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 Chapitre 4: Un passé interdit

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Lucia

Lucia


Messages : 5
Date d'inscription : 23/05/2023

momiji - Chapitre 4: Un passé interdit Empty
MessageSujet: Chapitre 4: Un passé interdit   momiji - Chapitre 4: Un passé interdit Icon_minitimeMar 5 Déc - 20:49

Je continuais de surfer sur Internet, non pour regarder des vidéos débiles sur les réseaux sociaux, ou constater à quel point le web est rempli d'individus louches qui se sentent tout puissant derrières leurs claviers. Je continuais simplement de m'instruire sur l'histoire des différentes planètes. Leurs origines, leurs populations, leur parcours et surtout leurs guerres. Et au final, rien ne sonnait familier pour moi. Rien ne m'éclairait sur le plus grand mystère de ma vie: mon passé. Je m'étais fais à cette idée, je ne suis pas d'Erasia. Pourquoi devrais-je servir les intérêts d'une société qui n'était pas la mienne ? Pourtant, je le souhaitais. Réduire le chaos de ce monde avec les uniques personnes que je respecte, c'était tout ce que je voulais réaliser avec mes dix doigts. Mais je sais que je ne parviendrais pas à être un soutien fiable pour mes partenaires si je laisse mes doutes m'envahir. Alors je poursuivais ce cycle éternel de recherches interminables à travers l'espace infini qu'était le net. Mais rien ne me convenait. Rien ne paraissait réellement être la clé de mes souvenirs enfermés ou de mes cauchemars insensés. J'étais épuisée. Je me saisissais de ma canette de bière à ma droite. Je me suis fais à la triste réalité. Mes migraines étaient automatiques. Je pouvais faire tous les efforts du monde, ma tête me foutait jamais la paix. Alors tant qu'à faire, à la tienne ! J'ingurgitais ma boisson presque cul sec, et je le sentais que cela n'allait pas être la dernière. Soudainement, je reçus un appel depuis mon téléphone portable. Je m'emparais de ce petit gadget qui me servait surtout de mini console portable pour m'occuper quand je m'emmerdais. Pour une fois que l'on cherche à me contacter.

- Allô ?

- Et bah félicitations ma belle. T'es une vraie petite valkyrie docile maintenant ! Ca te fait quoi de servir les intérêts du faible et de l'opprimé et de devenir une future célebrité ? Tu sais que les valkyries sont considérées comme des petites idoles par les citoyens de Legendia ? Si tu le souhaites, j'ai une petite tenue toute mignonne qui pourrait te conv...

- Oh, ta gueule, Velouria. Je t'ai laissé une dizaine de messages depuis que j'ai eu mon diplôme ! Au lieu de jacasser comme une idiote, tu pourrais au moins trouver une méthode plus adaptée pour t'excuser, nan ?

- Roh ca va, fais pas genre que le fait que je t'ai zappé te déprime ! T'as jamais été joyeuse, et j'ai aucun doute que ton nouveau titre n'allait pas faire de toi une grosse fêtarde !

- Je suis juste casanière. Bref, t'as les infos que j'attends de toi ?

- Quelles infos ?

- Joue pas à la conne ! On a passé un deal ! Notre promesse est la raison qui explique pourquoi je me suis cassé le cul à devenir une valkyrie ! Un marché est un marché. Maintenant, tiens parole !

- Ohlà, t'enflammes pas ! Tu n'es pas suffisamment intéressante pour mes employeurs. Tu es devenue une valkyrie, certes, mais y'a pas de quoi se prendre pour une caïd, Lucia. N'importe quel membre de mon organisation aurait pu réussir ces pathétiques examens, les mains attachés derrière le dos. Tu as encore beaucoup de chemin à faire si tu veux nous rejoindre. Continue de profiter de tes prétendues "amies" tant que tu le peux. Réussis quelques missions pour que ta prof soit fière de toi. Fais toi un nom, et peut-être que ma grande matriarche acceptera de te recevoir.

- Sale petite...

- Allez, réjouis-toi, je vais t'envoyer une première récompense parce que t'es déterminée et motivée. Encore félicitations, Lucia. Vérifie ta boite mail. Un petit cadeau de la part de mes supérieurs, de quoi te faire patienter jusqu'à ce que tu deviennes une larbin accomplie aux yeux de cette société.

Mon téléphone venait de couper. Sans chercher à comprendre plus longtemps, je m'emparais de ma souris et vérifia ma messagerie. Effectivement, cette idiote m'envoya un message. Bizarrement, je ne pouvais expliquer pourquoi mais mes doigts tremblaient. Un simple geste, comme celui qui consiste à cliquer sur une souris et ouvrir ma messagerie, devenait une véritable épreuve, même pour une combattante de mon gabarit. J'avais peur de la vérité, ou ne serait-ce que d'un fragment de la vérité. Qu'allais je découvrir ?

- Bien, Lucia. Prends ton courage à deux mains et découvre ce que le destin te réserve. Tu t'es battu pour en savoir davantage sur ton passé alors affronte le.

En pièces jointes, je pus trouver un dossier que je téléchargea sur le champ. Plusieurs fichiers images étaient stockés au sein de ce dossier. J'ouvris une photo, puis deux, puis trois. Mes yeux fixaient ces photographies comme si j'étais obsédée par ce que je venais de découvrir. C'était fascinant, mais effrayant également. Un sentiment d'éxaltation s'emparait de moi, sans que je puisse expliquer la raison. Mais cette excitation soudaine, alors que j'enregistrais ce que je voyais aux fins fonds de ma mémoire, fut remplacée par du dégoût, de la colère. Car plus tard, j'ouvris un fichier texte, qui expliquait plus en détails les origines de ce que je venais de contempler. Je ne sais pas qui avait rédigé un tel documentaire mais en quelques paragraphes, je venais d'apprendre beaucoup plus de choses qui m'intéressaient que pendant toutes mes études pour devenir une valkyrie. A la fin de ce récit absolument intriguant, l'auteur avait laissé sa signature. Un nom qui me paraissait inconnu. Peut-être une personne importante sur une autre planète ?

- Signé Karnstein... Ce nom ne me dit rien. Mais cela constitue une bonne première piste. Cependant, je ne dois pas me hâter. Je ne peux compter que sur moi désormais. Ou plutôt...

Mon premier réflêxe après cette série de découvertes fut de m'emparer une nouvelle fois de mon téléphone portable. Je ne sais pourquoi, mais je refusais de tout garder pour moi, même si ma dernière conversation avec Seria était la preuve que mon chemin était différent de celui d'une valkyrie classique. Je suis tout autre chose, et ces photos, si véridiques, sont la preuve absolue que je ne suis pas une simple valkyrie. Je ne dois pas laisser qui que ce soit sur mon chemin. Mais cela valait le coup de tester la confiance d'une autre personne que Seria, même après toutes ces années. Je composa le numéro de la personne que je souhaitais voir. Bien sûr, elle répondit. Elle était probablement en train de jouer à ses jeux mobiles complètement débiles.

- Salut, Kiana. Je te dérange ?

***

Je pris la décision d'inviter Kiana chez moi, prétextant une soirée entre copines. Mais évidemment, cette soirée allait être bien plus symbolique pour moi. Si les textes de ce ou cette Karnstein s'avèrent réels, Kiana serait une actrice intéressante dans mes futurs projets. Elle serait même indispensable, à vrai dire. Bien entendu, je n'eus guère le temps de tout ranger chez moi qu'elle était déjà en train de sonner à ma porte comme une frénétique.

- Celle là, je te jure...

J'ouvris la porte. C'était bien elle.

- Bonsoir. Entre donc, je vais te servir à boire.

J'avais fais le plein cet après-midi. J'avais tout ce qu'il fallait; jus de fruits, sodas, boissons alcolisées, donc il suffisait que Kiana commande et j'allais lui ramener ce qu'elle désire. Une fois que mon invitée était bien installée et qu'elle allait pouvoir se rafraîchir à mes côtés, j'ouvris la conversation.

- Comment se passent les choses de ton côté ? J'ai entendu que Senya était partie en mission y'a pas si longtemps. Mais toi, tu as déjà commençé les missions ? Je suppose que non, tu m'en aurais déjà parlé, n'est ce pas ? Pareil pour moi, c'est repos depuis que j'ai été nommé officiellement valkyrie. Ca me gonfle, j'ai besoin de combattre du méchant. Je m'emmerde chez moi, t'as pas idée. Seria ne semble pas vraiment motivée pour me contacter et me proposer du boulot, parce que soi-disant, je suis inquiétante. Ca craint...

Je bus une gorgée de ma boisson à la menthe avant de soupirer faussement.

- Bon, je ne t'ai pas vraiment fait venir ici pour me plaindre ou pour parler boulot. J'ai téléchargé le nouveau contenu additionnel de ce jeu de versus "Okane Ken". Je t'aurais bien mis une branlée lors d'une session online, mais c'est plus convivial en offline, non ? Allez, attrape ta manette. Montre moi ce dont tu es capable.

Une longue session s'ensuivit. Les heures passèrent et mes mains commençaient à transpirer comme c'était pas permis. Bordel, Kiana est vraiment trop forte aux jeux vidéos. Je sais même pas pourquoi je me demandais souvent qu'est ce qu'elle foutait au lieu d'étudier du temps de nos études. Y'avait pas photo qu'elle était du genre à veiller tard pour apprendre des combos plutôt que d'apprendre ses cours sur le bout des doigts. Bref, après plusieurs heures où je faisais semblant d'être frustrée parce que Kiana avait passé toute sa vie un joystick collé entre ses mains, je considérais que l'ambiance était suffisamment animée pour que je puisse passer à la véritable raison de mon invitation.

- Bien, c'était intéressant. Mais je vais pas te mentir, Kiana. J'ai fais appel à toi pour te montrer autre chose. Non, ce n'est pas un nouveau jeu encore une fois. Quelque chose que je ne peux partager qu'avec toi. Tu es la seule personne qui a mon entière confiance et avec qui je peux parler ouvertement. Et ce que je m'apprête à te dévoiler, je souhaiterais que cela reste entre nous. Au moins, toi, tu te feras pas des films sur moi, à penser que j'ai des soucis. Je peux donc te faire confiance, évidemment, pour que tu évites d'aller raconter ce que je vais te confier dans un instant ? Hum ?

