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 [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse

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Azelia

Azelia


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Date d'inscription : 02/09/2023

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MessageSujet: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse Icon_minitimeSam 9 Sep - 18:05

Je patientais paisiblement sous la pluie. Une dirigeante telle que moi devrait être tranquillement dans mes appartements, bien au chaud, à profiter du confort que seule l'élite peut se permettre de profiter. Mais je n'étais pas ce genre de dirigeante. Le luxe était un plaisir que je profitais légitimement. Après tout, il faut savoir jouir de ce que l'on possède, sans la moindre modération. Mais ce même luxe, ces possessions qui se situent au creux de mes mains, elles se méritent. Et pour ma part, un dirigeant mérite d'être au sommet de la chaîne humaine si et seulement si il quitte de temps en temps son confort matériel pour voir le monde. L'observer, l'analyser, se sentir concerné par ses joies et ses peines. J'étais une femme de terrain. Et c'est parce que je me permets de quitter ma zone de confort de temps à autre que j'ai pu découvrir toutes les facettes qu'Atrium nous réserve, nous, créations du Valhalla. Ma mission m'oblige à repérer lorsque le monde va mal. Et ce monde saigne. Il se vide progressivement de sa vitalité, de son essence. Il y'a un millénaire de cela, nous nous sommes écartées de notre raison d'exister. Aujourd'hui, le destin, pourtant si cruel, nous offre une nouvelle chance. Une chance que je ne laisserais pas glisser entre mes mains sales. Une chance de revoir ceux que j'ai abandonné. En cette soirée pluvieuse et orageuse, je patientais. Je n'étais guère perturbée par les fines goutelles d'eau qui glissaient le long de mon visage. Ce climat me plaisait. Il me rappelait que le monde était toujours en mouvement, que les forces mystiques qui veillaient sur nous étaient encore en vie. Et surtout, vue comment les éléments se déchaînent, cela était la preuve qu'elle allait venir. Elle venait toujours. Elle ne manquait jamais le moindre appel. Car elle était mon plus fidèle enfant. Et à l'idée de la revoir, mon coeur s'emballait. Bien qu'il était poignardé, corrompu par les flammes de la culpabilité, il battait fort à la simple pensée que notre famille allait être reconstruite.

- Ah, vous êtes ici, Votre Altesse. Purée, quelle tempête...

- Tu es en retard, Ayako...

- Navrée, mais je ne possède pas des ailes magiques qui me permettent de danser dans les airs aussi gracieusement que vous. La route la plus courte était impraticable avec toute cette gadoue. J'ai du faire, genre, un méga détour pour vous retrouver.

Ayako n'était pas celle que j'attendais. Mais elle demeurait néanmoins importante pour moi. De tous mes serviteurs, elle était la plus attachante. Et cela, pour une raison peu commune. Elle était naturelle avec moi. Comme pour tout régent, peu importe la nation ou le continent, les serviteurs se devaient de respecter une certaine étiquette, une certaine tenue, et un certain langage face à celui qui avait conquis de ses mains royales le peuple et gagné son respect. Evidemment, le peuple de Bern me respectait et s'agenouillait devant moi prestement à chacune de mes apparitions. Néanmoins, voir des pantins hypocrites effectuer toujours les mêmes pas de danse face à moi provoquait une certaine lassitude en moi. Un certain ennui. Ayako était différente. Je l'ai élevé toute petite. Elle m'a vue comme une mère adoptive. Et certainement, j'a du endosser les ennuis habituels lorsque l'on incarne la figure maternelle pour une petite comme elle. Elle est devenue très rapidement une petite rebelle face à moi. Mais j'aime ça. Bien sûr, Reinhardt, mon conseiller et accessoirement mon majordome, rêve de punir Ayako pour ses abus de langage et son insubordination. Mais quelles petites tapes sur les épaules, quelques mots doux que seule une maman peut adresser, et cette petite délinquante se calme aussitôt. Elle me rappelait cette petite famille que je veux revoir ardemment. J'ai patienté mille ans. Mille ans de solitude qu'Ayako a brisé, et pour cela, elle est devenue une de mes lieutenantes favoris.

Spoiler:

- Bon, on aurait pas pu reporter notre rendez-vous avec nos nouvelles recrues ? Avec une tempête pareille. Je vous croyais avec plus d'exigences. Deux femmes de notre envergure méritent de se présenter avec davantage de classe et de finesse face à ceux que nous honorons de notre présence. Or, je suis trempée de la tête aux pieds. On ajourne et on rentre boire un verre de vin bien chaud, Votre Altesse ?

- Si nous ne nous présentons pas face à nos invités, cette tempête ne se calmera jamais...

- Hein ? Je comprends pas...

- Tu te trompes sur un point, ma chère Ayako. Nous ne serons pas celles qui honoreront nos invités. Ce sont eux qui nous feront l'honneur de nous recevoir et nous écouter. Maintenant que tu es enfin présente, il est temps de nous mettre en route. Le temps nous est compté. Je vais te présenter à ta nouvelle famille. Mais uniquement si tu te montres digne...

Sans davantage d'explications, je reprenais mon excursion que j'avais cessé pour retrouver Ayako. La pluie diluvienne qui s'abattait sur nous continuait sa petite ballade également. Si cela suffisait pour perturber Ayako, alors je l'avais grandement surestimé. J'attends de mes légions une résistance à toute épreuve. Ils doivent être capable de mener bataille à travers les tempêtes, les vents et les marées. Peu importe que le feu, le vent, l'eau ou la terre s'acharne sur mes serviteurs, ils doivent marcher et conquérir. Ayako reste une jeune fille qui doit encore mûrir, mais j'ai bon espoir que sous ma protection, elle serve mon empire et mes projets à la perfection. D'abord, je songeais ne pas lui donner de détails sur le rôle que je souhaitais lui offrir. La pression pourrait l'accabler, ou encore, elle pourrait craindre pour son avenir. Néanmoins, Ayako était une jeune femme fidèle, trop fidèle. Elle pourrait assassiner les différents empereurs de Granvall afin de satisfaire la main qui la nourrit. Je devais la préparer. La nuit était encore jeune de toute manière.

- Ayako, il est bien trop tard pour faire marche arrière. La route que nous empruntons est celle de ta destinée. Succès et grandeur sont à ta portée si tu es prête à oublier petit à petit ton humanité afin d'évoluer vers de nouveaux horizons. J'ai bon espoir que tu sois prête. Mais je dois, malgré tout, te narrer le parcours de tes futurs soeurs afin que tu puisses plus facilement les accepter, voire les appréhender si ton coeur est trop faible.

- Vous parlez toujours de manière énigmatique. Alors j'ai bien peur que ce ne serai ni de l'acceptation, ni de l'appréhension que je m'apprête à ressentir, mais plutôt de l'incompréhension. Est-ce que toutes vos "soeurs" parlent avec le même langage que vous ?

- Hahahaha, non, je te rassure. L'une d'entre elles risque de bien s'entendre avec toi si tu parviens à l'apprivoiser. Bref, il est temps que tu saches qui étaient les quatre cavaliers de l'apocalypse. Du temps de mon apogée, bon nombres de dragons furent crées afin de rétablir l'équilibre à travers Atrium. Avec ma plus fidèle amie, la gardienne Saphira, nous avons néanmoins participé à un projet dont nous nous sommes investies à travers les âges. Nos enfants mourraient à petit feu, car l'humanité devenait de plus en plus chaotique. Nous avons participé aux funérailles de tant d'entre eux. Quelle tragédie. Nos pleurs et notre souffrance demeuraient inégalés. Mais nous n'avons jamais perdu espoir. Ce fut encore un temps où le désespoir ne faisait pas partie de notre vocabulaire. Alors nous avions décidé de concentrer tout notre savoir-faire en terme d'alchimie sur quatre nouveaux enfants, qui porteraient notre bannière à eux tout seuls. Car une légion n'est rien si elle est imparfaite.

- La perfection n'existe pas, nan ? En quoi ces quatre enfants étaient si parfaits pour vous ?

- Ils possédaient deux différences par rapport au reste de nos progénitures. Premièrement, nous sommes parvenus à les convertir. De l'enveloppe charnelle d'un dragon, ils sont devenus des hommes. Plus rapide, plus intelligents, un meilleur contrôle de leurs capacités. Ils ont beau avoir perdu en force brute et en férocité, cela ne changeait en rien que notre décision était la bonne. Enfin, puisqu'il s'agissait de nos enfants, et que comparé au reste de l'humanité, tout comme toi aujourd'hui, ils étaient sous notre bienveillance, nous les avons enseigné les valeurs que l'on souhaitait retrouver à travers Atrium. Ce sens de la loyauté qui est tien aujourd'hui, mais également un esprit familial qui les rendait unique.

