'ai jamais été une fervente croyante. Trop sectaire pour moi. Je m'avançais délicatement tout le long du nef du bâtiment, l'arme prête à trancher le moindre suicidaire qui tenterait de me surprendre. Le calme était au rendez-vous. Ok, c'était sûr à en crever. Je vais bientôt combattre quelqu'un. Quand il y'a un silence pareil qui règne dans l'atmosphère, c'est le signe que je vais faire une rencontre infortunée. Alors que je m'avançais à pas prudents encore et encore, je vis enfin cette supposée rencontre. Je l'avais parié, c'est dingue comment mon instinct me trompe jamais. Au beau milieu du croisée du transept, je vis un homme portant une tunique blanche me faire dos. La question en or qui me venait soudainement à l'esprit était: comment a t'il fait pour rentrer ? Comment aurait-il pu tromper ma vigilance ? Ou alors, autre hypothèse, était-il là depuis le début ? Dans ce cas, est-ce que mes compagnons ont croisé cet individu ? Pour finir, la question la plus importante: ami ou ennemi ? Il va falloir que j'interroge cet homme qui, enfin, eut la courtoisie de se retourner. Et à cet instant, un léger choc me parcourut. Je connais cet homme. Oui, nul doute là-dessus. Je le connais très bien... Et je croyais qu'il était six pieds sous terre. Qu'est ce que cela signifie ?

Spoiler:

- Toi... Je me souviens de toi. Tu es Seto, n'est ce pas ?

- Oh ? Scylla de l'ordre des chevaliers royaux de Valm ? Une rencontre bien inattendue, ma foi. J'ai eu connaissance de ton coup d'état qui s'est conclut en échec. Je suis surpris que tu sois toujours en vie. Heimler ne laisse jamais la moindre trahison impunie.

- Je pourrais te répondre réciproquement. Je pensais que notre cher ami n'avait laissé aucun survivant parmi les "Fafnir". Tu étais même une cible prioritaire pour lui, à partir du moment où tu étais le digne héritier pour diriger ce clan sacré.

- Désolé de te décevoir, mais un simple humain ne peut trancher un dragon de sang noble tel que je suis. Il en faudra bien plus que quelques chevaliers, peu importe leurs rangs, pour me pourfendre.

Les "Fafnir" sont un clan, ou plutôt les membres d'une secte qui vénéraient une divinité de la race des dragons qui existaient il y'a plus de deux millénaires. Je les ai toujours pris pour des timbrés, à prier un Dieu qui n'a jamais pointé le bout de sa gueule sur Atrium. Mais ma vision de ces mages à tuniques blanches a légèrement changé lorsque Heimler les engagea pour aider Valm a terrasser la crapule et tout ce qui représentait une menace majeure à nos opérations. En règle générale, les sectes religieuses prônent la non-violence, et de ce que j'ai entendu, à travers tout Atrium, il existerait douze religions différentes. Mais les Fafnir, eux, n'ont aucun problème à employer la force pour terrasser ce qui peut corrompre Granvall. De ce fait, il m'est arrivé à de très rares occasions d'apercevoir le grand maître de cette tribu, accompagné par cet homme, Seto Yagami. Un homme prometteur qui devait guider le peuple des Fafnir vers la liberté et la terre promise. Des promesses complètement délirantes pour une athéiste comme moi. Quoiqu'il en soit, en tant que chevalier royal de Valm, je devais régulièrement me pointer lors des conférences avec notre ancien empereur, Heimler, et c'est là que j'apercevais Seto. Mais il était discret, mystérieux. En réalité, je le trouve très beau gosse, mais son côté silencieux et ténébreux ne me plaît pas des masses. Et vu le regard foudroyant qu'il était en train de m'adresser, j'en déduis que je peux rajouter un léger côté rancunier dans sa personnalité. Après tout, Heimler, du jour au lendemain, ordonna l'extinction du clan "Fafnir", sans donner d'explications plausibles. Ce fut Lancelot, un autre des chevaliers royaux, qui eut la lourde tâche de diriger l'opération qui consistait à éliminer ces mages blancs. Il faut croire que leur dieu les avait abandonné cette triste nuit.

- Ecoute, Seto. Je suppose que tu dois me détester. Après tout, je représente pour toi l'outil de la destruction de tes proches, de toutes les personnes que tu as aimé et chéri. Mais je n'ai jamais accepté cette décision de la part de Heimler d'éradiquer ta famille. Ni moi, ni Sigurd, n'avions accepté une décision aussi radicale et aussi dénuée d'explications.

- Silence ! Je n'écouterai plus jamais la moindre fourberie provenant d'une langue de vipère originaire de Valm. Vous nous avez trompé, chevaliers royaux ! Vous avez profité de la faiblesse de l'une des nôtres pour pénétrer sur notre territoire et souiller notre clan de vos lames corrompues !

- Qu'insinues-tu par là ?

- Notre trépas est arrivé peu de temps après que notre grand maître a donné sa bénédiction à ce satané Sigurd. Parmi nos commandements, nous nous sommes toujours assurés de ne jamais introduire le moindre étranger à notre confrérie au sein de notre territoire. Mais malgré mes avertissements, il a laissé cet homme rejoindre notre grande famille. Et peu de temps après, nous avons été assailli par Heimler alors que nos défenses étaient affaiblies. Vous avez trahi la confiance des dragons divins. Et cela, c'est un crime qui ne restera pas impuni.