J'adressais à Kiana un mignon petit sourire, car je savais qu'il suffisait que je joue à ce petit jeu de charme pour qu'elle fonde face à moi. Bien sûr, je reçus la réponse que j'attendais. Rien d'étonnant.

- Héhé, ça, c'est ma belle. Tu es trop chou. Bref, suis moi dans ma chambre.

Que Kiana se rassure, je n'allais pas lui montrer mes sous-vêtements ou autres objets douteux. J'allumais simplement mon ordinateur et proposais à Kiana de prendre un siège à mes côtés. Je me dirigeais vers le dossier que je reçus ce matin de la part de mon admiratrice secrète. Bien sûr, j'avais beau faire confiance en Kiana pour ne pas aller hurler sur tous les toits ce que je vais lui montrer, mais je n'avais guère l'intention de lui dire que j'étais en contact avec une organisation secrète qui semblait s'intéresser à moi. De toutes les valkyries en herbe de l'académie, j'étais celle qui leur inspirait le plus d'espoirs. Pourquoi donc ? Il fallait croire que j'allais devoir faire mes preuves encore un bon moment pour tout savoir sur mes bienfaiteurs. Quoiqu'il en soit, j'ouvris le dossier et démarre un diaporama avec de multiples photos. Ce que Kiana pouvait observer et qui m'avait bluffé en cette matinée, c'étaient de multiples photographies provenant de divers laboratoires ou bases militares, originaires de planètes différentes. Au sein de ces bâtiments tops secrets, car je n'avais pas plus d'éléments aux sujets de ces laboratoires, on pouvait voir que les photographies s'arrêtaient surtout sur des capsules de cryogénisation, ou simplement d'autres types de capsules renfermant dans un liquide rougeâtre différents corps humains dénudés et inconscients. En temps normal, ce genre de scène pouvait paraître fréquent. Avec la technologie hyper avancée d'Erasia, mener des expériences sur des corps humains pouvait paraître fastoche et surtout très courant. Après tout, on a étudié ça à l'académie, que les activités criminelles incluant des expériences sur des créatures humanoïdes étaient monnaies courantes et qu'on serait amenés à démenteler ce type de projets, car très souvent, il s'agit d'une simple quête dans le but de créer l'humain parfait. Et pas avec l'objectif de créer un monde meilleur, mais plutôt pour bouleverser la société actuelle et la rendre obsolète. Typique des maniaques qui croient en l'évolution et pensent être des dieux. Bien sûr, pourquoi ces photographies m'impactaient davantage que pour des cobayes lambda ? Kiana pouvait le voir si elle était suffisamment observatrice.

- Effrayant, n'est ce pas ? J'ai reçu ces photographies de la part d'un admirateur secret, peu de temps après que j'ai été nommée valkyrie. Je n'ai pas d'informations concernant l'individu qui a voulu me montrer cette galerie des horreurs. Un document texte était inclus avec ces photographies, expliquant davantage l'histoire derrière ces cobayes. Mais avant que je ne t'en dise plus, regarde de plus près. Tous ces cobayes, là. Leurs apparences sonnent familiers pour toi ? Normal, ils ont la peau extrêmement pâle, les yeux jaunes comme ceux des serpents, et la chevelure grisonnante. Un peu comme... moi, n'est ce pas ? Les rapports qui étaient inclus avec ces photographies racontent que ces créatures étaient étudiés il y'a plus de mille ans sur une planète extrêmement reculée, dont le nom est inconnu aujourd'hui. Du moins, il n'y a plus aucune trace de la singularité originale qui aurait crée le premier de ces spécimens. Avec les années, ces créatures, comme le nomme ce rapport, ont été envoyées, ci et là, à travers les différentes singularités. Mais il ne s'agissait pas d'une invasion à proprement parlé. Ces créatures voyagaient de planètes en planètes il y'a plus d'un millénaire, pour servir les différents habitants ou races de ces planètes. Ils constituaient des armes de combat extrêmement développés, ainsi qu'un sens de la justice remarquable. Ces êtres venus d'un autre monde combattaient tous ceux qui cherchaient à terroriser le peuple ou la société. Que ce soient des terroristes, des criminels, toute personne susceptibles de perturber la paix mondiale, étaient éradiqués des mains de ces êtres à la puissance remarquable. Ils ont longtemps été considérés comme des héros. Tel que je le conçois, Kiana, on pourrait les voir comme les valkyries d'une époqué reculée. On leur donna même un nom avec les années: Einherjahr. Cela, uniquement pour éviter de les nommes "aliens", "mutants", ou autres conneries de sciences-fictions...

...Néanmoins, cette ère ne dura pas si longtemps. Seulement quelques années. Car tôt ou tard, ces "Einherjahr" furent considérés comme dangereux. La race humaine, et cela pour chaque planète qui les accueillirent, se retrouva à avoir peur de ces êtres surnaturels à la peau pâle et aux yeux perçants. On raconte qu'ils avaient un défaut, un seul. Celui d'avoir de plus en plus de mal à déterminer ceux qui méritent de mourir, et ceux qui doivent être protégés. Car avec les années, les meurtres et les guerres, les Einherjahr n'arrivaient plus à distinguer le bien du mal. En réalité, le concept de bien ou de mal leur était complètement inconnu. Si ils considéraient que quelqu'un devait mourir, ils l'éxécutaient, ni plus, ni moins. Et ainsi, par je ne sais quel décisionnaire, chaque planète qui accueillit ces Einherjahr, eut comme indication de tous les désactiver. Comme ils étaient peu nombreux, la chasse aux Einherjahr ne dura que quelques années. Mais même pendant ces années, ils fallaient des millions de soldats pour éliminer ne serait-ce qu'une dizaine de ces êtres aux pouvoirs démentiels.

...Quoiqu'il en soit, j'ai reçu ce mail avec ces indications sur l'histoire de ces Einherjahr avec une petite note qui stipulait que cela n'était que le premier chapitre parmi le long récit de mes origines. Tout ceci ne serait que l'introduction concernant mon passé. Veux-tu savoir ce que je ressens, Kiana ? De la colère, de la fureur ! Oui, je suis furieuse à l'heure qu'il est, si ce récit est bien réel !


Je frappa du poing mon bureau. Je sentais la rage m'envahir.

- Non seulement on ne nous a jamais parlé à l'académie de cette histoire vieille de mille ans, mais en plus, aucun livre, aucune documentation, aucun site web, ne parle de cette histoire, comme si on avait cherché à l'étouffer. Mais il semblerait que cette affaire n'est pas totalement classée, ces Einherjahr ont été conservés quelques part, et vont être réutilisés un jour ou l'autre. Cela pourrait être dans un ans, une décennie, un siècle, même le rapport ne pouvait le certifier. Mais les cerveaux derrière ce projet attendraient quelque chose de bien précis. Hélas, c'est ici que ce journal de bord inclus avec les photographies se termine. Tu sais, Kiana, je pourrais révéler cette découverte à Seria, mais je n'en ai pas la moindre envie. Je sais que les informations provenant de ce rapport semblent complètement loufoques, mais les photos sembles bien réelles. Ces humanoïdes à la peau grisâtre se trouvent quelque part, conservés quelque part, probablement ici également. Même si il s'agit d'une histoire oubliée, si l'on mêne une enquête sur ces mutants et qu'on considère cela comme une menace mondiale, ma sécurité risque de prendre un sale coup. Par mon physique, je pourrais être chassée ou éliminée. Il faut que cela reste entre nous, Kiana...

...Tu me connais, Kiana. Je n'ai pas confiance en cette société, ou même à l'humanité toute entière. Je combats uniquement car je désire remettre de l'ordre dans cette société. Mais l'humanité, peu importe de quelle singularité elle provient, me déçoit jour après jour. Cette histoire, si véridique, est la preuve que la véritable justice ne peut être obtenue par la seule unique volonté de protéger les innocents. Car un jour, on me pourfendra peut-être même si j'ai participé à cette soi-disant justice. Quand je ne serais plus utile ou hors de contrôle, crois-tu qu'on va me désactiver comme mes ancêtres ? Si jamais mes semblables renaissent de leurs cendres comme ces informations prétendent, dans quel rang devrais-je me ranger ?


Soudain, ma migraine frappa fort une nouvelle fois. Cela arrive souvent quand ma tension nerveuse augmente. Car cette histoire me perturbait. Pourquoi a t'on classé cette histoire au point qu'on ait oublié son existence et qu'elle n'a pas été transmise aux nouvelles recrues comme moi et Kiana ? Pourquoi suis-je éveillée alors que mes semblables sont éparpillés un peu partout dans l'univers ? Quelle organisation était derrière tout ça ? Ces révélations étaient brutales pour moi car peu claires, mais pourtant elles semblaient véridiques, et suffisamment pour que je prenne cela au sérieux.