- Un esprit familial ?

- Les quatre cavaliers brûlaient tout sur leurs passages. Ils jugeaient les imparfaits, les hérétiques et les faibles. Ceux qui contribuaient à la destruction de notre système et qui ne pouvaient être stoppés recevaient une visite de ces quatre cavaliers. Lorsque le glas retentissait, la pauvre âme souillée par la culpabilité et le mépris finissait entre leurs mains. Personne ne pouvait fuir si, ne serait-ce que l'un d'entre eux, pose ses yeux sur leur proie. Le coupable ne le réalise jamais à temps lorsqu'il est déjà mort. Mais la véritable raison pourquoi les légendes chantent leurs noms à ces quatre cavaliers n'est nullement parce qu'ils sont tyranniques ou impitoyables et que personne ne peut leur résister. La véritable raison est que ces cavaliers formaient une unité. Une cohésion impeccable que nous avons forgé avec Saphira leur permettait d'être intouchable. Si, à titre exceptionnel, l'un de ces cavaliers était en difficulté, un autre débarquait aussitôt, et relevait son partenaire pour l'accompagner lors du jugement qu'il devait abattre sur sa proie. Et lorsque deux cavaliers sont réunis ensemble, tout est terminé. Seul le silence de la mort pouvait être entendu.

- C'est... impressionnant. Je croyais que la cohésion d'équipe ou la solidarité n'étaient que des concepts que l'on retrouve dans les contes de fée.

- Lorsque les Dieux veillent à l'éducation de leurs enfants, ces principes sont les premiers qui sont transmis. Dommage que l'humanité refuse de suivre notre voix. Ces quatre cavaliers étaient justement nommés à travers des concepts que l'humanité redoute, et pourtant, désire plus que tout au monde. La conquête, la guerre, la famine, et enfin, la mort. As-tu peur de la mort, Ayako ?

- Je... je vous avoue que oui. Enfin, je n'ai pas peur de la mort, je déteste juste le concept que je dois disparaître un jour.

- Alors il faudra te faire face à la mort en cette nuit. Car sinon, elle ne te manquera pas. Elle viendra te chercher et collectera ton âme. Sois prête, car c'est elle que nous allons rencontrer ce soir. Mon enfant la plus fidèle: Death...

Je pus constater qu'Ayako, pourtant si à l'aise avec le crime et le meurtre, tremblait soudainement à l'idée qu'elle va rencontrer le cavalier qui représente la mort. Je connais Ayako, je sais très bien qu'elle me suit depuis toute petite à cause de sa peur de la mort. Après tout, bon nombre d'âmes malfaisantes ont cherché à l'assassiner. Elle prétend vouloir imposer sa revanche envers le monde en acceptant d'être l'une de mes lames du jugement. Mais je sais qu'elle me suit à la trace parce qu'elle sait qu'à mes côtés, elle vivra éternellement. Il est si facile d'amadouer le mortel lorsque l'éternité lui tend la main. Mais l'un des versets de la dualité cosmique le dit: "Pour accepter l'éternité, il faut accepter la mort".

- Juste une question, Votre Eminence. Tous vos dragons ont été vaincus il y'a plus de mille ans. Pourquoi ils reviendraient du jour au lendemain, comme ça, sur un coup de tête ?

- Pas par un coup de tête, Ayako. Grâce à ça...

Je fis apparaître un cristal rouge et le montra à ma lieutenante. Je ne pouvais reprocher à ma "fille" cette question tout à fait pertinente, je n'avais pas encore pris le temps de lui montrer le fruit de notre labeur. Quelle mauvaise mère je pouvais être parfois.

- Ce cristal représente le coeur même des dragons que les gardiens ont forgés il y'a plus d'un millénaire. L'essence du dragon, son âme, sa puissance, tout est scellé au sein de cette pierre que l'on nomme "Dracopierre". Tant que ce cristal est intact, le dragon relié à cette "Dracopierre" continuera d'exister. Chaque pierre fut éparpillé aux quatre coins d'Atrium, et seuls les êtres d'exceptions comme moi peuvent invoquer l'esprit scellé en ces reliques, ou même ne serait-ce que les érafler. Personne ne pouvait les employer ou les briser, à part les élus du Valhalla. Cette "Dracopierre" était enfermé dans un temple gardé par une guilde noire, qui ont eu l'audace de braver l'interdit et de la ramener au sein de ce piètre village que nous avons purifié de nos flammes vengeresses. Ces pauvres fous croyaient réellement qu'ils pouvaient invoquer le cavalier de la conquête avec leurs rites noirs, ou leurs sacrifices sataniques. Pathétique. Même pas fichus de résister à une horde de brigands. Dans un sens, la troupe de Ludr pourrait presque être considéré comme des héros.

- Tch, mille ans à sommeiller, et on finit par être le jouet de ces mages de pacotilles. Je ne sais ce qui est le plus à plaindre. Que des êtres humains songeaient réellement pouvoir invoquer un cavalier de l'apocalypse, ou l'empire de Brodia qui ne réalise même pas ce qui se trame au sein de ses terres. Hahahaha, c'est vraiment misérable.

Maintenant que j'avais la liberté de la part des gardiens d'Atrium d'employer ces reliques afin de libérer ceux qui ont fait trembler ce monde impur, je pouvais prouver, une nouvelle fois, que ma mission pouvait être couronné de succès. Je suis une des douze guides du Valhalla. Je dois faire avancer l'humanité, la faire grandir. J'aime l'humanité plus que tout au monde. Voilà pourquoi je devais soumettre les mortels. En tant que mère, je ne pouvais voir ces fous continuer de détruire les terres qui appartenaient à mes enfants. Mais d'abord, j'espère qu'ils accepteront mes plus sincères excuses. J'ai profané leur confiance il y'a un millénaire de cela. J'ai longtemps rêvé de nos retrouvailles. Mon coeur continuait de battre avec passion à l'idée que ma famille allait renaître de ses cendres.
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Ayako

Ayako


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Date d'inscription : 25/09/2023

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MessageSujet: Re: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse Icon_minitimeMar 24 Oct - 1:22

Je n'avais pas la moindre confiance envers qui que ce soit dans ce monde. Lorsque l'on nait dans un clan d'assassins, on apprend dès le plus jeune âge une leçon bien cruelle. Celle de toujours surveiller nos arrières, notre propre ombre, ou même nos proches, peu importe qu'on les chérisse ou non. A n'importe quelle moment, on peut se retrouver avec un couteau sous la gorge, prêt à mettre fin à notre pitoyable existence, même si elle était trop courte. La famille avant tout était une phrase qui résumait le mode de pensée de la plupart de nos rivaux, nous, les Akaikumo. Mais pour notre part, ce n'était pas le genre de la maison de penser ainsi. Si nous devenions inutile, nous étions zigouillés, sec et net. Et je sais que cela est guère différent au sein de l'armée de Bern. Azelia, ma mère adoptive, semble ressentir de l'importance pour ses principaux sujets. Elle se vante d'être la grande matriarche d'une puissante famille qui représente sa fierté. Mais moi, je m'en fiche de ce qu'elle ressent pour moi. Tant que je me rends utile, elle me protégera. Je n'aurais plus besoin de trembler ou de garder l'oeil ouvert chaque nuit parce que je suis trop terrorisée pour pioncer, à la simple idée que je pourrais recevoir un visiteur du soir qui me poignarderait pendant mon sommeil. Je suis pas naïve pour un sou. Si je faiblis ou si je deviens inutile, l'impératrice de Bern se débarrassera de moi sans le moindre regret. Y'a pas un royaume qui voit les choses sous un autre angle, à part ces faiblards de chez Alfheim. Tu déçois, tu payes le prix fort. Mais bon, à ce sujet, j'avais pas trop de raison de trembler. Ma patronne semblait tellement reconnaître mes capacités qu'elle venait de m'offrir une petite balade gratuite sous la flotte. Joie. En dehors du fait que cette randonnée mère et fille était l'occasion de se rappeler que la météo de Bern était toujours aussi radieuse, nous nous dirigions vers un soi-disant lieu de rendez-vous selon Azelia. Mon impératrice, tout au long de cette marche absolument épuisante qui risque de provoquer un bon rhume chez moi, demain, au réveil, semblait différente que d'habitude. Je ne saurais pointer du doigt ce qui paraissait différent chez elle. D'habitude, bien qu'Azelia savait montrer de l'affection pour ses généraux d'élite, elle restait malgré tout une dirigeante qui ne laissait rien transparaître. Ses émotions étaient dissimulés par un masque d'acier, qu'elle retirait à de rares occasions. Par ma tendance à emmerder le monde et à me rebeller, j'essaye de faire tomber ce masque, afin de voir si cette prétendue attitude maternelle était réelle chez elle ou non. Mais en cette soirée, je voyais le regard d'Azelia bourré d'émotions. Là où je savais que je n'étais qu'une "enfant" de substitution pour elle, ici, j'avais le réel sentiment d'observer une mère, qui n'avait plus vu ses gosses depuis une trentaine d'années. Azelia semblait émue. Et vu le récit qu'elle venait de me narrer, je comprenais mieux. Azelia avait crée quatre dragons, aujourd'hui, à l'apparence humaine, qu'elle semblait chérir du fond de son coeur. Cela me faisait chier dans un sens. Et je pigeais pas pourquoi. Moi qui en avait rien à cirer de ce que le monde entier pouvait penser de moi, là, je me sentais presque jalouse. Pourquoi ne pouvait-elle pas montrer ce regard passionné avec moi plus souvent ?