Pour reprendre les termes de Seto, mon ami Sigurd a connu une histoire d'amour avec une Fafnir, du nom de Diadora. Une jeune femme pure et délicate, tout l'opposé de moi. Sigurd était fou d'elle et donnerait sa vie pour elle. Il a toujours été un chevalier au sens propre du terme. Et sa bravoure est parvenu à gagner la confiance des Fafnir. Sigurd était considéré comme l'un des leurs, et un mariage était en vue. Mais alors que Sigurd et Diadora allaient connaître un avenir radieux, et qui m'enchantait moi-même car Sigurd était comme un frère pour moi, Heimler a vu cette union comme une trahison de la part de mon ami. Même si les Fafnir nous aidaient indirectement dans notre combat pour la justice, Heimler refusait la moindre union entre un chevalier et une membre de ce clan. Je savais qu'au fond, l'empereur de Valm voyait ces pauvres dragons comme des outils lorsque l'armée de Valm était trop occupé pour ses sales besognes. Cette union indigne à ses yeux mena à une affaire à des proportions gigantesques. Pour commencer, le génocide. Et puis, Sigurd a été jugé parce que soi-disant, il voulait usurper le trône. Nous nous sommes battues, Sarena et moi, pour prouver son innocence. Mais Sigurd avait disparu avant-même que les troupes de Lancelot éradiquèrent les Fafnir. Il n'avait pas été tenu au courant de cette terrible opération et n'a donc, techniquement, rien pu faire pour secourir Diadora. La colère de mon ami était telle que ce dernier, finalement, se retourna contre Heimler. Pour ma part, j'étais prête à sacrifier mon titre de chevalier pour mon ami, et Sarena était d'accord avec moi concernant l'injustice des événements précédents. Alors tous les trois, nous nous sommes retournées contre Valm. Mais à peine nous débutions nos manoeuvres pour faire tomber Heimler que ce dernier prit connaissance de nos desseins, comme si un mouchard nous aurait vendu. Et nous voilà où nous sommes actuellement. Moi, Sarena et Lambert, un de nos plus fidèles alliés originaire de Valm sommes devenus des lames de la justice de l'ombre. Sigurd, quand à lui, a probablement rejoint les anges, car il avait été encerclé par une centaine de soldats pour nous permettre de fuir. Le jugement éternel de Valm a du s'abattre sur lui. Il n'y a pas une seule nuit où je ne pleure mon plus sincère ami. Et bien que j'aimerai également rétablir le nom des Fafnir, injustement écartés par ce tyran de Heimler, je crois que ce Seto va être difficile à persuader.

- Je te conjure de me croire si je te dis que l'amour de Sigurd pour Diadora était sincère, et que jamais Heimler n'a confié à mon ami la tâche d'espionner votre secte. Il a également renié son code de chevalier ainsi qu'une règle importante de son empereur pour la femme qu'il aimait ! Jamais il n'aurait souhaité une telle tragédie. Nous ne sommes pas ennemis, Seto. Alors baisse ta garde avec moi. Ta volonté de me zigouiller se lit à peine dans ton regard.

- Mensonges ! Vous n'avez rien fait pour empêcher cela ! Les chevaliers de l'ordre royal de Valm ont suffisamment de force et de pouvoir pour contester la décision de Heimler. Du moins, si vous étiez bel et bien en pleine démocratie comme vous vous vantiez du temps de notre alliance. Mais par cet acte de barbarie, Valm a montré ses vraies couleurs. Ce royaume est tenu par un dictateur raciste et hérétique.

- Si Sigurd a perdu la vie, c'est parce qu'il s'opposait à votre trépas. Je t'interdis d'insulter davantage sa mémoire, Seto ! Maintenant, l'heure n'est point aux querelles concernant le passé. Je dois passer et tu es sur mon chemin. Ecarte-toi d'ici ! Je ne sais ce que tu fiches ici, mais tu arrives comme un cheveu sur la soupe, dragon.

- Hélas, tout comme toi, ma présence ici est nécessaire. Et comme notre affrontement risque d'être inévitable d'ici quelques minutes...

J'étais suffisamment habile et sur mes gardes pour voir que Seto allait tenter de m'attaquer, et j'avais raison. Ce dernier envoya une sphère de lumière vers ma direction et je n'eus aucun mal à l'esquiver. Mais qu'est ce qui lui prend ?

- ... je suis au regret de devoir t'éliminer ici et maintenant. De toute manière, tôt ou tard, les chevaliers de Valm, anciens comme actuels, devront payer le prix fort. L'ère de Valm est sur le point de connaître un tournent décisif.

Alors là, comme tête de mule, cet homme est bien classé. Bien que je pouvais comprendre sa rage, si il n'était pas un minimum aveuglé, il verrait que je ne suis pas son ennemie. Il semble faire le lien entre l'histoire d'amour de Sigurd et le retournement de veste de Heimler. Alors pourquoi ne relie t'il pas notre coup d'état avec la destruction de son clan ? Il est vrai que nous n'avions rien pu faire pour empêcher une telle tragédie, mais qui aurait pu ? Nous faisions confiance à notre empereur, et nous avons eu tort. Mais je comptais, dans un sens, tout comme cet homme, rétablir justice après de tels actes de barbarie. Et si je devais écarter cet homme de mon chemin par le tranchant de ma lame, alors qu'il en soit ainsi. Je m'inquiétais quelque peu pour Raven, Sarena et Haruka, cela faisait trop longtemps qu'ils s'étaient engouffrés dans ce sous-sol. Hors de mon chemin, Fafnir. Mes amis sont peut-être en danger !
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Scylla

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MessageSujet: Re: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeSam 24 Juin - 10:41

Je ne faisais rien d'autre qu'esquiver ses offensives. Ce type n'était pas le prodige des Fafnir pour rien. Il enchaînait les sortilèges magiques sans effectuer la moindre pause. C'était énervant. D'habitude, un adepte des sortilèges magiques doit effectuer une rapide incantation ou une gestuelle précise pour faire appel à une attaque de type magique. Mais lui, il lui suffisait de tendre le bras, et il était en mesure de me mitrailler avec ses boules d'énergie. Cette manière de combattre m'agaçait au plus haut point. Il avait totalement l'avantage car je ne parvenais pas à me rapprocher de lui et je pouvais pas vraiment compter sur lui pour s'approcher afin que je lui pète sa belle gueule d'amour. J'en arrivais aussi à devoir bloquer ses salves car si cela continuait ainsi, ce lieu de recueil allait devenir un champ de ruines. Il était complètement timbré. Fort heureusement, ma lame était imposante et n'allait pas céder face à quelques sorts magiques de pacotille. A Brodia, si nous parvenons à se lier d'amitié avec les meilleurs forgerons de la région, on se retrouve avec quelques petits pépites comme mon épée actuelle. Mais mon épée n'était pas conçue pour bloquer les attaques magiques. Elle était faite pour cogner, trancher, décapiter, saigner.