- Je pense qu'il faudrait que tu t'en ailles. Mon mal de tête est en train de revenir. J'ai besoin de m'allonger. Cette soirée était sympa. J'espère que je peux compter sur toi, Kiana, pour garder le silence. J'ai bien peur d'avoir des ennuis si cette histoire oubliée refait surface. De plus, ce sera avec le temps que je recevrai de nouvelles informations sur mes semblables. Pour l'instant, je n'ai pas assez d'éléments entre les mains pour savoir pourquoi je suis ici et si j'ai un lien avec ces créatures et si elles méritaient vraiment d'être éradiquées. Mais pour l'instant, ton silence compte. Je t'en ai parlé car cela me fait du bien malgré tout de confier mes découvertes et parce que tu es comme moi dans un sens. Mais j'espère que tu ne me trahira jamais, Kiana, comme l'on a trahi mes semblables. N'oublie pas, ne parle pas de ce que je t'ai montré. Il est préférable que ce passé reste enfoui dans l'oubli. Ok ?
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Kiana

Kiana


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Date d'inscription : 05/05/2023

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MessageSujet: Re: Chapitre 4: Un passé interdit   momiji - Chapitre 4: Un passé interdit Icon_minitimeSam 16 Déc - 21:41

Quel ennui. Cette journée semble interminable. Je suis une valkyrie depuis deux semaines et j'ai l'impression que cela m'a simplement donné le droit de m'ennuyer légalement. Le seul avantage, c'est que je n'ai plus besoin de me lever tôt pour me rendre à l'académie. Mais je m'ennuie tellement actuellement que j'en viendrais presque à regretter mes études... Bon, il ne faut quand même pas déconner. Mais j'ai besoin d'action. Je ne deviendrai jamais la meilleure valkyrie de tous les temps en restant en stand-by. En attendant, jouer toute seule à la console ça va deux minutes, mais il fait beau dehors et j'ai envie de bouger. Malheureusement, depuis ce matin, Senya est injoignable, Lucia l'était aussi et Seria m'a instantanément proposé de s'entraîner quand je lui ai demandé si elle était disponible. Entre m'ennuyer à me languir sur mon canapé ou finir épuisée au bord de la rupture physique, le choix est vite vu. Ha, si seulement Reina n'était pas en mission sur Mildran depuis des temps immémoriaux, je suis certaine qu'elle aurait été disponible pour pallier à mon ennui. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'elle est en mission, alors que ça ne fait pas tout à fait deux mois. Mais Seria nous a prévenu qu'il arrive parfois qu'une valkyrie soit envoyée en surveillance sur d'autres planètes. C'est souvent dans des zones où des signaux de danger quantique ont été détectés, ou des tensions entre locaux pour éviter que ça ne s'envenime. Dans le cas de Reina, selon les messages que l'on s'échange, c'est l'ennui total de son côté aussi. J'imagine que je n'ai pas à me plaindre, au moins je ne suis pas coincée au milieu d'une planète où la température est négative toute l'année et des pingouins comme seuls amis. Mais je vais éviter de dire ça à Seria, elle est née sur cette planète.

Tandis que j'étais en train de jouer sur mon téléphone, je reçus un appel libérateur. C'était Lucia. Peut-être appelait-elle pour qu'on sorte ? Raté. C'était encore mieux, elle voulait qu'on passe la soirée ensemble. Elle avait besoin de se changer les idées. J'espère qu'elle va bien. Lucia m'a toujours un peu inquiété depuis que je la connais. Elle est souvent migraineuse et ailleurs, comme si elle avait toujours la tête pleine. C'est la raison pour laquelle j'essaye de lui changer les idées parfois. Quoi qu'il en soit, c'était l'occasion de sortir de ma spirale de l'ennui. Je ne perdis pas de temps, dès que la soirée tomba, j'enfilai mes bottines et ma veste direction l'appartement de Lucia. Le trajet jusqu'à chez Lucia était assez rapide, nous n'habitions qu'à quelques kilomètres. Rien d'insurmontable si on prend certains raccourcis. Je peux le faire maintenant que je suis une valkyrie, n'est-ce pas ? C'est dingue les droits et la liberté qu'offre un simple badge !

J'arrive comme prévu chez Lucia en une petite quinzaine de minutes. Toutes ces acrobaties à travers la ville m'avaient donné soif. Par chance, Lucia semblait avoir tout prévu pour notre petite soirée. Je n'avais jamais vu autant de choix de boissons chez Lucia, avait-elle fait les courses exprès ? Une fois installée, je décidai de partir sur une grenadine bien désaltérante et sucrée.

- C'est également l'ennui mortel pour moi aussi. J'ai l'impression d'avoir obtenu un badge qui me permet de flâner en toute légalité. Je serais presque prête à partir comme Reina en mission ennuyante sur une autre planète, juste pour avoir l'impression de faire quelque chose en rapport avec notre boulot ! D'ailleurs, Senya n'a rien voulu me dire sur sa mission. Elle m'a dit que c'était secret défense. Si tu veux mon avis, elle n'a juste pas envie d'avouer que sa mission était simplement d'aller récupérer un chat coincé dans un arbre. Haha.

J'ignore combien de temps nous avons joué après ma première grenadine, mais suffisamment longtemps pour que ma dernière boisson soit alcoolisée. En tout cas, c'est toujours amusant de faire quelques parties avec Lucia. Elle se défend plutôt bien pour une fille à qui ce n'est pas son activité préférée. Je me suis quand même efforcée de la laisser gagner quelques combats, sinon le score allait être encore plus large. Mais à choisir, je préfère gagner comme avec Lucia ou Reina que de me faire laver par Senya. Je ne comprends pas comment elle fait pour être aussi forte absolument partout. Je finis toujours par rager quand je joue contre elle.

- C'était sympa. Tu t'améliores, Lucia !

Lucia avait finalement un objectif avec cette soirée. Ça semblait sérieux, ce qu'elle voulait me montrer, suscitant une légère inquiétude de ma part en raison de son sérieux et de son insistance sur mon silence. Même si son mignon petit sourire n'était pas nécessaire pour obtenir mon silence, cela devait vraiment être important, ce qui devenait d'autant plus préoccupant. J'espérais que mes inquiétudes étaient infondées.

Accompagnant Lucia dans sa chambre, elle alluma son ordinateur et m'invita à observer à ses côtés diverses photos. Ces images étaient assez dérangeantes, mais un détail attira mon attention, les faisant passer de dérangeantes à inquiétantes. Les personnes dans ces capsules de cryogénisation... elles ressemblaient étrangement à Lucia. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi des corps ressemblant à Lucia étaient dans ces capsules, mais cela me mettait mal à l'aise. J'écoutais attentivement les explications de Lucia sur la provenance de ces photos et leur signification. Elle me raconta une histoire sur une race de justiciers qui étaient en activité il y a environ un millénaire et qui voyageaient de planète en planète. Même si je n'avais pas tout saisi sur l'instant, j'avais compris l'essentiel.

- Les Einherjahr ? Voilà un nom bien chiant à prononcer, et encore plus à écrire, tu n'es pas d'accord ?

Je ne sais pas vraiment si ma tentative de détendre l'atmosphère était destinée à Lucia ou à moi-même, mais la gêne s'installait réellement. Le récit, quant à lui, n'allait pas en s'améliorant. Cette race au nom imprononçable semblait avoir connu un destin malheureux. Si ce n'était pas Lucia qui me racontait tout cela, j'aurais cru à une farce. J'aurais même préféré que ce soit de la fiction. Peut-être que ça l'est, qui sait ? Toute cette histoire ne découle que d'une note envoyée à Lucia. Rien ne dit que tout est forcément vrai. Comme elle le fait remarquer après avoir enlevé des points de vie à son bureau, l'académie de l'Ordre n'en a jamais parlé. En tout cas, Lucia semble croire en cette histoire, jusqu'au moindre détail. Comment pourrait-elle être aussi certaine que tout soit vrai ? Son admirateur secret, dont elle ne voulait pas me parler, était la raison de cette assurance quant à cette histoire ? Des photos ne prouvent pas tout. Il est facile de retoucher des photos. Le discours de Lucia devient inquiétant. Je peux comprendre sa méfiance envers l'humanité, mais pourquoi fait-elle toujours une fixette sur le fait de remettre de l'ordre dans la société ou de purger le mal ? L'univers est en paix depuis de nombreux siècles. Serait-ce parce qu'elle fait partie de cette race ? Si c'est le cas, cela valide son histoire. Mais dans tous les cas, Lucia commence à paniquer, je peux le sentir. Je ne comprends même plus de quoi elle parle. La désactiver ? La traquer ? Elle devient irrationnelle.

- Calme-toi, Lucia. Tout cela est perturbant mais surtout assez incroyable. Écoute, je sais que je ne suis pas la plus intelligente ou mature du groupe, mais je ne suis pas aussi bête que ce que les autres pensent. Je sais aussi être rationnelle quand il le faut, et là, si tu veux mon avis, je pense que tu tires des conclusions trop hâtives. Tu viens de dire que ce n'est que la première partie du récit déjà, pour commencer. Attendons la suite, pour déjà tirer autant de conclusions, tu ne penses pas ? De plus, bien que toute cette histoire n'ait pas pu être inventée entièrement, rien ne te garantit que tout soit vrai. J'ignore qui t'a envoyé ces photos et je ne te forcerai pas à me le dire, mais tu ne devrais pas lui accorder autant ta confiance. Si ça se trouve, les photos sont retouchées. Tu pourrais en avoir le cœur net si tu en parlais à Senya. Je sais que tu ne nous connais qu'avec Senya et Reina depuis quelques années, mais je te garantis qu'elles aussi, tu peux leur faire confiance. Je sais que notre expérience du rejet commun fait que tu te sentes plus proche de moi que des autres, mais je pense sincèrement que tu devrais en parler au moins à Seria. Si une personne peut nous aider à en savoir plus, c'est elle...

... Mais je ne te forcerai pas, Lucia. Je t'ai promis que je n'en parlerais à personne, et tu peux me faire confiance. Je ne dirai rien sans ton accord. Mais vraiment, tu devrais en parler, pour qu'on puisse t'aider plus efficacement. Moi, je ne peux pas réellement t'aider... Je ne suis pas aussi géniale que Senya, ni aussi expérimentée que Seria, ni aussi adaptable que Reina face aux situations. Je ne dis pas que je suis inutile, mais on ne peut pas non plus dire que je sois spéciale comparée à vous quatre. Bref, si je dis ça, c'est juste pour t'inciter à en parler au reste du groupe. Quelque chose doit m'échapper, j'imagine, vu comment tu sembles paniquer. Même pendant qu'on jouait, je pouvais le sentir. Mais si tu m'en as parlé à moi, c'est que tu me fais confiance. Donc fais-moi confiance si je te dis que tu peux en parler à Seria. Je comprends que tu veuilles éviter les ennuis si cette histoire s'ébruite, comme tu dis, mais si tu veux mon avis, je doute que tu puisses enterrer ça aussi facilement. Sinon, tu ne serais pas aussi stressée à l'heure qu'il est. Je ne sais pas ce que tu cherches à fuir en n'en parlant à personne et en essayant d'enterrer ça dans l'oubli, mais ce n'est pas une solution. C'est dans ces moments-là, Lucia, qu'on a besoin de l'aide de ses camarades.