Néanmoins, elle tenait à me présenter à ses fistons, et prétendait qu'il s'agirait bientôt de ma nouvelle famille. J'comprenais pas ce qu'elle sous-entendait par là. Et si je m'amusais à lui poser la question, comme d'habitude, elle me répondrait de façon imagé et énigmatique. En clair, cela veut dire qu'elle esquiverait la question. De toute manière, j'allais bientôt être fixé. Nous étions désormais sur une large colline. La pluie était toujours aussi casse-pieds, et l'obscurité tout aussi pénible. Néanmoins, au centre de la colline, je pouvais apercevoir plusieurs dolmens formant un cercle. En règle général, ce type de lieu que l'on retrouve notamment à Alfheim et à Bern servait de lieu de rencontre pour des druides ou autres shamans en tout genre. En cette époque sombre et chaotique, il s'agissait surtout de lieux de rendez-vous pour diverses guildes noires. Actuellement, la guilde la plus populaire était celle qui priait Lopto, le dieu de la destruction. Azelia a décidé de ne pas en faire une priorité. Néanmoins, si ce lieu de recueillement était notre point de rendez-vous, j'en arrivais à croire que nous allions réellement rencontrer les membres de cette secte de timbrés. Ce n'était pas comme si, depuis la chute du clan Fafnir, une armée de dragons était sous notre commandement, et que nous étions à l'aube d'une nouvelle ère selon Azelia.

- Nous sommes arrivées. C'est ici que nous sommes attendues. Néanmoins, je ne vais guère patienter davantage. Il est temps que je te présente à la première de tes nouvelles soeurs. Après un millénaire de solitude, je ne tiens plus. Je me dois de la libérer de sa tourmente.

- Euh... Faites donc ?

Je ne pouvais pas vraiment dire ce qu'Azelia allait exactement faire. Car elle récita une incantation dans une langue étrangère, pile au centre du cercle de pierre. J'ai beau être la fille adoptive de cette mystérieuse femme, il y'a encore beaucoup de choses que j'ignorais. Ses origines par exemple. Elle m'a déjà annoncé qu'elle existe depuis les origines d'Atrium. Mais ni plus, ni moins. Et à la limite, qu'elle avait pour mission d'assurer l'équilibre de ce monde. Mais ça, c'était du charabia. Ce qu'elle voulait protéger, je le protégerai. Ce qu'elle voulait détruire, je l'annihilerai de mes propres mains si elle me le demande. En tout cas, il est clair qu'elle avait quelques atouts niveau sorcellerie. Ce rituel qu'elle était en train d'effectuer était glauque. L'espace autour de nous semblait se fissurer. Je me plaignais de l'obscurité il y'a trois minutes de cela. Mais là, l'ambiance était trop lumineuse. Car en effet, le ciel se fissurait, et quelques rayons de lumière pénétrèrent au sein de cet étrange rite. Après avoir été quelque peu aveuglée, je compris ce que mon impératrice effectua très précisément. Elle réduisit en poussière un voile protecteur qui camouflait ce qui se trouvait réellement au milieu de ces dolmens. Sur le sol, un dessin rouge se forma. Des chaines reliaient le sol avec ces tables de pierre autour de nous. Et en une fraction de seconde, quelque chose d'inquiétant démarra. Le dessin au sol s'enflamma. Azelia était prise au piège au beau milieu d'un torrent de flammes. Je m'apprêtais à crier son prénom, mais je me suis mis à réfléchir soudainement. C'était Azelia. Elle savait ce qu'elle faisait. Bien que là, elle savait un peu trop ce qu'elle faisait, car les flammes allaient l'engloutir. Je ne pouvais m'approcher davantage. Mais je n'eus guère besoin. Azelia tourna son visage vers le mien et m'adressa un regard bienveillant. Si je pouvais lire sur ses lèvres, je dirais qu'elle me disait de ne pas m'en faire, tout allait bien se passer. Je plissais des yeux, car la simple vue sur ces flammes de l'enfer carbonisait la rétine. Je n'étais pas totalement sûre, j'avais l'impression qu'Azelia était en face d'un cercueil rouge qui était immobile, grâce aux nombreuses chaines ci et là. Azelia sortit sa petite pierre qui, si je me souvenais bien ses explications, était le coeur d'un de ces quatre dragons et la raison pourquoi elle et Seto prirent d'assaut ce village pleins de fanatiques.

- Je t'invoque sur ces terres. Brûle tout sur ton passage, cavalier de la conquête ! Sintara !

Le torrent de flammes s'intensifiait. A ce rythme, on allait alerter les villages aux environs. Et surtout, personne ne pouvait survivre à un tel ouragan de braises. Mais il s'agissait de mon impératrice. Elle n'était pas humaine. Moi qui me plaignais de la pluie, je ne pouvais me mettre à la place d'une telle femme en réalité. Imperturbable, jamais inquiète, toujours calme patiente et réfléchie. Cette femme n'était pas humaine. Et en parlant d'inhumain, je pus constater, une fois que les flammes se dissipèrent, que le cercueil semblait s'ouvrir depuis qu'Azelia avait, par je ne sais quelle magie, fusionné ce cristal draconique avec lui. Mais à peine ce cerceuil s'ouvrit qu'il explosa avec fracas. J'étais toujours à distance raisonnable de la scène, je ne pense pas qu'Azelia permettrait que je sois plus proche. Après tout, en vue de son récit, c'était pas n'importe quel cavalier qui sommeillait à l'intérieur de ce cercueil. Sintara, le cavalier de la conquête. J'avais hâte de voir sa gueule. Pouvoir observer l'un des quatre enfants d'Azelia. C'était intéressant.

- Je te salue, ô général des flammes démoniaques ! Mille ans se sont écoulés depuis que tu as été désactivé. Mais aujourd'hui, je suis heureuse de pouvoir te revoir parmi les vivants.

A la fin de cette phrase d'Azelia, je pus enfin l'observer. Elle était glauque cette femme. Un peu comme j'attendais d'un cavalier de l'apocalypse. Son armure était noire comme les ténebres, sa chevelure était grisonnante, ses yeux étaient jaunâtres et aussi perçants que ceux d'un serpent. Et pour finir, sa peau était pâle. J'ai jamais vu une personne aussi pâle de toute ma vie. Même quand j'ai eu une indigestion après avoir englouti un peu trop de poisson cru lors de mon dix-huitième anniversaire, je n'était pas aussi blanche. C'était un véritable fantôme, ce cavalier, ma parole. Cependant, je mentirais si je disais que je n'étais guère impressionnée. L'humain de base ne me faisait pas peur. Mais elle, elle foutait les jetons. Quelque chose d'inhumain se dégageait en elle, exactement comme pour Azelia. Je n'étais bizarrement plus aussi rassurée qu'il y'a quelques secondes depuis que j'ai vu cette femme. Parce que son regard reptilien n'essayait même pas de cacher la haine rugissante chez cette femme.