- Que se passe t'il ? C'est tout ce qu'une membre des cinq chevaliers royaux est capable ? J'avais de meilleures attentes te concernant. Ou se pourrait-il que ta foi perdue envers ton royaume aurait éteint la flamme qui te pousse à combattre ?

Mais c'est qu'il me provoque ? Il perd son temps. Je suis une soldat entraînée. Je ne suis pas le genre à être déconcentrée par une provocation de bas étage. Bien qu'il est vrai que depuis que je suis une mercenaire, je ne combats pas aussi efficacement que du temps de mon apogée. Aurais-je effectivement perdu la foi ? Non, je n'ai pas le droit de fléchir. Et si ce Fafnir souhaite me voir brûler, alors il sera servi. Sans dire un mot, je tenta de foncer vers cet ennemi. Je ne pouvais pas jouer comme ça éternellement. Il allait probablement me canarder dès que je serai suffisamment proche de lui. Sauf que j'en avais bien plus à son service qu'il ne pouvait le croire. Tout en courant, le bout de ma lame frôla le sol et commença à créer des étincelles. Je releva mon épée vers le haut tout en effectuant un arc de cercle devant moi. Mon épée s'enflamma. Moi aussi, je pouvais faire appel à la magie. Pas au même niveau qu'un mage du gabarit de Seto. Mais mon domaine de prédilection était le feu. Et ainsi, alors que j'étais à un niveau de distance optimale de mon ennemi et qu'il me croyait à sa merci, un torrent de flammes se dirigea vers lui avant d'éclater devant sa tronche. Un écran de fumée commença à nous envelopper lui et moi. Maintenant qu'il avait du mal à m'apercevoir, il pouvait toujours essayer de me tirer dessus. Tel un éclair écarlate, je me mouvais tout autour de lui pour augmenter sa confusion. Et une fois que j'étais certaine que j'allais le fracasser, je frappa le plus fort et le plus rapidement possible ma cible. Je ne sous-estimais en rien cet homme, alors je donnais tout ce que je pouvais pour le terrasser.

- Que... ?

C'est impossible. Je suis persuadée de l'avoir touché. Pourtant, il était toujours debout. Pire encore, il n'avait pas la moindre égratignure. J'avais ma lame positionnée sur son bras gauche. Il se servit simplement de ce même bras gauche pour stopper mon coup qui, dans 100% des cas, démembre le suicidaire qui positionnerait son bras sur le chemin de ma lame. Mais ici, son bras était intact. Et le temps que je réalise ce qui venait de se produire sous mes yeux ébahis, je constatais qu'une matière noire se forma tout le long du bras de Seto. Depuis quand les Fafnir sont-ils capable d'utiliser l'auto renforcement ? Parce que sur le coup, j'avais beau forcer, je ne parvenais pas à découper le bras de cet homme. C'était comme si je tentais de découper la matière la plus solide de tout Granvall. Inexplicable. Et en plus de renforcer ses capacités défensives, ce gredin avait de la force. Car alors que je venais de laisser couler ma première goutte de sueur depuis le début de l'affrontement, ce Fafnir me saisit par la gorge et la serra fortement. Je respirais difficilement. Quelle force surhumaine. Sur le coup, je me questionnais presque sur la véritable raison qui poussait Heimler à terrasser ce clan. Etaient-ils trop dangereux ? Parce que je n'ai encore jamais affronté un individu pareil. Mais assez avec les questions inutiles. Comment j'allais me sortir d'une telle étreinte ?

- Quel.... quel type de démon es-tu... ?

- Une figure héroïque de Valm qui succombe au désespoir. Crois-moi, je vais me délecter en observant ton visage vaincu alors que je pourrais broyer ta précieuse petite gorge en un instant. Mais tu te trompes sur mon sujet. Je ne suis pas un démon. Je suis simplement un dragon divin qui a été refusé par ses disciples. Et puisque Valm n'a pas su tolérer notre existence, alors nous avons trouvé refuge ailleurs, là où notre héritage est respecté. Et de dragon divin, je suis passé au stade de dragon déchu. C'était le seul sacrifice que j'ai dû accepter pour nous permettre, à moi et à mes nouveaux serviteurs, de nous rapprocher de nos véritables racines.

Je comprenais pas un mot de son charabia. Dragon divin ? Dragon déchu ? C'est quoi ces conneries ? Cet homme n'était qu'un simple être humain banal. Les divinités, c'était hors de mes croyances, hors de mon répertoire. Pourtant, je pourrais considérer la possibilité que cet homme dépasse l'entendement avec une capacité d'auto renforcement aussi réussi. Sa peau était, en effet, aussi solide que les écailles d'un dragon d'acier. J'avais bien envie de lui dire d'aller se faire foutre mais ma respiration commençait à manquer. Est-ce que j'allais mourir ? Non, car alors que je fermais les yeux, Seto relâcha son étreinte subitement. Alors que je retrouvais progressivement ma respiration, je compris très vite ce qui me libéra de ma tourmente. Mes alliés étaient de retour. Je n'eus pas le loisir de voir qui a permis à ce Fafnir de me foutre enfin la paix entre Haruka, Sarena ou Raven, mais j'étais bien heureuse de les revoir.

- Hey, beau gosse ! Qui t'a permis de foutre tes salles pattes sur notre patronne ?

- Je rêve ou nous venons de trouver un spécimen rare ? Je n'aurais jamais pensé qu'il existerait un individu sur Granvall qui serait en mesure de défaire Scylla !