J'enfilais ma veste, m'apprêtant à partir, afin de laisser Lucia se reposer pour calmer sa migraine. Avant cela, encore sur le pas de la porte, je me retournais vers mon amie pour lui esquisser un sourire réconfortant.

- Tu sais, Lucia, peu importe ce que tu es, tu resteras la même pour moi. Et si quelqu'un te menace, la future meilleure Valkyrie de tous les temps s'en occupera. Même si je dois aller botter les fesses d'un dieu ! … Je sais, je sais, on n'est pas dans une fiction. Mais tu as compris l'idée ! Allez, la héroïne va se retirer, essaie de te reposer Lucia et réfléchis à ce que je t'ai dit, d'accord ? Je t'enverrai un message demain matin pour voir si ça va mieux. Bonne nuit !

Je passais finalement la porte, me retournant une dernière fois en agitant la main pour un dernier geste d'au revoir une fois au fond du couloir, en attendant l'ascenseur, avant qu'elle ne referme définitivement la porte.

* * *

La nuit s'étirait sur la capitale, rompue par l'orage grondant. Une pluie battante recouvrait la cité d'un voile morose. Accompagnée par la nature elle-même, la jeune valkyrie ne pouvait trouver le sommeil. Dans l'appartement, elle arpentait le salon, devenu de plus en plus étroit à mesure que les heures passaient, reflétant ainsi son avenir incertain. La découverte de ses origines la privait du sommeil, mais ce qui rendait l'avenir angoissant, c'était la signification de cette révélation. La valkyrie connaissait les règles de l'univers qu'elle arpentait. Ce soir-là, elle prenait conscience que son existence bravait l'interdit. Lucia avait violé un Principe Divin*. Une action impardonnable dont la sentence varie selon les âmes, mais la fatalité est toujours la même. Une fatalité qui fait trembler du plus vaillant chef de guerre à la plus féroce valkyrie. Personne n'échappe aux Principes Divins. Face à cette réalité impensable, la valkyrie, comme toute âme violant l'absolu, cherchait une lueur d'espoir dans ses croyances. Bien qu'il n'y ait pas de signes pour l'âme violant un Principe, la victime ou le coupable sait. Comme si le subconscient lui-même tremblait, prenant conscience de cette violation. Comme si soudainement, on avait une épée de Damoclès au-dessus de notre âme et qu'on nous observait. Mais peut-être que la valkyrie allait échapper au jugement ? Peut-être qu'ils seront cléments car elle est innocente ? Elle a toujours suivi et cru aux Principes, pourquoi serait-elle traitée de la même manière qu'un coupable ? Oui, c'est certain, c'est impossible qu'elle soit jugée coupable. Elle n'a rien fait. Mais la valkyrie pouvait se rassurer aussi longtemps qu'elle le voulait, le doute, la crainte du jugement planait au-dessus de son âme.

L'orage grondait intensément, suivant le rythme cardiaque de la valkyrie. Soudain, un éclair, un grondement, et l'appartement plongea dans les ténèbres. Un nouvel éclair dispersa momentanément l'obscurité, révélant une silhouette sur le fauteuil de la valkyrie. Hallucination ? Fatigue et stress créant des illusions ? Mais un nouvel éclair confirma la silhouette. Des yeux rutilants dans la nuit ajoutèrent à l'ombre. Puis, au bout d'une minute, la lumière ambiante inondant habituellement le salon se ralluma, dévoilant entièrement la silhouette. Une femme assise, une jambe croisée sur l'autre, observait la valkyrie. La femme, à l'aise, ne pouvait laisser Lucia indifférente et ignorante. Elle connaissait l'identité de cette femme. Il s'agissait d'Elza Crow, la troisième valkyrie hiérarchique de l'Ordre des valkyries, l'une des plus respectées de notre époque. Mais la visite d'une telle valkyrie au milieu de la nuit était-elle une bonne nouvelle ? Pourquoi s'intéressait-elle à Lucia, une jeune femme sans histoire ? Et surtout, comment était-elle entrée ? Tant de questions auxquelles Lucia ne pouvait songer à poser sur l'instant. La présence d'Elza et son regard rutilant sans pupilles étaient suffisamment oppressants pour étouffer tout courage. Puis, finalement, une voix, calme, douce avec une pointe de sensualité, brisa le silence régnant dans l'appartement.
Spoiler:

- Une légende narre que la pluie consiste en les larmes d'un cœur meurtri, tandis que le tonnerre gronde tel la colère d'une âme trahie. Et qu'en est-il de la foudre, à ton humble avis ? Cette légende, à l'origine, émane d'un roman qui trouvait sa place dans ma collection d'enfance. Hélas, son auteur fut privé de l'occasion d'en dévoiler la conclusion, frappé par le malheur. J'ai quêté la réponse à cette énigme à travers les âges, désireuse de percer le mystère de la signification de la foudre. Après des siècles de déambulation dans ce labyrinthe insaisissable, la réponse m'apparut enfin. Elle se tenait devant moi depuis le commencement. L'illumination m'a permis de saisir la mélodie de l'univers. La musique, peux-tu l'entendre, Lucia ?

À l'achèvement de son discours, la valkyrie décroisa les jambes et se leva du fauteuil, commençant à se promener lentement dans le salon.

- Moi, j'entends cette mélodie, Lucia. Celle de ton cœur, de ton âme. Une symphonie aux tonalités graves, discordantes, exécutée par un violon mal accordé, privé d'une de ses cordes. Un supplice pour les oreilles les plus affinées. J'apprécie lorsque la musique danse, lorsque ma lame valse à travers mes victimes en harmonie avec la mélodie. Pour ces moments, j'opte pour une valse de Vivaldi. Pour davantage de sérénité, Mozart s'impose. Qu'en penses-tu ? Quelle mélodie résonnera dans mes oreilles cette nuit ?

Devant une étagère, la valkyrie s'arrêta, scrutant les livres et bibelots disposés, tout en continuant sur un ton teinté de sarcasme.

- Assez de poésie. Je peux lire à travers ta mélodie comme si la partition était déroulée devant mes yeux. Pourquoi suis-je ici ? Excellente question. Il semblerait que nous ayons été une vilaine valkyrie. Penses-tu que je sois présente pour t'infliger une punition ? Estimes-tu être coupable, Lucia ? C'est du moins l'avis de nos glorieux et absolus Principes Divins.

Elza poursuivit, s'éloignant de l'étagère, s'approchant de Lucia avec une lenteur mesurée, semblant suivre un rythme. Un rythme actuellement paisible, une mélodie douce.

- Ah, sourit Elza, roulant des yeux, les Principes Divins. Ils nous guident, nous jugent. Nous naissons et vivons selon leur bon vouloir. Nous les servons, vivons pour magnifier leur absolu, mourons en leur honneur. Le pécheur sera châtié par le Saint Jugement de la justice absolue.

La valkyrie se racla la gorge, puis adopta une voix subitement plus sonore, mélodieuse.

- Ho, Principes Divins, je jure aujourd'hui de défendre votre honneur et de faire régner la justice en votre nom. Par ce serment, je me consacre à vous, en tant que servante, épée, bouclier. Que je sois châtiée si je faiblis.

À l'issue de cette déclaration récitée de manière mélodieuse, Elza esquissa un sourire amusé, s'inclinant comme pour saluer une assemblée. Elle se tint enfin face à son interlocutrice, s'immobilisant à sa hauteur, la surplombant d'une tête. Cette valkyrie, plutôt imposante, rivalisait aisément avec la stature de Seria.

- Tu dois connaître l'origine de ce texte, toi qui es une valkyrie si assidue. C'est ce que récite une valkyrie, devant le tribunal suprême sur l'Ark, une fois devenue Gardienne de l'Ordre. Une "rang S" comme vous le nommez ici. C'est un rituel incontournable pour atteindre l'excellence en tant que valkyrie. Nous devons offrir notre existence en ce jour, aux Divins Principes. Nous vivons pour servir la justice, devenant la lame qui pourfend le pécheur et le bouclier qui défend le croyant. Alors, Lucia, penses-tu que cette nuit, je me tiens ici en tant que lame du jugement ? Suis-je la servante venue purifier la pécheresse qui a violé les Divins Principes ?

Elza contournait à présent la jeune valkyrie, se dirigeant vers la fenêtre, son regard plongé sur la ville toujours frappée par la pluie battante.

- Ah, je peux entendre de nouveau la mélodie. La mélodie de la complainte. Pourquoi moi ? Qu'ai-je fait ? Je suis innocente ! Ce n'est pas juste...

Un puissant grondement de tonnerre se fit entendre, accompagné d'un éclair aveuglant, illuminant le visage d'Elza. C'était comme si l'orage avait répondu à la valkyrie, exprimant sa colère envers cette dernière. Une simple coïncidence, évidemment, mais tout comme le tonnerre gronde pour Lucia selon la légende, peut-être grondait-il aussi pour cette Elza.

- Oui, Lucia, c'est injuste. Comme l'existence. Les Principes ne s'encombrent pas de détails aussi frivoles. Tu as péché, c'est tout ce qui importe. Que tu sois innocente ou coupable, cela ne fait aucune différence. Nous ne sommes que des serviteurs. Nous n'avons aucune importance. Moi-même, une fidèle servante ayant offert mon existence à leur gloire, d'un claquement de doigt, je passe sous le couperet de la justice divine. Car je ne suis personne. Si une lame faiblit, on la remplace.

La valkyrie fit volte-face, se détournant de la fenêtre, continuant son élégant voyage à travers le salon de son interlocutrice.