Spoiler:

Azelia semblait l'accueillir de manière très solennelle. Comme décrit par son récit de tout à l'heure, elle avait l'air d'être ravie de revoir cette femme absolument effrayante. Néanmoins, quelques secondes suffirent pour que je constate que ce bonheur n'était pas réciproque. A moins que c'est une manière de se dire "salut" entre les dragons déchus, j'étais en train de jurer que cette Sintara s'en prenait à ma reine. Car elle se lança tel un serpent sur sa proie, l'agrippant par la gorge, et la soulevant au dessus d'elle. Pour qui elle se prend, cette sale garce ? On se donne la peine de la réveiller après qu'elle ait fait une longue sieste de presque mille ans et c'est comme ça qu'elle montre sa gratitude ?

- Vous avez bien du courage pour vous montrer ainsi devant moi, après nous avoir poignardé dans le dos, juste au moment où les choses devenaient intéressantes. N'est ce pas, Azelia ?

Même si cette femme en armure était stylée, classe, et surtout effrayante, j'allais pas la laisser continuer à soulever ma reine comme si de rien n'était. J'étais l'une des gardes du corps de Son Altesse. Je ne suis pas du genre à bouger mes fesses pour sauver quelqu'un d'autre. Mais il s'agissait d'Azelia, celle qui allait me permettre de rester en vie à la fin de la guerre qui s'annonce. De ce fait, je me devais d'intervenir. J'étais prête à trancher comme du jambon un dragon si il le fallait. Mais alors que j'allais dégainer mon katana pour éliminer cette nuisance, Azelia tourna la tête vers moi, malgré que son cou était entre les griffes de cette prédatrice. Son regard restait assuré et son éternel sourire était toujours bien présent. Je connaissais tellement Azelia qu'un simple échange de regard pouvait nous suffire pour communiquer. Là, elle me demandait bien poliment de rester à ma place et de ne pas m'en faire. J'imagine qu'elle refusait mon intervention car elle n'apprécierait guère que j'attaque l'une de ses quatre créations. Ou plutôt, elle n'avait pas suffisamment foi en moi et savait que j'allais me faire trucider en moins de deux avec cette dragonne dans les parages. Je devais donc rester planté là, sans pouvoir agir. Et ça, ça me faisait royalement chier. Mais les ordres sont les ordres.

- Nous étions dans une situation favorable. Nous avions Saphira, notre armée s'emparait progressivement de Granvall, et les douze descendants allaient rejoindre notre glorieuse bannière, de gré ou de force. Mais vous avez décidé de nous duper et de nous désactiver alors que tout était sous contrôle ! Qu'avez vous à dire pour votre défense ? Ne tentez pas d'être sentimentale avec moi, Azelia ! Vous m'avez crée et cela n'exclut pas la possibilité que je vous réduise en poussière.

- Tu devrais savoir ce qui m'oblige à devoir prendre des décisions radicales vous concernant, cavaliers de l'apocalypse. Je vous ai crée, certes, mais vous êtes le fruit d'un projet décidé par le haut conseil des gardiens. Un seul mot de leur part, et je suis contrainte de devoir vous éteindre, ou vous réveiller comme c'est le cas en ce jour.

- Décision du conseil ? J'emmerde le conseil ! Ils ont oubliés ce que c'est, de dévorer les âmes dégoûtantes de ces pathétiques humains sur un champ de bataille. Ils sont tellement rouillés depuis la fin de leur apogée, qu'ils ne savent plus ce que c'est, de se battre pour rétablir l'équilibre ! Ils préfèrent rester cachés au beau milieu de leur Saint-Royaume plutôt que nous épauler lorsque l'enfer nous invite à franchir ses portes ! Nous avons saigné, nous, cavaliers de l'apocalypse, et ils nous ont abandonnés parce qu'ils nous considèrent comme des pantins ! Nous sommes maîtres de nos destins ! Si vous vous rangez du côté du Valhalla après une telle trahison, alors je vous brûlerai vive ! Je sais toute la vérité sur ce projet, Azelia. Nous sommes le fruit d'une volonté hérétique ! Celle de trancher les dieux ! Alors je peux vous faire disparaître, Azelia ! Aisément !

Là, c'était insupportable ! Peu importe les remontrances que j'allais subir en rentrant au château, je ne pouvais observer cette rageuse de malheur étrangler plus longtemps Azelia. Je brandissais ma lame et courut vers le centre du cercle de dolmens. Voyons voir si les écailles d'une dragonne humanoïde étaient si solides que ça.

- Tu devrais attendre encore un peu avant de me faire disparaître, Sintara...

- Ah ouais ? Pourquoi ?

- Parce que si cela ne te dérange guère de t'opposer à moi, la personne que tu redoutes le plus risque de se ranger du mauvais côté si elle apprend que tu oses me toucher avec tes vilaines pattes, Sintara.

Alors que j'allais attaquer cette femme en armure, j'entendis soudainement un bruit inattendu et qui sortit de nulle part. Le bruit assourdissant provenant d'un clocher. Pourtant, nous étions au beau milieu d'une large prairie isolée de toute civilisation. D'où provenait ce bruit de cloche qui venait de me stopper en pleine course. Un second son de cloche retentit depuis les ténèbres de l'inconnu. Cette fois, ce fut cette Sintara qui s'arrêta net et relâcha Azelia qui ne cherchait même pas à reprendre sa respiration qu'elle était déjà à mes côtés. Un troisième bruit de cloche pouvait être entendu. Cette fois, c'était à devenir timbrée. Y'avait aucun clocher dans les environs, bordel ! Et un quatrième son se fit entendre, sauf que cette fois, l'orage reprit de plus belle. Et pour couronner le tout, j'entendis des voix masculines s'approcher. Un chant religieux se rapprochait progressivement de notre position. Le genre de chant qu'on entendait à la messe, tout ce que je déteste. Je n'eus pas le temps de me questionner davantage sur l'explication derrière ces espèces d'hallucinations auditives que je constatais que nous étions toutes les trois encerclées par des druides, dont le visage était couvert par une capuche noire. Le détail qui me surprenait était le suivant. Est-ce que ces druides tenaient en main des torches allumées, mais non avec des flammes orangées comme ce devrait normalement et logiquement être le cas. Ces flammes semblaient... obscures. Des flammes ténébreuses sans éclat, ni rien. Et tandis que ces druides chantaient cet espèce de refrain religieux dont je ne comprenais pas le sens, je fus surprise de constater également que Sintara transpirait à fortes gouttes, voire tremblait. Bah dis donc, cette émissaire du chaos faisait moins la maline soudainement depuis ce clocher invisible ou ces druides à la voix envoûtante. Je souhaitais presque demander une explication à Azelia, mais cette dernière, d'habitude toujours souriante, semblait concentrée et écoutait ce chant en fermant progressivement les yeux. Pourquoi Azelia paraissait si apaisée face à ce chant, contrairement à ce cavalier noir ? J'eus un semblant d'explication lorsque l'un des druides s'avança vers nous. Je pus distinguer son visage. Grand Dieu qu'il était laid. Il était sinistre ce type, ce qui ne contrastait pas vraiment avec le reste de sa troupe qui continuait de chanter et vu la voix angélique de ces druides, je les imaginais plutôt beau gosse. Lui, en revanche, était terriblement laid. Et l'on dit toujours que pour les hommes, du moins, plus c'est laid, plus c'est dangereux. L'exemple typique du bâtard moche et vicieux.

Spoiler:

- Votre Majesté, comme convenu, nous vous amenons le cavalier de la mort.

- Parfait, Manfroy.

Cette fois, les druides se regroupèrent en deux rangées, afin de créer un chemin pour une nouvelle silhouette, également camouflée par une large tunique noire de druide. Cette silhouette s'avançait lentement à travers la brume, obscurcie par les druides et leurs torches aux flammes noires. Le vent s'intensifiait, puis la foudre. Je n'étais pas superstitieuse, ni facilement impressionnable, mais là, j'avais le sentiment que le monde allait s'effondrer rien que par les griffes de cette nouvelle silhouette. Ce cavalier de la mort s'approchait dangereusement de moi, ainsi que d'Azelia et Sintara. Non seulement il m'était impossible de voir son visage, mais en plus, je crus que j'allais perdre mon langage quand j'aperçus Azelia s'incliner devant ce nouveau cavalier. Azelia qui s'incline ? On nage en plein délire ! Et pendant ce temps, Sintara pointait du doigt cette grande faucheuse qui venait vers nous tout en vociférant les mêmes paroles à plusieurs reprises.