- Malheureusement, Raven, il existe des centaines et des centaines de types qui peuvent défaire Scylla. Le monde est vaste. Et c'est pour cela qu'on a pas arrêté de l'avertir de cesser de tout vouloir faire seule !

Bien que j'étais ravie de voir Haruka et mes compagnons, je sentais comme une pointe de reproche dans le ton d'Haruka. Il est vrai que j'ai tendance à vouloir prendre des risques seule. Mais c'était plus fort que moi. Observer Sigurd se sacrifier pour moi était une expérience dont je n'ai failli jamais me relever. Je ne supporterai plus l'idée qu'un de mes proches se jette dans la gueule du loup à ma place. C'est à moi, en tant que leader, de protéger mes alliés pour que cette expérience ne se reproduise plus. De plus, même avant que ce drame ne se produise, j'ai toujours été plus efficace seule. En réalité, seule, je pouvais me lâcher, trancher mes ennemis sans avoir le moindre regard sur moi qui me perturbait. J'étais libre de tuer, tel un véritable démon qui pourfendait ceux qui troublaient la paix dans Granvall. Et en réalité, je prenais plaisir à tuer mes ennemis. Accompagnée, j'étais une personne différente. Je prêtais plus attention à mes alliés pour qu'il ne leur arrive rien, et cela m'empêchait de laisser libre court à ma brutalité. J'étais plutôt une gardienne au lieu d'être la juge qui piétinait mes ennemis. Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi j'ai monté cette guilde. Probablement parce que je ne suis qu'une humaine qui ne peux être partout et que j'ai besoin de main d'œuvre. Ou plutôt parce qu'en dehors des missions, il ne m'est pas désagréable d'être en compagnie de ces individus qui me servent et m'obéissent. Cela me rappelle le temps que je passais avec mon frère de coeur. En tout cas, j'observais l'efficacité de mes alliés car ils étaient de retour avec un groupe de civils. Il semblerait qu'ils aient trouvé les otages. Tant mieux. Mais d'un autre côté, il fallait en finir avec Seto. Au milieu d'une bataille, ces simples civils étaient en danger.

- Donc, même Sarena des chevaliers royaux a quitté le navire pour s'allier avec la vermine de Granvall. Je reconnais Haruka du clan Nakatomi, et Raven, celui qui a détourné une flotte de la maison Silvail avec son équipage et qui protégeait un formidable butin équivalent à 500 000 pièces d'or. Vous êtes connus par les forces de l'ordre, vos têtes étaient affichées ci et là dans les rues de Valentia, capitale impériale de Valm. Dites moi, "justiciers", pensiez vous un jour que vous alliez vous rabaisser à côtoyer ceux que vous pourchassiez du temps de votre apogée ? Le destin est bien cruel, n'est ce pas ?

- Je te le répète, nous avons réalisés le véritable visage de notre souverain. Nous avons commis une erreur, et ainsi, nous reconnaissons qu'il ne méritait pas nos services. Nous ne sommes pas ennemis, Seto. Je ne vois pas la moindre raison pour poursuivre notre bataille. Je ne capitule pas. Nous sommes quatre, et tu es seul. Ce combat prendra une tournure dramatique pour toi qui pourrait encore restaurer le blason des Fafnir. Nous refusons de nous mêler davantage à tes projets, nous souhaitons uniquement évacuer ces innocents de cette ville qui a été siégée par des brigands et les mettre en lieu sûr. Si tu es si noble que tu le prétends, alors donne nous un coup de main au lieu de nous barrer la route.

- C'est impossible, je le redoute.

- Pourquoi, espèce d'imbécile ?

- Parce que vous venez de me livrer sur un plateau d'argent ce que je recherchais. Mes plus sincères remerciements, Black Fang.

J'eus tout juste le temps d'apercevoir le rictus satisfait de Seto que ce dernier claqua des doigts après les avoir levé. Et soudainement, tous les otages flottaient dans les airs. Seto devait probablement les faire léviter avec ses pouvoirs mystiques. Même moi, j'étais bluffé par un tel niveau de maîtrise. Cependant, il fallait que je réagisse au plus vite. Car devant chaque otage, une épée de lumière se forma. Il n'allait quand même pas faire ce que je crois ?

- ARRETE !

Il allait les tuer, ce connard. Pourquoi ? Sans réfléchir davantage, je courus vers Seto. Je savais que j'avais peu de chance de le blesser, mais qui sait ? Je ne pouvais rester les bras croisés alors qu'il allait effectuer un massacre. Mais évidemment, sans qu'il ait besoin de bouger le moindre petit doigt, son torse fut une nouvelle fois enveloppé par cette texture noire qui solidifiait sa peau. Putain de saloperie ! Et comme si cela ne suffisait pas, avec son autre main, il m'envoya voler comme une feuille vers le sol. Et quelques secondes plus tard, le mal était commis. Chaque otage fut exécuté, une épée de Damoclès pourfendant le cœur. L'église fut le théâtre d'un spectacle désolant. Une pile de cadavre tomba sur le sol. La mort venait d'imprégner ce monument saint. Ils eurent le temps de crier alors que je tentais de les secourir. Mais rien à faire. Ils étaient morts désormais. Notre mission était un échec.

- Ne baissez point la tête, Black Fang. Votre mission est couronné de succès. Vous avez rapporté les otages à votre employeur comme le contrat le stipulait.

- Quoi ? Qu'est ce que tu veux dire, enfoiré ?

- La personne qui a mandaté votre Lambert, celui qui vous a demandé d'intervenir ici, faisait partie de mon clan. J'ai pu monter une nouvelle confrérie après le génocide de mes proches. J'ai les moyens pour faire pencher la balance afin de faire payer à Valm leur affront. Bien sûr, je n'oublie pas le véritable leitmotiv de notre confrérie. Purifier Granvall de toute corruption qui l'infecte. Ludr et son troupeau de porcs ne représente rien pour nous. Nous n'allons pas salir nos mains pour de vulgaires péquenots qui ne savent rien faire d'autre que couiner en soulevant une hache. Mais vous, je savais que vous alliez nous dégager la voie et nous rapporter les otages si ils étaient encore en vie. Qu'est ce qu'on ferait pas pour un peu d'or, hum ?