- Je regrette de t'annoncer, Lucia, que tu ne peux échapper au jugement divin. Tu as été jugée coupable. Mais tu le sais déjà au fond de toi. C'est la raison pour laquelle ta mélodie est si grave, tremblante. Dis-moi, t'es-tu déjà demandé pourquoi ? Pourquoi nous nous évertuons à défendre les Principes, à nous battre pour leur gloire ? La réponse est simple, Lucia, elle réside dans notre nature. Il y a quelque chose que nous partageons tous, peu importe la singularité ou l'univers. Une chose unique partagée même par ceux que nous appelons des dieux. Sais-tu ce que c'est, Lucia ? Il s'agit de la peur de la mort. La peur de tout perdre. La peur de disparaître. La peur d'être oublié. Et cela, car nous sommes tous animés par la même nature : exister. C'est cette nature qui fait que nous faisons tout pour subsister, survivre, peu importe la manière ou la méthode. C'est cette nature qui nous fait faire des choix impossibles mais évidents. C'est également cette particularité qui nous pousse à nous entre-tuer, à nous rebeller, ainsi qu'à nous venger.

Elza s'approcha à nouveau de Lucia, s'immobilisant une nouvelle fois devant elle.

- Je perçois distinctement ta crainte, ta tristesse, ton incompréhension. Mais je discerne également ta colère, ta révolte, ta haine. Une symphonie d'émotions orchestrée par un destin implacable. Un jugement qui te consumera, t'effacera, oublier. À quelques instants de la sentence, tu ressens désormais cette colère bouillonner en toi, cette révolte qui enfle. Je sais ce que tu endures, Lucia. Je connais la trahison, l'imploration à un destin sourd, l'incompréhension. Mais dans ce désespoir, c'est ici que j'ai trouvé la réponse que je cherchais depuis tant d'années, Lucia. C'est le jour de mon jugement que j'ai saisi la signification de la foudre. C'est le jour où, s'arrêta Elza en retirant son insigne de valkyrie accroché à sa veste, j'ai défié les Principes Divins. C'est le jour où j'ai recouvré ma liberté, où j'ai retrouvé mon importance. C'est au moment précis où ma crainte s'est muée en défiance que j'ai pu transcender le jugement suprême.

Elza se retira légèrement, puis fit une nouvelle fois volte-face pour revenir à sa position initiale. Une fois assise sur le fauteuil, elle croisa une jambe et reprit sa mélodie.

- Commences-tu à appréhender qui je suis en cette nuit, Lucia ? Je suis ici pour t'offrir la possibilité de te révolter. Je suis ici pour te donner la chance d'entendre, à ton tour, la mélodie dont tes croyances te privent. En cette nuit, je peux te faire déroger aux Divins Principes. Mais, Lucia, tu es certainement consciente que tout a un prix. Et le prix à payer pour que je devienne ta lueur dans les ténèbres est un tribut que personne n'est prêt à verser. Personne, excepté celui qui fait face à la fatalité, à l'injustice, et pour qui la révolte entame une valse avec la colère. Si le prix est si élevé, c'est parce qu'on ne défie pas les Principes Divins sans sacrifices. Un proverbe dans un vieux roman stipulait : quand on brave un dieu, il faut se préparer à son jugement. Je te laisse méditer sur le sens de ce proverbe. En attendant...

… Ce que j'ai à te proposer est un contrat. Un contrat éternel, sans échéance. Un contrat absolu, dont la trahison te coûtera bien plus que la raison pour laquelle tu pourrais le souscrire. Les termes du contrat sont simples et limpides, Lucia. Pour échapper cette nuit à ton destin inéluctable, tu dois tout abandonner. Renoncer à ton identité, à tes amis, à tes ambitions, à tes rêves, à ta vie, à ton âme. Tu dois accepter d'être oubliée, de cesser d'exister. Comme je te l'ai dit, Lucia, on ne dupe pas les Principes Divins sans sacrifices. Connais-tu la première règle pour tromper ces Divins Principes omniscients ? C'est simple, il faut d'abord se tromper soi-même.

La valkyrie, toujours décontractée, une jambe par-dessus l'autre, fit apparaître une carte entre ses doigts de sa main gauche. Elle la lança à Lucia. La carte était classique. C'était un As de pique tout à fait normal. Mais si elle retournait la carte, elle pouvait y voir un symbole qu'elle avait déjà vu dans les médias et sur internet ces dernières années. C'était le symbole que laissait Serpent Noir derrière lui.

- Réfléchis à ta prochaine réponse, Lucia. Car elle sera la plus importante de toute ton existence. Une réponse sans retour, qui décidera de la mélodie qui jouera cette nuit dans mes oreilles. Alors, Lucia, que choisis-tu ? Vivaldi ou Mozart ?
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Lucia

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MessageSujet: Re: Chapitre 4: Un passé interdit   momiji - Chapitre 4: Un passé interdit Icon_minitimeJeu 11 Jan - 22:22

Après la visite de Kiana, je me retrouvais à nouveau seule dans mes appartements. La nuit était vraiment bruyante aujourd'hui. L'orage était au rendez-vous. Je stoppais donc mon occupation actuelle, celle de continuer mes recherches sur Internet pour mieux comprendre cette histoire d'Einherjahr. Et encore une fois, que dalle, aucune information sur cette race qui sortait d'une histoire vieille de mille ans. Malgré le manque flagrant de données sur mes ancêtres, ou plutôt, mes prédécesseurs, vu que nous étions tous et toutes conçues par le biais d'expériences non naturelles, je continuais à me dire que cette histoire était possible. Kiana avait beau me dire que cette histoire était peut-être fausse, je ne suis pas naïve. Etouffer une histoire qui a chamboulé l'univers à une époque aussi reculée, cela me paraissait fort probable. Quand on cherche à nous faire croire que nous vivons en paix, on a tendance à effacer des mémoires tous les événements qui peuvent nous faire douter que nous sommes parfaitement en sécurité et qu'un malheur ou un fléau, comme celui des Einherjahr, pourrait ébranler cette même sécurité en un claquement de doigts. Les êtres humains naïfs et ignorants pensent que tout va bien dans notre monde. Mais je sais que c'est faux. Ce monde est une bombe à retardement qui s'apprête silencieusement à éclater. Partout où je vais, je ressens la colère, la peine, la tristesse, la rage, l'envie de voir cette société éclater en mille morceaux, chez les êtres humains. Même les plus insignifiants d'entre eux. Même un simple étudiant peut devenir une menace potentielle pour notre humanité. C'est pour cela que je crois en ce récit. J'ai cette capacité hors norme que personne d'autre ne possède et qui semble être un don chez les Einherjahr. Repérer ceux qui se laissent submerger par le vice avant qu'ils ne deviennent une menace. Néanmoins, ils étaient imparfaits et défectueux. Quoiqu'il en soit, je n'avais jamais parlé de ce don à qui que ce soit, car je savais que j'allais finir dans une cage si c'était le cas. Et c'est pour cela que j'ai demandé à Kiana de ne parler à personne de ces découvertes, pas même Seria. Car mon existence était hors nature, hors norme. Et ça, cela allait me coûter la vie si cela s'apprenait. Parce que quelque part je ne sais où, quelqu'un ou quelque chose a décrété qu'être différent était un pêché. Car cela allait à l'encontre de l'un des principes divins. Et quand on viole un principe divin, on a peu de chances de revoir la lumière du jour.

Donc du coup, j'avais coupé tout appareil électrique à cause de ce foutu orage de merde. Excepté mon téléphone portable que j'utilisais pour passer le temps. Je regardais des vidéos à la con pour m'occuper. C'est très vite addictif, ces saloperies. Je n'étais pas une fan d'effectuer des recherches depuis mon portable, étant donné que l'écran était trop petit pour que je puisse lire un site web plus de cinq minutes sans avoir les yeux qui piquent. Et de toute manière, j'avais abandonné l'idée de trouver des réponses pour l'instant. Cela faisait un bail que j'étais bloquée à cette stupide quête de réponse, et aujourd'hui, j'ai eu une nette évolution. Je commençais également à être fatiguée de surfer sur les réseaux sociaux, alors je commençais à déambuler dans mon salon, avant de fixer par la fenêtre cette météo absolument répugnante. J'étais pas la genre à me dire que la foudre annonçait un mauvais présage. Mais j'étais légèrement stressée quand je voyais les forces de la nature se déchainer. On pouvait inventer toute la technologie dernier cri et cela, aussi longtemps qu'on le voulait, la nature sera toujours plus forte que les machines ou n'importe quel artifice électronique. Enfin, pas de quoi m'affoler non plus. C'est ce que je me disais, jusqu'à ce que je me retourne et que je vois quelqu'un qui s'était introduite à mon domicile et s'était fait plaisir en s'asseyant sur mon fauteuil. Je n'avais pas sursauté, mais par contre, je me mis directement sur mes gardes. J'étais étonnée car je ne l'avais pas entendu s'infiltrer. Par où était-elle rentrée ?

- Oi, bouge tes fesses de là...

Mais visiblement, cette femme était sourde. Rien de surprenant, elle ne s'était pas infiltrée dans mon appartement pour boire un thé, mais pour accentuer mes migraines. J'avais l'impression qu'elle attendait que je la fixe suffisamment longtemps pour que je la reconnaisse. En réalité, je l'avais analysé quelques secondes, et j'ai fini par la reconnaître. C'était Elza Crow, de la haute couture chez les valkyries. J'aurais pu me dire qu'elle était venu me rencontrer en personne pour me confier une mission, mais une pointure comme ça, ça se déplace pas chez n'importe quelle valkyrie pour se genre de choses. Du coup, une seule idée me venait à l'esprit. Je baissais les épaules, soupirant légèrement.

- Et bien, ça n'a pas traîné...