- Tu n'est pas réelle ! TU N'ES PAS REELLE ! Je t'ai vu crever ! Tu étais morte ! Tu n'est pas réelle !!!!

Mes os, mes organes, mon corps tout entier étaient congelés face à cette lugubre personne qui semblait rendre complètement dingue cette Sintara. Même si je ne parvenais pas à voir son visage, je comprenais depuis ma position qu'un échange de regard hypnotique était en cours entre ces deux cavaliers de l'apocalypse. Aucun mot ne sortaient de leurs bouches dorénavant, seul le silence régnait, car même les druides avaient cessé leur petite sérénade.

- Azelia, pouvez vous m'expliquer pourquoi cette Sintara qui n'a pas hésité à s'en prendre à vous, semble si perdue et effrayée devant cette silhouette ? J'avais pigé que l'amour fraternel entre ces cavaliers était bien plus profond que chez les humains. Perso, je commence à réellement en douter. On dirait qu'elles vont se sauter à la gorge d'une seconde à l'autre.

- Il y'a deux raisons qui peuvent justifier l'attitude angoissée de Sintara. D'une part, le cavalier de la mort était censé avoir été annihilé. Sa dracopierre fut brisée, et cela, il s'agit d'un synonyme de trépas immédiat si tu as bien suivi mes récits. Mais il se trouve qu'avec quelques secrets que j'ai pu découvrir très récemment, il existe une possibilité de reforger une dracopierre et restaurer entièrement l'esprit lié à cette relique. Il me serait trop long pour pouvoir tout t'expliquer, aussi, je pense que tu ne vas rien écouter. Je me trompe ?

- Bingo, en plein dans le mille ! Et la seconde raison ?

- Tu as entendu ces bruits de clocher tout à l'heure ? C'est un petit truc que le cavalier utilise pour annoncer sa venue. Mais pas seulement. Quand le glas du trépas sonne, cela ne signifie qu'une seule chose. Quelqu'un va mourir. C'est inévitable. A chaque fois que ce son pouvait être entendu et que Death surgissait depuis le silence qui s'ensuivait aussitôt, une âme allait finir entre ses griffes. Or, bien que les cavaliers étaient soudés et unis sous la même bannière du temps de leur apogée, il y'avait une règle qui pouvait pousser un cavalier à exterminer sa soeur ou son frère. Et c'était simplement en cas de trahison. Death a du voir que Sintara s'en est pris à moi. Ce qui est malheureux. Personne ne possède davantage l'esprit familial que j'ai inculqué à mes enfants, que Death lui-même. La famille, c'est sacré pour lui.

- Elle n'a pas eu la moindre peur en vous attaquant, pourtant, elle semble se pisser dessus face à cette espèce de faucheuse. Je comprends pas...

- Il n'y a rien à comprendre, Ayako. Tu soutiens jusqu'au bout que je suis l'être le plus redoutable sur Atrium. Mais c'est faux, beaucoup de personnes pourraient me faire tomber car plus redoutables que moi. Et le cavalier de la mort est un exemple. Il est nettement plus destructeur que moi si il éveille toutes ses capacités, hihihi.

- QUOI ???

Je nageais en plein délire. J'ai déjà observé Azelia en pleine action. Elle était, à mes yeux, tel un ange venu apporter le jugement final sur les faibles. Tout ce qu'elle touchait était réduit en poussière. Si elle décidait que quelque chose devait être purgé de ses mains, alors cette personne allait être annihilé. Chaque fois que quelqu'un a tenté de la combattre, il n'a jamais pu réussir à poser le moindre petit doigt sur mon impératrice. Je n'ai jamais vu la couleur de son sang, je ne l'ai jamais vu être en difficulté sur un champ de bataille. Pourtant, ce cavalier semblait inquiéter Azelia. Je le voyais dans son visage. Pour la toute première fois, Azelia semblait incertaine. Un être encore plus proche de l'être ultime qu'Azelia ? Même cette Sintara qui me faisait presque trembler, était en train de reculer, effrayée, tandis que ce cavalier de la mort s'approchait d'elle, la main tendue vers elle. Pas un seul mot ne sortait de sa bouche, toujours impossible à voir car caché par l'obscurité.

- Il suffit, Seira !

Le cavalier s'arrêta net. Cela me rassurait, il était capable d'obéir aux ordres de sa créatrice. De plus, Seira ? C'est son prénom ? Un prénom de fille visiblement. Beaucoup moins impressionnant que "Lord Death" ou je ne sais quoi déjà.

- J'ai très bien entendu ton appel. Le glas du jugement a sonné. Quelqu'un doit périr de tes mains. Mais je t'ordonne de faire une exception en cette soirée. Certes, Sintara a posé ses mains sur votre créatrice, mais vous devez mettre vos différents de côté. Une nouvelle chance s'offre à vous. Une nouvelle opportunité de redorer le blason des dragons déchus est à votre portée. Je sais que le lourd poids de l'échec et de la trahison vous hante, et cela, tout au long de votre sommeil qui a duré plus d'un millénaire. Mais les portes du Valhalla vous ont appelés. Votre mission doit reprendre, et du début. Je voudrais, non, je VEUX revoir les quatre cavaliers unis sous le même commandement. Un commandement que je rédigerais pour vous. Maintenant, Sintara, Seira, prêtez vous serment de coopérer jusqu'à ce que votre mission sacrée ait connu son ultime acte !

- Très bien. Mais avant cela...

Cette Seira tendis sa main vers un druide, choisi complètement au hasard. Et ce pauvre malchanceux se mit à carboniser sur place. Cependant, les flammes qui le dévoraient et le faisaient hurler à la mort étaient noires comme la nuit. Des flammes noires, encore une fois. Pourquoi a t'elle assassiné ce malheureux avec sa jolie voix d'avant ? Sur le coup, ses hurlements n'avaient rien à voir avec son chant religieux de tout à l'heure.

- Repose en paix... Je suis navrée, mais lorsque les portes des enfers s'ouvrent et que ma présence est requise sur les terres des vivants, je DOIS, coûte que coûte, envoyer une âme vers les tréfonds du néant. C'est une obligation...

Azelia se rapprocha de moi et me susurra calmement quelques mots.

- Je te l'avais dis. Cela ne manque jamais. Quelqu'un disparaît à chaque fois. Et ton court instant de bravoure est la raison pourquoi tu n'étais pas ciblée, Ayako. Seira a du voir que tu as cherché à me sauver de Sintara. Sinon, tu serais déjà plus qu'un tas de cendres. Seira déteste les humains, excepté si elle ressent leur valeur.

- Quant à toi, Sintara, n'oublie jamais ce que je vais te dire, pour ton intérêt, bien entendu. Tu ne peux tuer.... ce qui est déjà mort...

Enfin, le cavalier de la mort dévoila son visage. Je pus enfin voir à quoi elle ressemblait. Il s'agissait d'une jeune femme. Aussi jeune que moi. Ses cheveux étaient noirs comme les flammes qu'elle venait d'invoquer. Ses yeux étaient rouges comme l'enfer. Deux cornes étaient également visibles au sommet de son crâne. Son regard était bien celui d'un émissaire des enfers. Un seul clin d'oeil, un seul instant où j'allais détourner le regard, et je savais que j'allais mourir. Heureusement que j'ai bien démarré à ses yeux selon Azelia, car c'était vraiment l'incarnation de la mort que j'avais devant moi. Une femme qui pouvait me tuer en une fraction de seconde, en un seul souffle. Si elle pieute dans le même château que moi dorénavant, je sens que je vais difficilement trouver le sommeil avec une créature pareil.

Spoiler:

- Néanmoins, malgré ton acte inapproprié et qui te vaudrait un aller-retour en enfer, je reste ravie de te revoir, Sintara, ma soeur.

- Ouais, ca faisait un bail. Par contre, tu étais la plus rebelle de notre petite troupe, et malgré ça, tu continues de jurer fidélité à Azelia ? Pourquoi donc ? C'est à elle que nous devons notre longue séparation. Tu comptes continuer à lui faire confiance ?