- Bien que le scintillement de l'or nous séduit, moi et mes partenaires, nous n'acceptons pas de baisser notre froc au premier employeur. Nous acceptons seulement d'agir pour les causes qui nous paraissent justes !

- Oh ? Et donc forcément, vous avez songé qu'en libérant des citoyens d'une horde de brigands, vous alliez rendre justice ? Et si je vous disais que ces brigands, qui peut-être sont devenus ce qu'ils sont à cause du système corrompu de Granvall, ont déjà rendu justice avant vous ? Vous vous êtes renseignés sur les habitants de cette ville ? Bien sur que non, qui s'intéresserait à une pittoresque bourgade isolée ? Vous vous contentez d'obéir aux ordres, petits justiciers. Vous vous basez sur des valeurs et des apparences pour déterminer qui est le bon et qui est le truand. Mais les apparences peuvent décevoir, quelques fois. Heimler vous l'a bien fait comprendre, hum ? N'est ce pas, Scylla, Sarena ?

- Arrête de tourner autour du pot et explique nous qui étaient les habitants de cette ville ?

- Je n'ai plus rien à voir avec vous et par conséquent, je ne suis pas tenu de vous fournir des explications. Vous avez complété votre mission. Il est temps de vous récompenser pour votre "bonne action". Je vous propose comme paiement une mort rapide et indolore. Marché conclu ?

Je ne comprenais toujours pas son charabia. Pourquoi ces otages méritaient-ils leur sort ? Avions nous raison de tenter de les secourir ? Si je quittais cette bourgade vivante, j'aurais une multitude de questions à poser à notre ami Lambert. Mais la question qui me persécutait était toute différente. Est-ce que les Fafnir étaient si vertueux qu'ils le prétendaient ? Cet homme devant moi, je le voyais dans son visage. Un peu comme nous, il n'avait aucun scrupule à éliminer ceux qu'il jugeait non digne d'exister. Mais la différence avec moi et Sarena, c'est que cet homme était dicté par la haine. Je le voyais clairement dans son regard, il était possédé par la colère, le dégoût, le mépris. Et si Heimler avait eu raison de sacrifier son clan ? Constituaient-ils une menace pour la sécurité collective de Granvall ? Putain, quelle plaie. Pourquoi je me pose de telles questions ? Peu importe qui a raison ou qui a eu tort dans cette histoire. Sigurd ne méritait pas d'être accusé de haute trahison ou d'être de mèche avec les Fafnir. Il n'aurait jamais tenté d'usurper le trône. Nous avions eu raison, avec Sarena, de prendre les armes pour défendre le nom de notre ami. Et nous prendrons les armes pour pourfendre le nouveau maître des Fafnir si nécessaire.

- Tu sais quoi ? Assez discuté avec toi, mon joli. J'ai fais preuve de compréhension concernant le destin de ton clan. Mais ta haine n'est pas dirigée vers les bonnes personnes. Et à partir du moment où tu as laissé ta colère t'envahir au point que tu es devenu aveugle et sourd en même temps, je considère que tu mérites amplement les pertes que tu as subi. Tu n'as pas d'honneur, Fafnir. T'en prendre à ces citoyens, peu importe ce qu'ils sont, est indigne d'un chef de clan qui prétend vouloir apporter justice à Granvall. Peut-être bien que ton clan méritait d'être supprimé.

- Comment oses-tu...

- Et si je t'apprenais une chose, tête de noeud ? Des clans qui se font supprimer injustement, des familles, des peuples qui se font massacrer, l'histoire nous a enseigné que ce type de drame est monnaie courante dans le monde qui nous a accueilli. Moi, ainsi que mes trois compagnons, nous avons aussi connu des pertes irréparables et irréversibles. Mais nous n'avons pas changé, nos convictions restent les mêmes. Notre combat est clair et net, nous combattons, non pour faire de Granvall un royaume plus juste, nous ne sommes pas naïfs. Mais nous faisons en sorte que ce que nous avons vécu ne soit pas réitéré pour ceux qui ne le méritent pas. Il y'aura toujours des victimes, mais si nous pouvons réduire son nombre, ne serait-ce que d'un quart, alors ceci est la preuve que nos convictions sont solides et que notre combat a du sens. Tu veux me faire croire que supprimer quelques citoyens peut rendre justice ? Je ne te crois pas une seconde, je ne vois qu'un individu qui n'écoute pas, qui est aveugle et qui a totalement changé. Tu étais jadis un héros. Mais tu as été déchu, comme tu t'es vanté toi-même. Perdre son honneur de guerrier, à mes yeux, est une marque de faiblesse. De ce fait, je te le dis une dernière fois: Dégage de mon chemin, ou sinon, on te fera dégager, sauce Black Fang.

- J'attends le top départ, patronne. J'ai toujours rêvé de trancher les écailles d'un dragon. Pas vrai, Raven ?

- C'est pas mon délire de me frotter avec le prince d'un clan de renommé, mais je dois reconnaître que poser mes yeux sur ce type m'exaspère.

- Tch, chevaliers de Valm, votre heure a sonné...

Je tendis ma lame en avant, ce qui était une sorte de signal pour mes partenaires d'attaquer. Raven, tout d'abord, envoya vers l'ennemi plusieurs dagues équipés avec des explosifs. Seto se retrouva pris par l'explosion, et le temps de la déflagration, il ne semblait pas remarquer que Haruka fonça sur sa cible. Haruka était la plus rapide de notre quatuor, elle était capable de traverser l'ennemi tel un éclair, puis retourner sur lui à plusieurs reprises alors qu'il n'avait pas le temps de retrouver son équilibre. Une fois que Seto fut frappé une bonne dizaine de fois par Haruka, cette dernière fit un rapide bond, croisa ses deux lames, et envoya deux vagues tranchantes croisées en forme de X. Je pouvais voir que l'armure noire de Seto recouvrait son corps mais commençait à craquer. Il était donc possible de le blesser. Je laissais Sarena faire sa part du job. Puis je terminais le travail de mes compagnons en bondissant à mon tour. Ma lame était brûlante et désireuse de mettre un terme à ce combat insensé.