En effet, cette valkyrie était là pour ma peau. Ni plus, ni moins. Je savais que mon existence était un crime et que j'allais être capturée voire exécutée si l'on apprenait que j'étais une anomalie. On rigole pas avec les principes divins. La question qui me rongeait était la suivante: Comment a t'elle su ? Il ne s'est même pas déroulé 24h depuis que j'ai été contacté par Velouria et que j'ai découvert un fragment de mon passé. Avec la technologie, tout était possible. J'étais sous écoute ? J'ai été piratée ? J'avais beau ne pas avoir confiance en grand monde, Kiana n'aurait jamais fait l'erreur grotesque de me trahir. Alors comment ? C'était juste cela qui me stressait. A peine tu pêches, et te voilà déjà à recevoir une visite d'une valkyrie de rang S. C'était hallucinant. Au moins, je relativisais dans un sens. Je n'allais pas passer les prochaines semaines ou mois à me torturer l'esprit et à me poser la question dans combien de temps mon heure allait venir. C'était déjà terminé pour moi. J'aurais pu pleurer, hurler, taper des poings comme je le voulais, j'étais quelqu'un de réaliste. Si je dois partir, alors je partirai. Bref, j'étais prête à accepter ma sentence. Je m'attendais à un petit discours qui me rappellerait mes infractions involontaires et le fait que je suis une erreur selon les principes divins. Quelque chose de clair et concis du moins. Au lieu de cela, je dus assister à une sorte de spectacle dans mon salon, que j'avais du mal à qualifier. Elle me sortit une tirade sur la pluie, l'orage, le beau temps et l'univers. Après, elle me compara avec de la musique. D'accord, si elle veut, pourquoi pas après tout. En tout cas, elle avait l'air de lire dans mon coeur et de percevoir mes sentiments les plus néfastes. Et bien, au moins, on a un point commun. J'aurai bien bu un coup avec elle si elle n'était pas là pour me trancher le coeur. Après tout, elle me confirma que j'avais trahi les principes divins par ma simple existence. Et cela, avec poésie. Je commençais à rouler des yeux en l'écoutant. Si son objectif, c'était de m'irriter avant de m'exécuter, c'était gagné. Je n'attendais que la douce délivrance de la mort, puisque je m'étais faite à l'idée que je n'y échapperai pas. Pas besoin de chanter la gloire absolue des principes pour que je le pige.

- Dites, simple question: vous avez suivi des cours de théâtre et de comédie musicale pour devenir une valkyrie aussi haut placée ? Je m'attendais à ce que l'élite se contente de faire son devoir de justicier au lieu de raconter sa vie devant sa cible. C'est bon, j'ai compris, je suis une vilaine fille qui voulait juste connaître ses origines ! J'peux être punie, maintenant, pour avoir commis un acte aussi GRAVE et DANGEREUX pour l'Ordre ?

J'insistais bien sur les mots "graves" et "dangereux". Je ne m'attendais pas à ce que cette femme comprenne que tout ceci n'est qu'une injustice et que j'étais prête à suivre à la lettre les principes divins et la loi si je n'étais pas une alien de malheur. Mais j'avais besoin de cracher mon venin. Tout ceci est la preuve que cette paix est éphémère. Si notre vie dépend de principes écrits par je ne sais quelles ordures qui pensent posséder le monde entre les mains, cette paix est illusoire. Nous sommes enfermés dans une cage dorée, et si nous ne convenons plus à ces principes, alors on disparaît. Nos rêves disparaissent, nos ambitions disparaissent. Voilà probablement pourquoi mon cerveau, mon coeur, me dictaient comme si j'étais un ordinateur, que la véritable paix n'existait pas, et que l'équilibre devait être rétablie. Au fond, dans un sens, j'étais moi-même soumise à mes propres principes. Les règles que mon cerveau me dictaient étaient du même gabarit. Ceux qui méritent de disparaître doivent disparaître. Je n'ai, hélas, pas eu le temps d'essayer de me libérer de ces règles qui me rendaient malades, ou de les appliquer à la lettre. Je vais disparaître, du moins, quand cette valkyrie, que j'admettais au moins bien roulée, arrêtera sa tirade de malheur. Bien que j'étais assez d'accord avec elle quand elle disait que nous n'étions personne et que nous serons remplacés si nous ne convenons plus. Ou encore, que c'était la peur de la mort qui poussait l'individu à agir pour sa survie, quitte à passer par des actes barbares et rebelles. C'était une réalité indéniable. Il est vrai que si je pouvais me rebeller et affronter cette valkyrie, je le ferai. Mais je suis réaliste, je ne le pouvais pas. Je n'avais pas peur d'elle, mais j'étais suffisamment lucide pour savoir que j'allais juste m'essouffler et me tuer toute seule en essayant. Si je dois mourir, alors autant que ce soit rapide et efficace, pour que ma conscience se repose en paix. Néanmoins...

... il y'a quelque chose que je ne captais pas vers la fin de son discours. Elle parlait comme si elle même avait connu cet instant d'incompréhension, fatal et injuste. Comme si elle avait elle-même été soumise au jugement des principes divins et qu'elle était parvenue à se rebeller et à trouver une porte de sortie. De plus, ce petit geste paraissait bête, mais retirer son insigne de sa veste tout en parlant de défier les principes pouvait me faire croire qu'elle était elle même une cible qui cherchait à affronter ces principes. Plus les mots s'enchaînaient, plus je comprenais qu'elle n'était finalement pas la valkyrie populaire que je croyais, mais elle était une fugitive. C'était effrayant de se dire qu'une valkyrie aussi éminente qu'elle était jugée comme menaçante pour les principes divins. Je pourrais dire qu'elle le méritait peut-être et qu'elle n'était pas digne de confiance. Mais en réalité, elle n'était pas la seule à sonder le coeur de la personne en face d'elle. Depuis le début, et cela, par pure automatisme, je sondais l'âme de cette Elza. Après tout, c'était mon don que je ne pouvais désactiver. Et elle n'avait rien de menaçant. Je ne ressentais aucun sentiment néfaste et dangereux. Elle n'était pas menaçante. Bien sûr, chaque individu pouvait avoir de la colère, de la peur, des intentions néfastes, mais ces sentiments, si mineurs, je ne les ressentais pas. Je ressentais simplement le vice, le désespoir, les intentions meurtrières, l'esprit de conquête et de guerre. Des intentions que bien plus d'individu qu'on pouvait le penser possédait. Mais elle, même si je me doutais qu'elle n'était pas blanche comme neige, n'éprouvait rien de tout ça. Mon don de détection ne me dictait pas qu'elle était digne d'être jugée ou d'être une menace pour l'humanité. Je baissais donc légèrement ma garde, et continuait de l'écouter. Elle semblait m'offrir la possibilité de me rebeller et de survivre au jugement des principes divins. Elle voulait donc que je fasse comme elle. Mais pourquoi donc ? Pourquoi m'offrait t'elle une chance qu'elle devait, je le suppose, ne pas offrir à n'importe qui ? En réalité, il ne fallut pas longtemps pour comprendre. Elle savait des choses sur moi. C'était logique. Intéressant. Mais bien sûr, cette proposition n'était pas gratuite. Elle voulait que je sois soumise à un contrat. Un contrat envers qui ? Elle ? Elle ne s'attend pas à ce que je devienne sa servante, quand même ? Néanmoins, qu'avait-je d'autres comme options ? Cette femme me demandait d'abandonner ma vie et mes amies. Bien sûr, c'était douloureux de se dire que j'allais abandonner Kiana, Senya, Reina et Seria. Ces quatre femmes étaient importantes pour moi et représentaient la lumière dans mon océan de doutes. Même si je jouais à la rebelle têtue avec Seria, je l'appréciais beaucoup. Les abandonner était un chagrin pour moi. Mais morte, qu'allais je leur apporter ? Alors que vivante, il reste toujours un espoir. Je pouvais jouer à la valkyrie fière et justicière comme dans les vieilles fictions pour adolescents. Mais j'allais mourir si je refusais ses conditions, c'était indéniable. Et il me reste encore tant de choses à découvrir et à effectuer. La mort n'était pas un choix pour moi. La vie l'était. Du coup, même lorsqu'elle me balança sa carte avec le symbole de Serpent Noir, qui me confirma que j'allais, hélas, rejoindre les ennemis de l'Ordre si je décidais de choisir la vie, le choix était déjà fait. J'étais également intriguée par deux détails majeurs. Pourquoi cette membre de Serpent Noir ne m'inquiétait pas tant que ça ? Et que savaient-ils de moi ? Les réponses, j'allais les trouver si je choisissais la mélodie la plus évidente.

- Hmpf, intéressant. Serpent Noir, hein ? Très bien, pas de problème, j'accepte votre offre. Quoi ? Vous vous attendiez à ce que j'hésite ou que je joue à la pseudo valkyrie fière qui préfère la mort que de se soumettre à un groupe comme le vôtre ? Très peu pour moi. Je n'ai pas peur de la mort, j'aurais pu accepter ma sentence, car il se trouve que je suis bien consciente que les règles des Principes Divins ne peuvent être esquivés. Les puissants décident du destin des faibles ou de ceux qui méritent selon eux de disparaître. Moi même, au fond, je sais que je serais devenue un jour semblable à ceux qui veulent ma peau. Mes ancêtres ont fait suffisamment de dégâts comme ça, peut-être bien envers des personnes comme moi qui n'ont rien fait de si grave au final. C'est ainsi, ce sont des règles inévitables et il faut les accepter. Pour finir, je savais très bien que si j'atteignais mon objectif un jour, ma route allait se séparer de celle de mes amies. Je le ressentais, au fond, que rien n'allait être éternel pour moi. Ma place n'est pas ici, et les principes divins me l'ont bien gentiment rappelés. Donc à quoi bon pleurer ce sacrifice que je vais devoir faire ?

... c'est marrant, là où y'a des personnes qui décident de qui crève et qui trépasse, il semblerait qu'il existe aussi des personnes qui décident de qui doit vivre et qui a le droit à une dernière chance. Vous avez ce pouvoir, il semblerait. Alors je vais accepter votre générosité. En revanche, je n'accepte guère votre offre car je tiens à la vie et que j'ai pas envie de crever injustement. Je vais vous suivre car je me doute bien qu'une valkyrie de votre trempe ne s'amuse pas à balancer ces longs et charmants discours chez n'importe quel individu. Vous n'offrez pas ce pouvoir de survie à n'importe quelle valkyrie, c'est évident. Ce qui signifie que votre groupe a quelque chose qui m'intéresse. Comme des éléments, des données, des réponses peut-être bien, qui pourraient m'avancer dans ma quête. Vous savez bien plus que moi ce que je représente, pas vrai ? Par conséquent, je ne vous suis pas parce que je n'ai pas le choix pour continuer de respirer encore quelques temps. Mais parce que nous allons nous rendre mutuellement utile, je l'espère. Un contrat n'est signé que lorsque les deux parties peuvent s'entendre. Si je suis la seule à offrir quelque chose à l'autre parti, alors notre contrat sera caduc. Libre à vous de me tuer sur le champ si cela vous chante. Je veux bien vivre avec un espoir, même maigre, que je puisse atteindre la vérité, que dans le désespoir où nulle route ne me mènera sur les secrets de mes origines. Ainsi...