- Ma confiance reste intacte, car lors de la précédente guerre entre les dragons et les humains, il ne s'agissait pas encore du bon moment pour nous. Ce n'était pas encore à notre tour d'agir, et il ne s'agissait pas de la bonne époque pour que nous puissions remplir notre part du contrat. Nous n'avions aucune place, ou le moindre rôle à jouer sur Atrium. Saphira reste la plus à blâmer pour ce qui nous est arrivé. En réalité, Azelia nous a permis d'avoir un avenir en nous scellant pendant plus d'un millénaire. En ne respectant pas notre accord avec les gardiens, nous aurions subi un jugement bien pire que ce sommeil long d'un millénaire. Nous aurions été désactivé pour de bon. Aujourd'hui, nous pouvons encore nous observer, toi et moi, dans le blanc des yeux, parce qu'Azelia est intervenue.

- Tch, ok, ok, c'est bon. Mes excuses, votre Altesse. Par contre, c'est bien joli tout ça, mais on va pas faire long feu, Seira et moi, si nous ne sommes que deux. Les cavaliers de l'apocalypse ne peuvent rétablir la paix sur nos terres si nous manquons deux de nos effectifs. Sans Bahamut et Orochi, notre confrérie est incomplète, et si mes souvenirs ne m'abusent, Orochi nous a trahi pour le compte de ces misérables humains.

- Il n'y a nulle raison de s'inquiéter. Bahamut a déjà été éveillée et combat déjà pour la cause de Bern, même si elle agit dans l'ombre comme dans ses habitudes. En revanche, Orochi, bien que toujours vivant et également éveillé, a bel et bien tourné le dos à notre glorieuse confrérie. C'est pour cela que je vous apporte un nouvel effectif. je sais très bien que les cavaliers sont restés les mêmes depuis leur création, et qu'Orochi est mon fils. Mais je l'ai renié, et les choses ne changeront jamais. Aujourd'hui, mon amour maternelle est dirigée vers une personne tout aussi digne de lever fièrement l'étendard des dragons déchus. Je vous présente Ayako. Une humaine prête à abandonner l'humanité pour devenir une authentique dragonne déchue. Ayako, je ne vais pas aller par quatre chemins. Je souhaite que tu deviennes le quatrième cavalier de l'apocalypse aux côtés de Sintara, Seira et Bahamut.

Alors c'était donc ça, cette petite excursion ? Azelia voulait me présenter à ces deux créatures des enfers ? La troisième, selon les dires d'Azelia, travaille déjà de concert aux côtés de l'empire de Bern. Pourtant, je ne l'ai jamais aperçu. Quoiqu'il en soit, je ne savais comment réagir. Dans un sens, il s'agissait d'un véritable honneur de faire partie de la tribu la plus prestigieuse sous les directives d'Azelia. Mais elle s'attendait à ce que je combatte aux côtés de ces monstres ? Un pas de travers et je savais d'office que j'allais finir comme ce druide qui a fini en cendres. Je ressentais le long de mes épaules les regards inquisiteurs, voire sévères de ces deux dragonnes. Il était clair que mon avenir allait prendre un sacré tournant avec ma soi-disant nouvelle "famille".
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Seira

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MessageSujet: Re: [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse   [Arc 1: Alfheim] Chapitre 2: Les cavaliers de l'apocalypse Icon_minitimeJeu 21 Déc - 1:19

Mille ans plus tard, rien n'avait vraiment changé. Les paysages de Bern étaient toujours aussi hivernales. Bien que mes flammes étaient noires comme la nuit, ce type d'environnement me plaisait bien. Tout était blanc, certes, mais les prairies enneigées que j'ai eu le temps d'apercevoir sur la route avaient leurs charmes. Il n'y avait pas eu non plus de tempêtes de neiges, ainsi, la route s'était déroulée plutôt tranquillement. Observer de si beaux paysages me confortait dans l'idée que notre monde était agréable à observer, mais beaucoup moins à vivre. Si je fus appelé par ma créatrice aux côtés de Sintara, c'était parce que l'humanité n'avait guère évoluée. Les villes étaient les mêmes, les habitants étaient les mêmes, les lois étaient les mêmes. Je ne peux m'empêcher de rire quand je constate que les chevaliers de Bern portent toujours les mêmes armures et tiennent entre les mains toujours les mêmes épées et boucliers. Je pense tout simplement que Granvall n'a connu uniquement que de petits conflits mineurs en l'espace d'un millénaire. Mais ces conflits, aussi futiles étaient-ils, ont suffis pour perturber l'équilibre des forces dans notre monde. De ce fait, ces insectes qui pullulent dans le royaume de ma créatrice pensent que leurs armures peuvent les protéger des flammes purificatrices de nous autres, dragons déchus. Ils ne sont pas habitués à être en guerre contre nous autres, envoyés des enfers. Enfin, même si je n'appréciais guerre la race humaine, je devais me faire à l'idée que ces humains allaient pouvoir s'estimer heureux car je serai dans leurs camps, que je le veuille ou non. Mais la volonté de ma créatrice est absolue. J'aurais réellement pu occire Sintara en ayant levé la main sur Azelia. C'est un crime impardonnable.

J'étais enfin arrivé à destination. Je pus pénétrer dans l'imposant château royal de Sa Majesté. Une pointe de nostalgie pourfendait mon petit coeur de chasseuse d'âmes humaines. Ce château a longtemps été ma maison. Tant de précieux moments étaient enregistrés dans ma mémoire. Des moments aux côtés de ma famille. Que ce soit Azelia et Saphira à qui je dois la vie, ou encore Sintara, Bahamut et Orochi, mes frères et soeurs. Et même si cela avait duré un court instant, je me souviens encore des véritables enfants génétiques d'Azelia, même si elles étaient encore trop jeunes lorsque nous avions été scellés à cause de nos fautes passées. Ce palais à la taille monstrueuse était comme un petit cocon protecteur pour moi. Et je pense que même cet aspect, cela n'allait guère changer avec le temps. Car en effet, je fus présentée aux principaux lieutenants d'Azelia, tous des humains. Je me m'intéressai peu ou pas du tout à eux. Mes instincts de dragon déchu me permit de constater que la plupart d'entre eux devraient normalement répondre au jugement du Valhalla. Pourtant, ils jouissaient de la protection exceptionnelle de ma créatrice. Etrange. Par respect pour elle, je tentais de me montrer un minimum empathique avec eux. Même si je doute très sincèrement qu'ils attendaient vraiment de moi un être empathique. J'imagine qu'ils espérent simplement que je sois la réponse à leurs tourments. Quoiqu'il en soit, je pouvais me retenir de les saluer à ma manière. J'étais fidèle à mes commandements divins. Sintara, en revanche, ne risque pas de les flairer longtemps. Il faudrait peut-être que je les prévienne ? Non, c'est pas mon rôle.

Azelia me conduisit jusqu'à ma chambre. Enfin, j'allais dormir dans un lit douillet. Cela allait me changer d'être scellée dans un foutu cristal. Je pense que cette pièce avait ce qu'il fallait pour que je me sente bien. Mais à ma plus grande surprise, je constatais qu'Azelia avait laissé dans ma nouvelle chambre pas mal d'objets qui me rappelaient ma passion d'antan: la peinture. Il y'avait de tout pour que je me laisse aller à mon art préféré. De l'aquarelle, de l'encre, de la peinture à l'huile, des pinceaux, des brosses ou même des couteaux à peindre. Elle avait même pensé au chevalet et tout les supports qui vont avec. Je trouvais cela remarquable et attendrissant de la part de mère qu'elle voulait que je me replonge à mon passe-temps favori avant d'être endormie pour de bon. Mais la vérité était que je ne m'intéressais plus à l'art en règle générale. Depuis que je suis devenu la grande faucheuse, le croque-mort, la destructrice des mondes et la collectionneuse des âmes, je n'ai qu'un seul art à ma disposition: celui du meurtre. Que je le veuille ou non, la peinture ne fait pas partie de mes obligations liées à ma conception. Je dois juste éxecuter tout ce qui nuit à Atrium. Absolument tout. Quoiqu'il en soit, vu qu'il n'y avait que Sintara dans ce palais qui était ma semblable, et que Bahamut était loin d'ici selon les dires de ma créatrice, je n'avais pas de réelle raison de sortir de ma chambre pour le moment. Je me posais confortablement sur mon nouveau matelas et je fermais les yeux. Il était facile pour un dragon déchu de trouver le sommeil en quelques minutes. Car nous n'avions pas d'autre causes dans notre existence que d'éxecuter ce qui devait disparaître. Nous n'avons rien d'autre à faire que cette simple mission divine et de ce fait, le reste du temps, si nous n'avons pas la possibilité d'échanger avec nos semblables de points importants, alors il ne nous reste qu'à sommeiller. Les dragons incomplèts ne peuvent même pas dormir en paix car leurs migraines sont interminables, mais moi, je suis au delà de ce statut. Je suis même, selon les légendes, le dragon déchu parfait...