- Va rejoindre tes partenaires dans l'au-delà, dragon !

Avec mes dernières forces, je frappa avec fracas Seto. Le coup provoqua la formation d'un intense geyser enflammé qui s'éleva jusqu'à la toiture du bâtiment, afin de se mêler avec les cieux. Si avec cela, ce dragon n'était pas blessé, voire tranché, qu'est ce qui pouvait bien le vaincre ? Je pris mes distances. Je rejoignis mes trois camarades et j'attendais que la fumée se dissipe afin de voir si nous étions parvenus à briser sa défense impénétrable.

- On l'a fait ?

Seto apparut devant mes yeux. Il avait sa main sur le torse. Son sang coulait, et une large entaille était visible sur son torse. Il était toujours debout, certes, mais nous avions à la fois la confirmation que nous pouvions le blesser, mais maintenant, nous avions aussi l'avantage. Je refusais de croire qu'il était en état de continuer le combat. Pourtant, c'était presque vexant, mais il souriait. Il semblait satisfait. Etait-il masochiste ou un truc du genre ?

- Pas mal, pas mal du tout. Sa Majesté sera satisfaite...

- De quoi tu parles ? Pour qui tu travailles ? Qui t'a ordonné de venir ici ?

- Patience, Scylla. Elle ne va pas tarder à venir. J'ai éliminé la vermine, j'ai récolté les informations dont j'avais besoin. Je ne reconnais pas ma défaite, mais je n'ai plus aucune raison de poursuivre cette joute pour le moins intéressante. Nous nous reverrons, Scylla.

Oh non, tu ne vas pas te barrer comme ça. Je refuse de laisser courir une proie en train de saigner. Néanmoins, il allait falloir que j'accepte la fatalité. Seto illumina son corps, ce qui nous aveugla tous les quatre. Après cela, nous entendions un bruit de vitrail qui se brisa. Le chacal avait disparu. Il avait pris la fuite.

- Merde ! Il a fui ! Pour une soi-disant figure importante des Fafnir de Valm, nous l'avons mis en échec plutôt aisément.

- Nan, je suis persuadée que ce n'était pas son véritable objectif de nous abattre. Il avait beau cracher son venin sur Valm et ses chevaliers, son intérêt semblait surtout être placée sur toi, Scylla. Bref, qu'est ce qu'on fait maintenant, Scylla ?

- On se barre d'ici. Les otages ont été exécutés. Notre mission est un échec. Retournons à notre base pour effectuer notre rapport.

- Relativisons un peu. Nous avons éradiqués Ludr, c'est déjà une victoire en soi.

Certes, mais maintenant que nous avons pu observer que Granvall allait connaître un tournant non de la part d'un brigand mais d'un clan de fanatiques aux pouvoirs surnaturels qui ont une dent contre Valm de surcroît, la mort de Ludr n'était qu'un détail. Notre quotidien de chasseurs de vermines allait peut-être connaître un tournant décisif. Bien sûr, je pourrais dire que c'était complètement stupide de me mêler à la vendetta de ce Seto, mais les événements dont je venais d'être témoin était la preuve que cet homme n'allait avoir aucun scrupule à prendre d'assaut Valm et également ses citoyens. Et même si les Fafnir était inférieurs numériquement comparé à la puissance redoutable de Valm, ce pouvoir d'auto-renforcement était absolument redoutable. Sur le coup, j'avais l'impression de me frotter contre une centaine d'hommes combinés en un seul. Du coup, je ne pariais pas totalement sur Valm si une guerre aura lieu. Il ne fallait pas prendre ses menaces à la légère. Je m'apprêtais à quitter cette église de malheur avec mes camarades. Mais un hurlement bestial provenant de l'extérieur me figea net. Quel était ce cri déchirant ? Une seule manière de le savoir, nous devions retourner dehors et constater par nous-même ce qui se tramait...
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MessageSujet: Re: [Prologue] Flammes vengeresses   [Prologue] Flammes vengeresses Icon_minitimeMar 11 Juil - 11:36

Nous nous sommes empressées de quitter l'église afin de vérifier par nous-même quel était l'origine de ce cri strident et déchirant. Même en étant à l'intérieur d'un bâtiment, nous ressentions l'impression que la créature était toute proche de nous. Je n'avais jamais entendu un hurlement aussi bestial. Des créatures féroces, mystiques et j'en passe et des meilleurs, y'en a dans tous les coins et recoins de Granvall. Des sangliers, des loups, des chimères, des licornes, ou même des créatures extrêmement rares comme les garudas, j'en ai aperçu des centaines en m'aventurant au sein des contrées isolées de Granvall. Mais jamais je n'ai entendu pareil hurlement. Donc je ne pouvais identifier quelle créature rôdait dans les parages. Nous étions donc à l'extérieur de l'église, et à cet instant, un spectacle inouï, mais surtout inquiétant, était visible depuis les cieux. Un groupe de cinq dragons survolait la cité, ce qui attirait également l'attention du peu de brigands qui restait dans les parages. Et il y'avait de quoi poser toute notre attention sur ce qui se tramait au milieu des étoiles. Parce que ces dragons étaient absolument gigantesques. Déjà, un seul, ce serait l'équivalent d'affronter une véritable montagne sur pattes. Mais cinq ? Nous étions dans un sacré merdier si ces créatures étaient agressives. Ce qui était une certitude.