Je m'approchais de cette valkyrie. Je la fixais les yeux dans les yeux, avec mes yeux de serpents.

... je ne choisis ni Vivaldi ou Mozart. La mélodie que je vais choisir sera la mienne, celle que je composerai moi-même. Offrez moi le temps et les moyens d'écrire ma propre musique et vous pourrez juger par vous-même que je suis capable de composer la plus belle symphonie que vos charmantes oreilles pourront déguster.

Je tendis la main vers cette valkyrie, pour lui faire signe que j'acceptais son offre, pour l'instant du moins. Serpent Noir devait avoir des pistes concernant les Einherjahr ou mes propres origines. Cette Elza m'a choisi car elle le sait que je suis spéciale, c'était évident. Si c'est le cas, ils bénéficieront de mes services aussi longtemps qu'ils le souhaitent. Si ils ne me servent à rien, alors je perdrais mon ultime possibilité d'avancer, d'évoluer vers la porte de mon passé interdit. Et je pourrais mourir si son groupe le désire. Malgré que je savais que mon instinct me trompait peut-être, et que j'étais peut-être en train de signer un pacte avec le diable, je devais vivre pour que ma quête se réalise. Je suis navrée, Kiana, Seria, Senya et Reina. Nos chemins vont se séparer. Peut-être que le destin sera clément et nous permettra de se retrouver. Ce jour-là, puissiez vous avoir la force de me pardonner pour ce que je m'apprête à faire...
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Senya

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MessageSujet: Re: Chapitre 4: Un passé interdit   momiji - Chapitre 4: Un passé interdit Icon_minitimeMar 30 Jan - 21:58

La Valkyrie, toujours décontractée, écoutait attentivement la réponse de son interlocutrice à la proposition qu'elle lui avait présentée. Une réponse positive qui ne suscita aucune surprise chez cette dernière. Seul un rictus amusé se dessina sur le visage de la Valkyrie. Elle trouvait son interlocutrice amusante. Adopter une attitude stoïque lui conférait un charme particulier. Bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de la trouver naïve, ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait lui reprocher. Après tout, il s'agissait toujours d'une jeune Valkyrie courageuse, pensant ne pas craindre la mort et considérant les larmes comme le signe d'une faiblesse. Une Valkyrie fière qui devait maintenir sa dignité, même face à la fatalité. Cependant, ce masque ne trompait pas la femme aux yeux rutilants. Elle avait déjà observé suffisamment de jeunes âmes courageuses et fougueuses, pensant pouvoir accepter et faire face à tous les sacrifices et souffrances sans vaciller, jusqu'à ce que la réalité les rattrape inévitablement. La douleur de la perte, la crainte de disparaître, et la perspective d'être oubliée sont des fatalités inévitables qui frappent toujours au pire moment. Cette âme adorable ne pourra échapper à cette réalité. Lorsqu'elle prendra conscience de ce qu'elle a perdu, que sa vie ne tiendra plus qu'à un fil pour le reste de son existence, et qu'elle sera oubliée, elle réalisera pleinement la portée du contrat qu'elle vient d'accepter. Bien que le temps ne puisse guérir toutes les blessures, il peut, néanmoins, les atténuer. Il faut espérer que cette Valkyrie soit assez forte pour supporter la douleur lorsqu'elle fera face à sa nouvelle réalité. Avec le temps, elle pourrait accepter la réalité qui sera la sienne pour le reste de sa vie.

Lorsque la jeune Valkyrie tendit la main en direction de son interlocutrice, celle-ci se contenta de garder le silence avant de décroiser les jambes et de se redresser, passant à côté de la Valkyrie, ignorant la poignée de main qui lui était tendue. À la place, elle se dirigea de nouveau vers la fenêtre, brisant le silence, tandis que son regard rutilant se perdait dans la pluie qui continuait à se déverser à l'extérieur.

- Ce jour-là, le firmament versait ses larmes. Le jour où me fut confiée la plume pour composer ma mélodie. Toutefois, créer sa propre partition s'avère infiniment plus complexe que de puiser inspiration des œuvres préexistantes. Ce constat découle de notre éducation, orientée vers l'obéissance à des compositions déjà élaborées en notre nom. Fréquemment, c'est un parcours plus harmonieux, tracé pour nous préserver de la réalité, de la souffrance, et du désespoir. Il est donc naturel qu'à la remise de la plume, seule une page blanche subsiste. Pour entamer la quête de l'inspiration, il faut accepter que chaque note soit empreinte de douleur. Néanmoins, lorsque cette douleur se métamorphose en une mélodie suave, composer sa propre partition devient un privilège auquel on ne renoncerait pour rien au monde. Atteindre cet épanouissement requiert le courage de défier la douleur pour trouver l'inspiration. Cependant, l'inspiration peut se montrer réticente lorsque la douleur atteint des sommets d'intensité.

Elza détourna son attention de la fenêtre, faisant volte-face en direction de Lucia.

- En ce qui concerne notre mélodie, tu as donc pris une décision. Un choix manifeste, dont je connaissais la réponse bien avant même notre rencontre. Nous retombons toujours sur cette nature humaine qui nous fait cruellement défaut. Tu ne fais pas exception. Ironique, n'est-ce pas ? Juger une âme pour violation contre l'humanité, alors même qu'elle vient de faire le choix le plus humain et prévisible qui soit. Une ironie d'autant plus marquante lorsque tu es consciente de la véritable nature des juges.

La Valkyrie secoua la tête en affichant un léger sourire, tout en se moquant de l'absurdité de la situation.

- Sur ce, je me dois de revenir sur un ou deux points avant de conclure. Considérons, par exemple, mon pouvoir de t'offrir un avenir. Je crains de te décevoir, mais je ne suis pas la personne avec laquelle tu vas parapher ce contrat. Je suis davantage une messagère, une plume qui s'approche de toi, apportant avec elle une touche de poésie. Si tu possèdes quelque chose de particulier, c'est la personne qui m'a dépêchée pour te proposer ce contrat qui en a connaissance. À mes yeux, pour l'instant, tu représentes une mission à accomplir. Je ne suis en mesure de te faire ni promesses ni garanties. Je suis simplement celle qui facilitera ton évasion du jugement divin. Pour la période que tu souhaites, cela dépendra entièrement de toi et surtout de la personne qui estime que tu mérites l'opportunité d'écrire ta propre partition.

Elza se retourna une fois de plus en direction de la fenêtre, préservant le silence qui enveloppait la pièce, comme si elle offrait à Lucia le privilège du temps.

- Tu as compris, je présume, pourquoi j'ai omis ta poignée de main à présent. Bien que ce ne soit pas l'unique raison. La seconde, pour laquelle j'ai négligé ce geste, réside dans le fait que ce n'est pas ainsi que l'on scelle le contrat que je t'ai soumis. Pour consolider le pacte, une seule condition subsiste. Une condition des plus simples...

Le temps sembla soudainement s'arrêter, tandis qu'une douleur poignante frappait actuellement la jeune Valkyrie. Une douleur vive, glaçante, assaillante. Une fois consciente de la réalité, Lucia pouvait observer une lame rouge éclatante lui transpercer le cœur, la Valkyrie aux yeux rutilants tenant cette même lame.

- Ça va aller, ce n'est rien, ce n'est qu'un passage difficile. Je suis tout de même navré de te briser ainsi le cœur à notre première rencontre, ne m'en tiens pas rigueur, d'accord ? lança Elza, adressant un clin d'œil à sa victime. Ce n'est pas comme si je ne t'avais pas avertie, Lucia, n'est-ce pas ? Je t'ai informée que ce contrat est sans retour et éternel. C'est également le seul moyen d'échapper au regard divin. Pour tromper l'omniscient, il faut d'abord se tromper soi-même...

… Fait de beaux rêves, douce déchue.

Elza fit un signe d'adieu de sa main gauche, tandis que de la droite, elle retira d'un coup sec sa lame du corps de Lucia. L'instant suivant, la jeune Valkyrie s'effondra, son cœur ayant cessé de battre au rythme de l'orage. C'était fini. La vie avait quitté le corps de Lucia. Mais aucune hémorragie ne s'échappait du corps au sol sans vie, ni de sang n'était visible sur la lame de la Valkyrie. Quoi qu'il en soit, après cet acte, la Valkyrie fit disparaître sa lame et s'abaissa près du corps de Lucia.

- … Encore une âme victime de ce jeu divin auquel se livrent nos chères divinités. Je suis navré, Lucia, mais tu ne fais que quitter un enfer pour en rejoindre un autre. Au moins, dans celui-ci, tu auras peut-être une chance de trouver ta propre mélodie. Mais cela dépendra de toi.

Elza se redressa, se dirigea une nouvelle fois vers la fenêtre, mais cette fois leva la tête et les yeux au ciel.

- Satisfait ? Oui, j'en suis certaine. Pourquoi ne le seriez-vous pas ? Je viens de prononcer votre jugement sur la pécheresse hérétique. Profitez donc de cette satisfaction, un jour, ce sera votre tour d'être jugé. Ô grand Seigneur suprême.

La Valkyrie de Serpent Noir resta silencieuse, observant paisiblement l'horizon par la fenêtre. La pluie s'abattait toujours sur la cité. Un silence qu'elle brisa quelques instants plus tard, sans détourner son regard de la fenêtre.

- C'est d'une impolitesse notoire de négliger les salutations, mon cher Bladie.

Après ces paroles, une silhouette émergea des ombres, pénétrant dans le salon.
Spoiler:

- … Tu t'exprimes bien assez pour nous deux.

Elza se détourna de la fenêtre, s'approchant de son nouvel interlocuteur.

- Tu devrais travailler sur ta sociabilité, Bladie. Cela ne te ferait que du bien.