Plus tard, dans la soirée, je fus dérangée par un majordome étrange qui me convia à quitter mes appartements car Azelia souhaitait s'entretenir avec moi. Je dois reconnaître que j'étais épaté du courage de ce dernier, pour venir s'introduire dans ma chambre et interrompre ma sieste. Soit il était fidèle jusqu'à la mort à son impératrice, soit Azelia l'avait un peu trop briefé sur les comportements et les agissements des Dragons déchus et de ce fait, sait que je ne vais pas lui sauter à la gorge pour m'avoir dérangée dans ma tranquilité. Et puis, si j'étais moi-même le cul sur le trône, je pourrais être tentée d'envoyer l'un de mes laquais pour jouer au messager à ma place. Quoi de plus normal. Du coup, je me suis dirigée vers la salle du trône, là où évidemment, ma créatrice m'attendait. Par marque de respect, je m'étais inclinée. Bien qu'Azelia était indifférente à ce type de politesse me concernant. Après tout, elle me traitait comme si j'étais sa fille.

- Vous m'avez appelé, Azelia ?

- Merci d'avoir répondu à mon appel, Seira. Je dois te parler de quelque chose d'important. Je te propose de me suivre.

- Souhaitez-vous que je parte en mission ? Y'a t'il un membre éminent du gouvernement de Granvall qui mérite d'être châtié par le jugement du Valhalla ? Ordonnez et j'exécuterai.

- Ma foi, absolument pas, Seira. Nous avons longtemps vécu ensemble pour que tu te doutes bien que je puisse ressentir parfois le besoin d'échanger avec toi, ma belle. Nous avons été séparé pendant un si long moment. Que dirais-tu d'une tasse de thé dans mes appartements ? Nous parlerons affaire, certes, mais uniquement dans une ambiance confortable et relaxante.

- Bien, si c'est ce que vous souhaitez.

Je connais Azelia. Toujours à vouloir s'assurer que ses cavaliers soient détendus et relaxés lorsqu'elle souhaite discuter d'importants détails ensemble. Ce n'était pas une idée étrange en soit. Il est vrai que Sintara et moi, nous avions un tempérament bien trempé. Alors j'admettais que parler en étant dans une ambiance détendue et confortable pouvait m'aider à réagir avec du recul et sans m'emporter. En réalité, c'était même le signe que ma créatrice ne voulait pas discuter avec moi juste pour le plaisir de parler. J'étais donc dans ses appartements comme elle le désirait. Comme l'on pouvait s'attendre d'une grande impératrice comme ma créatrice, sa chambre était très spacieuse. J'y aperçus une lueure orangée provenant d'une cheminée devant moi, et qui était en train d'être allumé par le même majordome que tout à l'heure. Décidément, Azelia savait me toucher par les sentiments. Si il y'avait bien quelque chose qui m'aidait à être apaisée, c'était le crépitement d'un bon feu de bois, les pieds enveloppés par une douce couverture bien confortable. Le feu était mon élément, mais celui d'une cheminée était mon préféré. Il ne servait pas à brûler, carboniser ou conquérir, mais à réchauffer, à apaiser. Par ma malédiction, mes flammes étaient corrompues, et noires comme le désespoir. Observer un feu plus naturel était vraiment agréable. En tout cas, je n'aime pas les humains, mais ce majordome avait ma reconnaissance, même si je me doutais bien qu'il ne faisait rien d'autre qu'obéir sagement à Azelia.

Spoiler:

- Votre thé, Madame.

- Mais... Je n'ai pas encore dis ce que je souhaitais...

Malgré cela, le majordome me tendit la tasse d'un air compassionné. Je vérifia le contenu de cette tasse, ou plus particulièrement la couleur. Avec un léger doute dans l'esprit, je bus une légère gorgée, pas plus d'une demi seconde. Je n'en revenais pas. Pas uniquement car je venais de goûter à quelque chose qui a été préparé avec le plus grand soin, mais également parce qu'il s'agissait de mon thé préféré du temps où j'étais réunie avec ma famille au grand complet. C'est à dire du thé aux notes de sarassin, vanille et caramel. J'en rafolais et cela réveillait toujours plus quelques souvenirs d'un passé enfoui en moi. J'allais finir par croire qu'Azelia cherchait à me rendre nostalgique. Entre ce rituel devant la cheminée, les instruments pour peindre dans ma chambre et maintenant cela.

- Je vois que votre majordome sait préparer avec perfection le thé Breizh de feu. Ce qui pourrait me vexer. Savoir qu'un humain puisse égaler le talent de mon clan à la préparation de cette boisson est réellement vexant. Mais merci de m'avoir permis de revoir l'espace d'un instant ma chère terre natale par le simple fait de boire ce thé.

- Je connais tes goûts par coeur, je n'ai rien oublié malgré notre longue séparation d'un millénaire.

- Je suis impressionnée, je dois l'admettre. Maintenant, vous devez également vous rappeler que j'aime qu'on aille droit au but. Dites moi ce que vous attendez de moi.

- J'ai déjà formulé ma requête la veille au soir, tu te souviens ? Mon premier ordre, non, souhait à ton égard serait que tu formes Ayako au titre de cavalier de l'apocalypse. Que tu lui partages ton savoir, tes connaissances, ton art du combat et tout ce qui fait de toi l'assassin préféré du royuame des morts. Je souhaite surtout que tu lui apprennes tout ce que tu sais de notre glorieuse histoire. Une humaine comme Ayako mérite de connaître sur le bout des doigts l'héritage que le Valhalla a laissé à Bern, que dis-je, à Granvall tout entier.

- Vous souhaitez que je forme une humaine pour qu'elle devienne le quatrième maillon de notre confrérie, si je ne m'abuse. Savez vous qu'en décidant d'intégrer une humaine à l'Ordre des cavaliers, vous pourriez être jugé par la haut conseil pour haute blasphémie ? Notre quatuor est sacré, il possède la mission de faire régner l'ordre absolu à travers Atrium. Et pour cela, il faut que notre confrérie inspire grandeur, suprématie, et surtout, qu'elle apporte terreur et désespoir à la race humaine qui pêche sur les contrées que nous leur avons généreusement offert. Accepter un être inférieur dans notre groupe équivaut à nous rabaisser et à montrer faiblesse envers nos proies. Nous devons être impitoyables, solides comme l'acier. Le mot "faiblesse" ne fait pas partie de notre vocabulaire, Azelia.

- J'ai reçu carte blanche de la part du Haut Conseil. Mes expériences étaient considérées comme une hérésie, mais elles sont validées désormais. La situation est devenue trop critique pour que nous faisions encore preuve d'éthique ou de bon sens envers nos pratiques. Ainsi, j'ai utilisé la seule humaine qui était volontaire pour être mon cobaye. Cela, pour un projet que j'ai abandonné il y'a longtemps de cela et que j'ai remis sur table il y'a peu. Le projet "Sang noir".

Le projet "Sang noir", un projet démentiel et mal perçu par mon clan de son vivant. Il consistait à injecter du sang de Dragon déchu dans le métabolisme de races inférieures. Beaucoup désapprouvaient cette méthode de créer des créatures pouvant développer d'intéressants résultats finalement. J'ai connu une jeune humaine qui a souhaité abandonner son humanité pour embrasser la cause des Dragons déchus. Nous trouvions cela stupide, nous considérions cette initative comme un affront envers notre sang absolument parfait. Mais contre toute attente, cette jeune fille était parfaite, absolument parfaite. Mais si elle n'était pas devenue une cause perdue, elle aurait même surpassé notre quatuor. De plus, elle a du quitter Atrium peu de temps avant notre jugement qui nous a coûté un millénaire. Il semblerait qu'Azelia ait voulu reproduire un être exceptionnel comme cette humaine était jadis.

- Vous êtes en train de me dire qu'Ayako a pu supporter l'injection de notre sang dans son organisme ? Comme Velouria ? Pourtant, les chances qu'un tel miracle se reproduise sont de une sur milles.