- Attendez une putain de seconde ! Je croyais que la race des dragons était éteinte depuis des siècles et qu'il ne s'agissait, aujourd'hui, que d'un mythe qui court à travers les âges.

- Pourtant, les Fafnir s'auto-proclament comme des dragons, alors qu'ils ont l'apparence d'êtres humains tout à fait ordinaires comme vous et moi. Qu'est ce que ça signifie ?

- Les Fafnir sont, selon les dires d'Heimler du temps où je lui avais juré fidélité, des êtres humains qui auraient hérité du sang des dragons divins. Depuis le début, je croyais qu'il ne s'agissait que d'un ramassis de conneries, après tout, les légendes urbaines dans le but de faire peur les simplets d'esprit, on en invente une tous les ans. Mais là, je crains fort qu'il ne s'agissait pas que d'une vulgaire fables pour enfants. La présence de Seto, ses menaces, ainsi que ces créatures qui ressemblent en tout point à des dragons si l'on prend en compte les descriptifs de ces légendes...

- ... quoi, tu veux nous faire croire que ce sont des dragons qu'on a sous les yeux ? Ce serait pas une illusion crée par ce Yagami dans le but de nous impressionner ? Les Fafnir sont des experts en sorcellerie après tout. On a vécu des siècles en paix, sans être confronté à ces créatures des enfers. Pourquoi soudainement, du jour au lendemain, ces gros lézards ailés réapparaîtraient sans prévenir, tout ça parce qu'une petite secte de rien du tout aurait connu un destin tragique ? Je vous le dis, tout ça, c'est du pipeau et je m'y connais en....

Mais ce pauvre Raven n'eut pas le temps de tenter désespérément d'être rassurant que l'un de ces monstres envoya la sauce épicée sur cette ville. Et par sauce épicée, j'entends évidemment un torrent de flammes qui ravagea une bonne partie de cette triste ville. La chaleur étouffante qui suivait prouvait que ces dragons étaient loin d'être une blague. Même moi, si je m'amuse à faire appel à la totalité de mes forces, je suis dans l'incapacité de créer une vague de flammes aussi intense. Voyons le bon côté des choses. Les derniers brigands encore vivants qui obéissaient à Ludr vont connaître une mort absolument atroce et il n'en restera plus que des cendres. La mauvaise nouvelle, c'est que ça va bientôt être notre tour si on bouge pas nos fesses dans les secondes qui viennent.

- Alors, tu crois toujours que c'est purement artificiel ? Hein, Raven ?

- Autant pour moi...

- Au lieu de parler pour rien dire, je vous propose, mes chers compagnons, que nous fassions preuve d'un immense courage.... et que nous fuyons avant que nous nous retrouvons au beau milieu d'un immense barbecue dont nous ne ressortirons pas vivants !

Il nous fallait courir. Loin, très loin, le plus loin possible de cet enfer. Cette ville était en train de devenir un océan de flammes. Cela n'avait aucun sens. Des dragons maintenant ? Vraiment ? Mais pourquoi ? Comme le disait Raven, pourquoi réapparaissent-ils en ce jour si ils ont vraiment existés il y'a des siècles de cela ? Et pourquoi attaquer une ville aussi ridicule ? Devions-nous prendre les menaces de Seto au sérieux ? Avait-il développé une méthode pour invoquer ces créatures infernales, afin de réclamer vengeance contre Valm ? Je venais de me souvenir que des rumeurs à la con indiquaient que Bern aurait accueilli en son sein de véritables dragons. Ces rumeurs seraient réelles ? Mais pourquoi Bern ? Ce royaume est connu pour être pacifique, au même titre qu'Alfheim. De nombreuses questions me couraient sur le haricot, mais le plus important, c'est que ce soit nous qui courrions, sans nous interrompre, sans s'arrêter, sans jamais s'essouffler. Mais malgré que je plaçais toute ma concentration dans mes jambes, je ne pouvais m'empêcher de parler à haute voix. J'étais stressée, pourtant, je savais garder mon calme en toute circonstance. Mais là, cinq dragons qui tentaient de nous carboniser vivants ? Comment on allait-faire pour survivre ?

- Merde ! Ca n'a aucun sens ! Pourquoi a t'il fallu que cela arrive ici et maintenant ???? Pourquoi ???

- Parce que cet assaut permettra d'éveiller davantage de bêtes féroces sous notre bannière. Quand à ces magnifiques titans ailés, ils ont répondu à l'appel de leur reine. Ils la désirent, la réclament, afin de conquérir ceux qui ont souillés le sol qui leur était destiné...

J'étais soudainement paralysée. Cette voix qui sortait de nulle part suffisait pour que je stoppe ma course afin de m'extirper de ce guêpier. Bien que les flammes qui détruisaient cette ville continuaient de valser, ce n'était pas ça qui me tétanisait. Cette voix... Elle était menaçante. J'étais dans l'incapacité de comprendre pourquoi, mais je tremblais, je transpirais, contrairement à mes alliés qui ne comprenaient pas pourquoi j'avais stoppé ma fuite et qui m'appelaient pour que je retrouve mes esprits. Je n'entendais rien. L'atmosphère avait stoppé sa course également tout comme moi. Je fixais l'océan de flammes devant moi. Une silhouette apparut au beau milieu de ce brasier infernal. Une silhouette qui ne semblait absolument pas atteinte ou dérangée par ces flammes vengeresses. Elle marchait à pas lents et subtils comme si ces mêmes flammes lui ouvraient le chemin. C'est lorsque je parvenais à ne plus être confuse par ce spectacle inquiétant que je pus reconnaître la silhouette. Oui, je l'avais reconnu. Toutes les personnes ayant côtoyé Heimler connaissent cette femme. Je l'avais déjà aperçu rencontrer notre roi. Déjà, à l'époque, je me sentais déchirée rien que par la vue de cette figure emblématique. Rien qu'en la fixant, ma poitrine était poignardé, mon coeur hurlait de colère et de tristesse. Mes yeux brillaient de mille feux. Pourtant, rien ne nous liait elle et moi. Malgré tout, j'avais le sentiment que j'avais un passif avec elle, rien qu'en l'observant. Ma tête allait exploser si j'allais la fixer plus longtemps. J'allais plonger... dans le désespoir.