- Une lame n'a nul besoin de maîtriser l'art du langage, sa vocation unique est d'être suffisamment acérée pour séparer la tête du corps d'une personne. Sur ce, si tu as fini ton numéro, pouvons-nous enfin en finir ? La cavalerie ne va certainement pas tarder à débarquer.

- Pourquoi une telle précipitation, Bladie ? Nous avons encore largement le temps. Assez avant que l'Ordre fasse son entrée en scène, me laissant tout loisir d'apprécier un bon thé, de m'imprégner de musique, tout en observant la pluie s'abattre avec passion.

- … Fais ce que tu veux, moi je m'en vais, je ne comprends toujours pas pourquoi tu avais besoin de moi en premier lieu.

- C'est évident, mon cher Bladie, non ?

La Valkyrie indiqua d'un geste de la tête, tout en esquissant un sourire, le corps de Lucia.

- C'est une plaisanterie ? Pourquoi serait-ce à moi de m'en occuper ?

- Voyons, Bladie, n'as-tu jamais entendu parler de la galanterie ? Un homme de ta prestance ne laisserait pas une femme porter un cadavre, n'est-ce pas ? Je risque de me casser un ongle, ou pire, de salir ma belle veste.

- La galanterie s'applique si tu étais une femme. Mais toi, tu es tout sauf une femme à mes yeux...

- Ouh, cela entaille mon petit cœur quand tu dis cela, Bladie. Mais cela ne change pas les faits. Tu vas devoir t'occuper de la ramener. Il est impératif que quelqu'un couvre nos arrières, ne crois-tu pas ? Et qui mieux que l'une des Valkyries les plus populaires et adorées de l'Ordre pour s'en charger ? Libre à toi de prendre ma place et de gérer tout cela. Cependant, je doute que tu sois très persuasif avec une tête affichée sur 80 % des planètes du système d'Erasia.

- Humpf, tu vois, c'est pour cela que je n'aime pas le contact humain.

- Moi aussi je t'apprécie, Bladie.

Le mystérieux individu s'approcha du corps de Lucia, commençant à la porter dans ses bras afin de la faire disparaître. Mais la destination qui attendait la défunte Valkyrie restait encore inconnue.

- Je te prierai d'être délicat avec notre amie, veux-tu ? Je lui ai déjà brisé le cœur, inutile d'également briser son petit corps.

- Je sais être galant quand il faut. Et je suis certain que ce n'est pas la première fois que tu brises le cœur de quelqu'un, Elza...

- Qui sait ? As-tu peur que je brise le tien, mon cher Bladie ?

- … Il est impossible de briser quelque chose qui n'existe plus.

- Brrr, quelle froideur.

L'homme quitta le salon avec la jeune Valkyrie dans ses bras, tandis qu'Elza, de son côté, recroisa de nouveau les jambes, attendant tranquillement sur le fauteuil l'arrivée des Valkyries.


* * *

La lueur blafarde de l'écran de mon ordinateur m'éblouissait alors que l'aube enveloppait le monde autour de moi. Assise devant mon bureau, ma joue gauche effleurant les touches du clavier, épuisée par la fatigue accumulée ces derniers jours. Une semaine s'était écoulée depuis les événements ayant conduit à la disparition de Lucia. La sonnerie frénétique de mon téléphone ce matin-là avait marqué le début de cette histoire, avec les paroles paniquées de Kiana m'annonçant un malheur. Plus tard, en rejoignant Kiana et Seria, j'avais découvert l'ampleur de la situation. Mon esprit rationnel refusait d'accepter la réalité. Lucia, coupable d'une violation des Principes Divins ? C'était difficile à concevoir. Même pour quelqu'un de pragmatique, la condamnation de Lucia était déconcertante. Tout avait évolué rapidement. Bien que Seria ait tenté de nous rassurer sur le fait que la situation de Lucia n'était peut-être pas fatale, je n'étais pas dupe. Seria avait choisi de ne pas inquiéter Kiana, mais cette dernière ignorait beaucoup de détails sur les Principes Divins, selon le souhait de Seria. Je n'ai jamais contesté le choix de Seria de garder Kiana dans l'ignorance, bien que je ne comprenne pas totalement ses motivations. Les Principes Divins sont une constante de notre existence, une réalité que nous ne pouvons ignorer. Mais je suppose que Seria a ses raisons, et je respecte sa manière d'éduquer Kiana.

Acceptant la réalité, je me suis sentie poussée à en savoir plus, à comprendre. L'Ordre et l'académie n'étaient pas enclins à coopérer, et même les médias étaient tenus au silence. J'ai donc décidé de mener ma propre enquête, comme à mon habitude. Sachant que je ne pouvais rien faire pour Lucia, la compréhension était mon objectif. Sa disparition ne laissait aucune trace apparente, ce n'était pas normal, je me suis donc concentrée sur les paroles de Kiana en priorité. Le matin de la disparition de Lucia, Kiana semblait culpabiliser de n'avoir rien fait la veille, lorsqu'elle avait appris certains secrets de notre amie. Sur le moment, j'avais rejoint Seria pour apaiser Kiana, mais une fois seule, je me devais d'explorer cette piste. Mon premier réflexe était d'accéder à l'ordinateur de Lucia, mais il avait déjà été détruit à l'arrivée de l'Ordre. Cependant, cela ne m'a pas découragée. Je suis consciente que certaines de mes actions peuvent sembler douteuses, mais je me félicite d'avoir installé un logiciel espion dans les ordinateurs et téléphones de Lucia, Seria, Kiana et Reina. C'était dans un but protecteur, évidemment. Je ne les espionne pas par amusement, mais plutôt pour me rassurer en veillant discrètement sur elles. Cela a déjà permis de sortir Kiana de situations délicates avec les autorités. Aujourd'hui encore, cette mesure m'a aidée à comprendre ce qui s'était réellement passé et à envisager la raison possible derrière la disparition de Lucia.

J'avais commencé par parcourir les e-mails de Lucia, et ce que j'y avais découvert correspondait aux dires de Kiana. Cependant, c'était bien plus explicite avec les images, et surtout, plus effrayant. Je commençais à comprendre les accusations portées contre Lucia, bien que la logique derrière ce jugement me laissait perplexe. Si la vie de Lucia était réellement une violation du Principe de l'Existence, pourquoi cela prenait-il effet seulement maintenant ? Les Principes ne pouvaient-ils détecter les transgressions que lorsque l'accusé en prenait conscience ? Cette théorie suggérait l'existence de moyens de contourner les Principes, des moyens peut-être connus de Serpent Noir, expliquant ainsi leur impunité depuis plusieurs années.

En poursuivant mes investigations, je me suis penchée sur les communications de Lucia, en particulier une conversation qui avait attiré mon attention. Suite à cette écoute, des doutes ont commencé à germer à propos de mon amie. Qui étaient Velouria et cette mystérieuse organisation à laquelle Lucia semblait rendre des comptes ? Plus j'en apprenais, plus les questions s'accumulaient. Cependant, une certitude émergeait : Lucia semblait prête à tout pour découvrir ses origines. Sa souffrance, jusque-là insoupçonnée, m'a étonnée. Cependant, aller jusqu'à rejoindre une organisation dont elle ignorait visiblement tout ? Un simple appel a suffi pour me convaincre que cette organisation manipulait Lucia. Le puzzle commençait à prendre forme, et je n'étais pas à l'aise avec mes découvertes. Comprendre les actions de Lucia ne signifiait pas les approuver, et une partie de moi était déçue qu'elle n'ait pas eu confiance en nous. Je ne connaissais pas Lucia depuis aussi longtemps que nous nous connaissons avec Kiana et Reina, mais si elle s'était confiée, peut-être aurions-nous pu éviter cette situation. Une culpabilité grandissante m'envahissait ces derniers jours, la sensation de n'avoir rien remarqué alors que mon amie détruisait son avenir sous mes yeux.

Cependant, il était inutile de se morfondre. Lucia avait choisi cette voie seule, et la réalité était là, implacable. La punition me semblait néanmoins d'une grande injustice. Pour autant, je garderai dans un coin de mon esprit les noms de Velouria et de cette organisation. Mes recherches n'ont rien donné, mais j'ai réussi à tracer l'adresse IP de l'e-mail jusqu'à un système planétaire éloigné, soumis à l'autorité de la Corporation pour la Paix Interastrale* (CPI). Cela expliquait pourquoi l'Ordre n'y avait pas les pleins pouvoirs.

C'était ici que mon enquête s'était conclue. Je ne pouvais aller plus loin dans l'immédiat. Insister ne servait à rien. Ça n'allait pas changer les choses, ni ramener Lucia. Il fallait aller de l'avant. J'ignore si Lucia est toujours quelque part dans cet univers, mais si c'est le cas, je souhaite qu'elle trouve le bonheur qui lui a échappé à nos côtés.

- … Adieu, mon amie.

Je m'étirai longuement, me levai de ma chaise de bureau, puis ouvris la fenêtre pour profiter de la douce brise matinale. Il était temps de changer d'air aujourd'hui, j'en avais vraiment besoin. Reina avait été autorisé à entrer de mission grâce à Seria, suite à l'incident. Cette semaine n'avait été facile pour aucune d'entre nous. Je me détournai de la fenêtre, attrapai mon téléphone sur le bureau et envoyai un message à Kiana et Reina pour organiser un moment ensemble cet après-midi. Si cette épreuve m'avait enseigné quelque chose, c'était l'importance de profiter du temps avec ceux que l'on chérit. Avant de retrouver mes deux amies plus tard, je devais passer un appel à une personne en particulier. Je composai le numéro de Seria.

- Senya ? Je suis contente que tu m'appelles. Comment te sens-tu depuis la semaine dernière ?

- ... Seria, balbutiai-je d'une voix tremblante, des larmes fines commençant à couler le long de mes joues, je...

- … J'arrive.

Comme à son habitude, Seria était là pour nous. Peu importe l'heure ou la situation, elle répondait toujours présente quand nous avions besoin d'elle. En cet instant, incapable de retenir mes larmes après une semaine à tout garder en moi, j'avais besoin de me libérer. Un moment où j'avais besoin de la seule figure maternelle rassurante qui nous restait à toutes les trois. La seule figure qui ne nous trahirait jamais...
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