- Ayako a parfaitement supporté le sang noir. Elle évolue petit à petit comme Velouria. J'oserais même dire que j'ai trouvé un second candidat dans mes effectifs qui a su tolérer notre sang et se dirige vers la direction que je souhaite. Néanmoins, je n'ai pas de projets vous concernant tous les deux. Ayako, c'est différent, je tiens à ce qu'elle puisse devenir une authentique cavalier de l'apocalypse. Nul texte ne dit qu'un cavalier doit être un Dragon Déchu intégral pour assumer une telle responsabilité. Posséder le sang des juges de ce monde suffit amplement.

- Néanmoins, Velouria a du patienter des années et des années pour devenir un vassale idéal pour Yggdrasil, et même pour devenir réellement utile. Notre mission ne peut se soustraire d'une attente aussi longue. Ayako doit être efficace maintenant, et même mes précieux conseils ne suffiront pas.

- Elle suffira à la tâche. N'oublie pas qu'Ayako est une humaine. Tu parlais de l'incapacité pour un cavalier de possèder la moindre faiblesse pour le ralentir. Mais toi, ainsi que Sintara et Bahamut, vous possèdez une seule et unique faiblesse, qui, je te le rappelle, t'empêche de vaincre une armée à toi toute seule. Ayako s'occupera des attaques face à des forces armées en masse. Vous, cavaliers déchus, vous éliminerez les exceptions qui nécessitent un être à la puissance colossale. Oui, Seira. Il existe encore de nombreux héritiers des douze croisés qui sont éparpillés sur Granvall. Qu'ils aient du sang mineur ou majeur des croisés, peu importe. Ils nécessiteront l'intervention des cavaliers, afin que victoire nous soit assurée.

- Mais... J'ai donc compris qui est cette Ayako !

Les douze croisés, plus tard devenus les douze gardiens. Ils sont au sommet d'un arbre généalogique absolument titanesque. Lors de la précédente guerre, les héritiers de ces gardiens ont foulés le sol de Granvall afin de défendre ce royaume des hordes d'Azelia et Saphira. Chaque gardien avait forgé une arme légendaire, qui fut transmise aux racines même de leurs généalogies. En effet, les gardiens ne sont plus des combattants, mais des dirigeants. Ils ne vont plus se battre, ils sont de simples décisionnaires, mais des décisionnaires absolus. Ce sont eux qui décident qui je dois abattre, de base. Et donc, les douze armes sont éparpillés quelque part sur Granvall, détenus par je ne sais quels héritiers. En effet, le Valhalla s'est toujours chargé de veiller à ce que l'arbre généalogique ne fâne jamais. Si un héritier n'était pas prêt à avoir une descendance, ils envoyaient un être qui s'occupait de régler l'affaire, en s'accouplant de force avec le descendant, et ainsi, perpétuer indéfiniment la glorieuse lignée de la plus grande table ronde de l'histoire d'Atrium. Dans le pire des cas, les descendants furent même crée par alchimie. Cette généalogie était sacrée. Car selon les légendes, Tyrfing, Gungnir, Armads, Helswath, Yewfelle, Balmung, Jashinken, Valflame, Mjolnir, Forseti, Naga et Brynhildr devaient absolument avoir un possesseur, afin de faire briller la lumière de la justice. Cette lumière provenant de l'épée sacrée: Excalibur. Et celle qui possédait Excalibur et qui a été déchu de ses droits... n'est autre que la femme avec qui j'étais en train de siroter cette tasse de thé. Voilà qui était Azelia. Voilà pourquoi je devais veiller à ce qu'elle perdure. Quoiqu'il en soit, je suis curieuse de voir quelle arme divine Ayako possédait. Mon Helswath se sentira moins seul.

- Je comprends mieux l'intérêt que vous lui portez. Mais cela n'explique toujours pas pourquoi c'est à moi de me charger de son éducation. N'êtes vous pas idéalisée à ses yeux ? Elle semble vous considérer comme une figure maternelle.

- D'une part, car je suis déjà bien occupée concernant le second héritier des croisés qui se trouve dans mes effectifs, ainsi que pour tout ce qui concerne les plans d'actions que je dois planifier envers chaque pays de Granvall. Deuxièmement, je vais être parfaitement honnête avec toi, Seira. Tu as toujours suivi les moindres directives du Conseil, ce qui a influencé grandement ton jugement envers les mortels. Tes choix se basent sur ta capacité à percevoir le bien du mal et inversement. Mais j'aimerais que tu constates par toi-même ce qui différencie un être qui doit être protégé, d'une personne qui doit être châtié. Pour le peu que tu as observé Ayako, elle mériterait selon toi le jugement des Dragons Déchus, n'est ce pas ? Pourtant, j'aimerais que tu la protèges au lieu de l'éliminer. Une âme de plus ou de moins, quelle différence, n'est ce pas ?

- Je vois. Une part de vous considère que certains humains méritent encore le salut, n'est ce pas ? Entendu. Je vais m'occuper de cette femme et l'éduquer sans relâche. Je vous dois bien cela, après tout. Et de toute manière, je vois mal Sintara et Bahamut assumer une telle mission. Il n'y a pas le moindre juste milieu avec ces deux timbrées. L'une possède zéro tolérance, et l'autre risque de tuer cette mortelle en l'étouffant entre sa poitrine.

- Tu es vraiment adorable, Seira. Je te remercie de pouvoir t'occuper de cette tâche à ma place. Cela vous sera bénéfique à toutes les deux. Ayako est nécrophobe, elle se sent totalement protégée à mes côtés, et cela la rend encore trop prudente face au danger. Quoi de mieux que la mort incarnée pour l'aider à lutter contre sa phobie ? Quand à toi, Seira, il est temps que tu redécouvres ce que c'est, la confiance, tu ne penses pas ?

- J'apprécie votre bienveillance à mon égard, Azelia. Mais vous n'avez pas besoin de m'acquitter d'une telle tâche dans le but d'impacter mes pensées. Je suis la grande faucheuse. Les sentiments humains me sont inutiles, ou un frein dans le pire des cas. Je vous suis fidèle parce que je dois honorer le but de mon existence. Ni plus, ni moins.

- Tu es comme ma fille à mes yeux, alors il est évident que je souhaite ton bonheur, Seira. Et surtout, je souhaite ton évolution.

- Je ne suis pas votre fille. Vous avez trois filles, et je ne les ai pas encore aperçu, donc j'en déduis qu'elles ne sont plus, n'est ce pas ?

J'entendis un long silence. Il semblerait que j'ai touché un point sensible chez Azelia. J'avais beau être une personne qui a appris à ignorer le sentimentalisme, je ne pouvais rester de marbre alors que j'avais probablement été odieuse à l'instant envers ma créatrice. J'ai été dure dans mes paroles, mais il fallait que je lui rappelle que je ne suis pas un substitut. Je n'ai pas été crée pour échanger de merveilleux moments avec elle, comme pourraient vivre une mère avec sa progéniture. J'ai été crée pour rendre justice. Pourtant, ma fierté m'empêchait de reconnaître que cet instant "thé" était agréable. Confortable avant tout, mais agréable quand même. Je finissais ma tasse et pris congé envers Azelia. Je pense que j'en avais trop dis.

- Pardonnez moi pour avoir été quelque peu irréfléchie dans mes propos. Le mieux serait que je vous laisse en paix et que j'aille à la rencontre de ce nouveau cavalier. Sur ce...

Je m'apprêtais à quitter les appartements d'Azelia, tandis que cette dernière continuait d'observer le feu de sa cheminée avec mélancolie. Mais alors que j'allais abaisser la poignée de sa porte, Azelia décida de m'adresser la parole une dernière fois.

- Seira, il y'a autre chose qui sonne vide dans ce château. Malgré toute la luxure de ce lieu, beaucoup de couloirs et de pièces ne me semble pas assez décorées. J'espère que tu accepteras tôt ou tard de me peindre de nouveaux tableaux, pour que je puisse les accrocher là où je souhaite une touche artistique supplémentaire.

Je ne répondis rien. L'époque où je laissais parler mon art était révolue. Le seul tableau que je pouvais peindre était désormais avec le sang de mes victimes. Et je sais d'avance que beaucoup de sang va couler désormais. Si le conseil du Valhalla a déterminé que je devais m'extirper des ténebres, alors cela signifiait que mes victimes allaient se compter par milliers, bien qu'il va falloir que je compte sur cette Ayako pour être ma lame, il semblerait.
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