Spoiler:

Le désespoir commença à apparaître lorsque cette femme dont je maudissais le nom disparût sous mes yeux. Je retournais ma tête à gauche, puis à droite. Mes compagnons tombaient comme des mouches un à un, sans explications. Sarena, Haruka, puis Raven. Ils étaient à terre, inconscients. Ils n'étaient pas pourfendus ou même blessés. Je n'aperçus aucune tâche de sang sur leurs vêtements. Mais ils étaient au sol, et ils ne se relevaient pas. Je voulais crier leurs noms, mais je sentis la présence qui m'horrifiait derrière moi, me susurrant de ne rien dire, de ne pas réagir. Et en entendant sa voix, j'obéissais comme une vulgaire chienne.

- Ne dis pas le moindre mot. Ne réagis pas, ne crie pas leurs noms. Ne les pleure pas et ne cherche pas à les venger... Sinon, ta tête sera tranchée par mes soins.

En fait, mentalement, ma tête paraissait déjà découpée. J'allais disparaître. Je le savais d'avance, mon heure avait sonnée. Mais malgré ça, je voulais faire preuve d'un peu de courage pour pouvoir comprendre ce qui se passait devant moi.

- Vous... avez orchestrée cet acte de rébellion ? Mais je pensais que vous étiez du côté de l'empire...

- Oh, que je sois du côté de Valm ou non nous importe peu. Ni à toi, ni à moi. Cela n'affectera pas la conclusion de cette ère, où toi et moi atteindrons l'apogée de notre existence. Maintenant, écoute mes mots attentivement. Ce monde s'apprête à mourir. Les bêtes mystiques vont s'en emparer et dévorer son oxygène, son aura, son âme, son coeur. Il ne restera plus que désolation. Une désolation que tu connais que trop bien, Scylla. Lorsque tu apercevais ta progéniture te supplier, te demander de baisser ton arme, d'abandonner, de désespérer. Et que tes larmes devenaient la force de ta tribu. Des souvenirs enfouis en toi que tu ne mérites pas encore de restaurer. Ils reviendront en temps et en heure, quand tu auras servi mes projets, chère Scylla. Maintenant, ne réfléchis pas, continue de me fixer avec amertume, avec colère si cela te chante. Le résultat sera le même. Toi et moi, nous allons corriger ce monde. Nous allons lui rendre justice, la véritable justice qui est tienne. Tu as trois ans. Trois ans, Scylla, où tu devras survivre, d'abord fuir, puis combattre quand tu auras retrouvé tes souvenirs. Un an de conflit, puis une autre année de séparation, et enfin, la dernière année sera celle de la réunion. N'oublie jamais, Scylla. Toi et moi, nous allons corriger ce monde. Il s'agissait de notre raison d'exister. Nous existons pour réunir le monde.

Je ne comprenais rien. Pas un mot, pas un seul. En temps normal, je devrais me foutre de la gueule de cette femme et lui demander d'arrêter de délirer comme une idiote. Mais ses mots, bien qu'insensés, me foudroyaient également. Tout chez cette femme me perturbait. Absolument tout, sans exception. Etait-elle la clé de mon existence ? De mon passé, présent ou futur ? Non, clairement pas. Je voulais la buter, là, maintenant, tout de suite, pour essayer de me troubler, me rendre confuse. Je la haïssais, je la haïssais tellement. J'ignorais tout de notre lien, mais je voulais la buter. Oui, la buter. Car la folie prenait le pas sur moi. Je ne crains personne. Pas elle. Jamais elle. Je dois la tuer. La tuer. LA TUER !

- LAISSEZ MOI SEULE !

Je réunissais mes dernières forces pour l'attaquer. Je ne réfléchissais pas, je voulais juste qu'elle crève. Je souffrais trop en la voyant, en l'écoutant. Je ne comprenais rien, je ne pigeais rien. Je veux juste qu'elle bouffe le sol et qu'elle dégage de ma vue ! J'allais frapper un coup tellement puissant qu'elle n'allait pas se relever. Et ensuite..... que.... que se passe t'il ? Je suis... transpercée ? Sa lance venait... de me transpercer ? Je n'ai même pas aperçu le mouvement, c'était tellement rapide. Non, ce n'était pas si rapide que ça. C'est juste moi qui ne prêtait attention à rien. Mon attaque avait tellement de failles, c'était pathétique. Mais c'était la réalité. Apercevoir cette femme, l'écouter, l'appréhender, cela provoquait cet effet, mes failles étaient grandes ouvertes. Je passais du niveau de soldat d'élite à simple débutante rien qu'en voyant cette femme. Mon corps se faisait levé par la longue lance de mon ennemie qui me levait tout en m'embrochant. J'allais mourir, c'était évident. En réalité, je suis pratiquement morte.

- Non, tu ne vas pas mourir. Tu survivras. Tu survivras à toutes les épreuves que je mettrais sur ta route. Ou bien, ce monde cessera d'exister.

C'est une blague ? Moi, survivre ? D'un titan pareil ? De ce cauchemar que représentait cette femme ? Car oui, je l'apercevais dans mes cauchemars. Maintenant, je m'en souviens. Ce cauchemar avec tous ces dragons et cette éclipse qui me perçait la vue. C'était elle. C'était toujours elle. Et ce sera elle, encore et maintenant. Je perdais connaissance. C'était la fin. La fin de tout...

- Maintenant, dors Scylla. Et quand tu te réveilleras, tout va changer. Ton histoire n'en sera qu'au premier chapitre. J'écrirais le début, et tu rédigeras la fin. Notre oeuvre sera complète. J'ai hâte d'atteindre cette réunion qui nous tenait tant à coeur. Toi, moi, elle...
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